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Pourquoi Bielsa a confié les clés du "camion OM" à ses joueurs

Marcelo Bielsa

Marcelo Bielsa - AFP

A 48h du choc Marseille-Lyon au Stade-Vélodrome, l’entraîneur de l’OM Marcelo Bielsa a expliqué les raisons qui l’ont poussé à assouplir sa méthode. Et pourquoi il l’a délaissée au profit d’une autogestion de ses joueurs.

Marcelo Bielsa, après être resté longtemps fidèle à votre méthode, celle-ci semble avoir évolué ces derniers jours. A que remonte ce changement ?

Le moment décisif fut après la défaite contre Caen (2-3). On a mis l’accent sur les erreurs commises lors de ce match. Aujourd’hui, on est dans une étape où l’autogestion du groupe est la priorité. Parfois, l’impulsion nécessaire, c’est le staff technique qui la donne. Mais l’initiative peut aussi venir des joueurs eux-mêmes. J’interprète cela comme un signe de maturité et de progrès. Quand un groupe n’a pas besoin de recevoir d’ordres pour faire ce qui est nécessaire -car les joueurs ont la capacité de le faire de leur propre initiative- l’intervention de l’entraineur n’est pas nécessaire. Après le match de Caen, j’ai compris que les exigences liées à ma méthode de travail généraient de la fatigue et du rejet. Je lis ces messages et j’essaye de trouver les réponses pour satisfaire la diminution de la pression mentale.

Vous avez donc assoupli vos méthodes…

L’autorité souffre toujours quand elle est contestée et quand elle s’amoindrit. Les défaites affaiblissent les exigences que l’entraîneur transmet. Comme cette situation me met en position de faiblesse, vous comprendrez que je préfère qu’on s’arrête là sur ce sujet. On arrive forcément à la conclusion que j’ai dû céder. Toute concession est une forme de perte d’autorité pour s’adapter aux remarques des joueurs et à la perception qu’ils ont de ma méthode. Ces concessions ne vont pas dans le sens de ma méthode originelle. Quand on voit que les efforts produits n’ont pas les effets escomptés, on a le réflexe naturel de s’éloigner de tout ce qui ne crée pas de résultats. Après trois nuls et une défaite, c’est ce qu’il s’est passé.

Qu’avez-vous fait ?

J’avais deux possibilités : rejeter la faute sur ceux qui exécutent, les footballeurs. Ou réviser les consignes que l’on donne. Face à une équipe qui obtient 3 points sur 12 contre des équipes avec des ressources inférieures… j’ai opté pour la seconde solution. J’ai surtout écouté ce que ressentaient les acteurs et j’ai inclus leurs opinions dans la réponse que j’allais leur proposer.

Est-ce une défaite pour vous ?

Non, une défaite, c’est de ne pas réaliser nos objectifs. Admettre qu’il faut changer les outils pour y parvenir exige simplement de mettre de côté l’estime de soi, qui dans mon cas était probablement surdimensionné par rapport aux éloges qui se faisaient sur mon travail. Moi, j’ai toujours su que ma méthode était bonne, sans plus. Disons médiocre et qu’elle ne produisait pas toujours les résultats escomptés.

la rédaction avec Florent Germain