PSG : des incidents en questions

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L’ambiance était-elle calme au début ?
NON. Elle est très vite devenue électrique. Parmi les éléments déclencheurs de cette tension, l’escalade sur un échafaudage accolé au palais de Chaillot d’un supporter du PSG. Une folie qui a excité la foule massée sur la place du Trocadéro. Au même moment, les premiers tours de roue du bus qui doit conduire les joueurs parisiens du Parc des Princes au Trocadéro s’accompagnent déjà de débordements. Des voitures garées sur le côté de la route sont endommagées. Des attroupements se créent, alors que la circulation n’a pas été coupée dans l’autre sens et que les carrefours ne sont pas neutralisés. Un supporter se jette même sur le bus pour tenter de rejoindre la délégation parisienne... La célébration du titre du PSG s’annonce compliquée dès cette fin d’après-midi. « Ce qui m’étonne, c’est que la police n’avait rien prévu, regrette l’ancien président Daniel Hechter. Moi, ce matin (lundi), j’étais sûr de ce qui allait se passer. »
Des Ultras ont-ils joué la provocation ?
OUI. Ils ont été environ 300 Ultras à vouloir profiter de cette occasion festive pour rappeler aux dirigeants du PSG qu’ils sont toujours en colère, trois ans après le plan Leproux. Des pétards ont résonné, alors qu’ils se rassemblaient à l’arrière de la place du Trocadéro. Puis le groupe a fendu la foule pour venir se positionner au pied du podium, aux premières loges, un peu avant 18h30. Une action calculée, préparée, à laquelle n’ont pas résisté les autres supporters du PSG, qui se sont écartés du chemin devant une telle initiative. Mais la situation est plutôt bien maîtrisée à cet instant par les forces de l’ordre. « Il y a eu quelques imbéciles qui ont failli troubler la fête mais celle-ci n’est pas gâchée » assure alors Bertrand Delanoë, le maire de Paris. Ces Ultras, s’ils ont fait encore monter la tension au Trocadéro, ont ensuite été débordés par les casseurs.
La présence des casseurs avait-elle été anticipée ?
NON. Elle a été en tout cas insuffisamment imaginée. Le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, reconnaît que ses services ont pensé à un scénario similaire à ce qu’il s’est passé dimanche soir sur les Champs-Elysées, quand quelques casseurs seulement ont dû être repoussés. « Il y avait plusieurs centaines voire plusieurs milliers de casseurs, parfois d’une violence inouïe, explique-t-il. Les évènements de dimanche ont été mineurs. Ils résultaient d’un rassemblement spontané, ce n’est pas la même chose. Avec plusieurs milliers de casseurs très déterminés, c’est autre chose. » Dans les avenues autour de la place du Trocadéro, plus en arrière, des vitrines sont brisées, des voitures sont incendiées et les riverains sont excédés. Pendant que certains casseurs prennent la direction des Champs-Elysées, d’autres pillent un bus en face de la Tour Eiffel. Scène surréaliste…
La sécurité était-elle suffisante ?
NON. A posteriori, c’est évident. Et ces incidents en plein Paris ont rapidement déclenché la polémique. D’abord avec les critiques du syndicat de police Alliance, étiqueté à droite, puis avec les réactions politiques et entre autres, celle de la candidate UMP à la mairie de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet : « Il y a un défaut d’organisation avec cet échafaudage quasiment en accès libre. Les débordements, ça s’anticipe. » Le préfet de police s’est pour sa part défendu d’avoir négligé les risques. « Ils étaient 800 policiers, a-t-il indiqué. C’est un rapport tout à fait riche et significatif (pour 10 à 15 000 personnes présentes, ndlr). Il n’y a pas eu de sous-estimation des moyens. » Mais il a quand même autorisé la LFP et le PSG à organiser l’évènement au Trocadéro alors qu’il s’était opposé à ce qu’il ait lieu sur les Champs-Elysées… La ministre des Sports, Valérie Fourneyron, préfère « saluer le travail du préfet de police et des forces de l’ordre qui, en concertation avec la Ligue de football professionnel et le club, ont rapidement ramené l’ordre à Paris et maitrisé les débordements. Il appartient désormais à la justice de juger les 21 personnes qui ont été interpellées. »
Des efforts ont-ils été réduits à néant ?
OUI ET NON. Il y a trois ans, le plan Leproux de pacification des tribunes du Parc des Princes préparait l’arrivée des Qataris. Si le stade et ses alentours se sont effectivement apaisés, les incidents de ce lundi viennent ternir une nouvelle fois l’image du PSG, alors que le monde entier aurait pu avoir l’occasion de regarder les stars parisiennes faire la fête devant la Tour Eiffel puis sur la Seine. Le préfet de police, Bernard Boucault, est donc catégorique : « Il n’y aura plus aucune manifestation dans Paris, sur la voie publique, qui pourrait marquer tel ou tel évènement heureux du Paris Saint-Germain ». Le PSG, pour sa part, veut croire à un avenir meilleur. « Le Paris Saint-Germain est plus que jamais déterminé à poursuivre son projet de bâtir un grand club européen digne de la capitale, très loin des agissements de ceux qui veulent détruire son rêve » explique-t-il dans un communiqué. Mais dans les prochains mois, les éventuelles fêtes du PSG ne pourront avoir pour décor la plus belle ville du monde.
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