RMC Sport

Pedretti : « Je veux casser mon image »

-

- - -

A 29 ans, Benoît Pedretti revit sous le maillot auxerrois cette saison. Le maître à jouer de l’AJA rêve toujours de rebondir dans un grand club et souhaite briser l’image de joueur lisse et gentil qui lui colle à la peau.

Benoît Pedretti, vous avez 29 ans. Ce n’est pas encore l’heure du bilan, mais comment qualifieriez-vous votre carrière si vous deviez vous retourner dessus ?
Elle n’est pas trop mal je pense. J’ai commencé à Sochaux, un club dans lequel ça a tout de suite très bien marché. J’ai remporté le championnat de D2 et la Coupe de la Ligue. J’ai eu la chance d’être international. Ensuite, j’ai eu des transferts un peu difficiles entre Marseille et Lyon. Et puis maintenant, avec Auxerre et les années qui passent, on a une équipe de plus en plus compétitive. Je m’éclate.

Vous dites que votre carrière n’a pas trop mal marché. A vos débuts à Sochaux, on vous voyait pourtant comme un joueur énorme…
Ce sont les journalistes qui ont dit ça. J’ai essayé de travailler, de faire ce que j’avais à faire par rapport à mes qualités. A part la technique, la vision du jeu, je n’ai pas un gros physique, je ne vais pas très vite. Je pense faire le maximum avec mes qualités.

Vous faites partie de ces joueurs que l’on considère comme milieu relayeur. Vous êtes une denrée rare en France. Comment cela se fait-il qu’il n’y en ait pas plus en Ligue 1 ?
A un moment donné, le poste de numéro 10 n’existait plus trop. Il est revenu avec la présence d’un joueur comme Yoann Gourcuff. Quand on a des joueurs sur les côtés comme Ribéry, Henry, on a peut-être plus besoin de milieux défensifs. On mise plus sur la puissance que sur la qualité de passes.

Vos passages à l’OM et à Lyon ont malgré tout fait très mal à votre carrière. Quel regard portez-vous sur ces deux expériences ?
A Marseille, cela ne s’était pas trop mal passé. On avait eu un début difficile. J’ai réussi à rester en équipe de France. Pour une première saison, c’était pas mal et ça demandait confirmation. Puis, il y a eu ce transfert à Lyon. J’ai été barré par des joueurs comme Tiago, Juninho et Mahamadou Diarra. Ça n’a pas marché. On m’a oublié. La première saison à Auxerre aussi a été compliquée. Une fois que vous êtes dans l’oubli, pour remonter c’est difficile.

Les trois joueurs lyonnais que vous venez de citer étaient-ils plus forts que vous ?
Oui, je pense. Et puis le 4-3-3, ce n’est pas un système que j’affectionne vraiment. Je préfère jouer plus face au jeu. On avait quand même trois bons joueurs qui étaient complémentaires. Je n’ai jamais réclamé une place de titulaire. Après, quand on a une soixantaine de matches dans la saison, on aurait pu faire tourner. J’avais quand même des qualités et j’ai dû jouer une dizaine de matches dans l’année. J’étais déçu, forcément.

Votre côté innocent, sensible, le fait que vous paraissiez gentil, trop gentil selon certains, ou encore les surnoms que l’on vous a donné, comme celui de Jordy, ne vous ont-ils pas desservi ?
Je ne sais pas. Mais Jordy, c’était Olivier Dacourt. Ce n’était pas méchant, c’était plus par ressemblance. Quand vous quittez Marseille, il y a une partie des supporters de France qui vous détestent. Ça devient plus compliqué. Peut-être que j’ai été un peu trop gentil oui… Après, le ballon de plomb... C’est toujours pareil. C’est le travail des journalistes qui veulent faire leur article. Si ça les amuse…

Jean Fernandez cherche à vous placer dans les meilleures conditions sur le terrain. C’est l’entraîneur avec lequel vous vous sentez le mieux depuis le début de votre carrière ?
Oui. C’est l’entraîneur qui m’a fait débuter. Il m’a appris le métier. On a une relation particulière. J’ai appris avec tous les entraîneurs que j’ai côtoyés. Guy Lacombe m’a fait progresser également. Il m’a donné une autre envergure. Il y a eu aussi José Anigo, Philippe Troussier. Même dans les moments difficiles, il y a toujours des choses à retenir.

Est-ce que l’AJA est un club pour vous ? N’avez-vous pas envie de relever un challenge plus excitant ?
Oui, bien sûr. J’étais en fin de contrat l’année dernière mais je n’ai pas eu de propositions plus intéressantes que celles d’Auxerre. Si des clubs comme Paris, Bordeaux ou ceux disputant l’Europa League m’avaient contacté, j’aurais foncé. J’ai envie de jouer les compétitions européennes et le haut du tableau en Ligue 1. J’ai surtout envie de prouver à ceux qui disent que je ne peux jouer que dans des clubs familiaux, comme Sochaux ou Auxerre, que je peux m’imposer dans un club plus médiatique. Je veux casser cette image.

Retrouver un grand club, ce serait une revanche pour vous ?
Non. Moi, je sais ce que je vaux mais si je n’ai pas réussi, c’est en grande partie de ma faute. J’ai envie de gommer ça. Si un grand club me redonne une chance, je suis plus mûr et je saisirai cette chance à fond. Maintenant, si c’est pour jouer chez le 15e en Italie, je préfère rester à Auxerre. Si on me propose de jouer le haut de tableau à la fin de cette saison ou à la fin de la suivante, je foncerai.

La rédaction - After