
PSG : pour Le Crom, c’est tous les jours Noël

Ronan Le Crom - -
L’histoire est belle parce qu’elle est folle. Aussi surprenante que le personnage est attachant. Ronan Le Crom, auteur d’une carrière discrète malgré deux très bonnes années à Guingamp (2002-2004, alors présélectionné en équipe de France), qui rejoint le PSG des Qataris, des Zlatan et des Thiago Silva, à 37 ans. Presque impensable, pour celui qui, encore quelques jours auparavant, se voyait mettre un terme à sa carrière. Mais le destin, jamais avare en surprises, en a décidé autrement.
Eté 2011. Le Crom, dont le contrat avec Nancy vient de s’achever, est contacté par le PSG de Kombouaré. L’agent du portier a joué avec l’entraîneur parisien à l’époque. Et ce dernier cherche un gardien pour jouer les sparring-partners durant la préparation estivale. S’en suivent cinq semaines de collaboration. Puis rien. Le joueur rentre à Grenoble, sans club. S’entraîne de son côté. Se met au badminton et au volley. Et se donne jusqu’au 31 janvier pour trouver une équipe, sous peine de raccrocher définitivement.
« Le 31 décembre, je faisais la fête avec mes voisins, et une fois minuit passé, je me suis dit que j’allais aborder une nouvelle vie, raconte-t-il. J’ai commencé à faire le deuil de cette vie de sportif qui me plaisait tellement. » Cinq jours plus tard, le téléphone sonne. Au bout du fil, Gilles Bourges, entraîneur des gardiens du PSG. « Je pensais qu’il voulait me présenter ses vœux », s’amuse Le Crom. Mais son dessein est tout autre. Et le jeune retraité le réalise dès le lendemain lorsque, en pleine partie de badminton, il est contacté par Leonardo.
« Aussi fort que lorsque j’ai signé mon premier contrat »
L’arrivée de Carlo Ancelotti a changé la donne et Paris est en quête d’un troisième gardien expérimenté. Le 12 janvier 2012, un contrat de six mois est paraphé. Finalement renouvelé pour un an l’été dernier. En l’espace de quelques heures, Le Crom passe du statut de retraité à celui de membre d’un des clubs les plus fortunés d’Europe, aux ambitions démesurées. Désarmant d’humanisme, ce dernier pense alors plutôt au plaisir « de retrouver un groupe sympa, quitté cinq mois auparavant ». Et à la joie de prolonger encore un peu son aventure professionnelle.
« Avoir la chance de continuer, ça m’a fait ressentir comme une nouvelle excitation. C’était aussi fort que lorsque j’ai signé mon premier contrat pro ». Le cadre est bien défini. Il est là en cas de gros coup dur, pour jouer la doublure de la doublure en équipe première, afin que l’espoir Areola puisse s’aguerrir en réserve. Le coup dur n’est pas encore arrivé. Le natif de Lorient n’a toujours pas joué, mais profite de chaque seconde de cette nouvelle vie. Assumant un rôle qui se situerait quelque part entre le partenaire d’entraînement, le psy et le grand frère.
« Je fais partie intégrante du projet… à mon échelle, explique-t-il, sourire aux lèvres. Même si je ne joue pas, c’est quand même un rêve qui se réalise. Quand on fait un sport de haut niveau, on cherche toujours à appartenir à l’élite. Et puis j’aime mes coéquipiers. J’aime les gens, les rapports humains sont très importants. Quand je vois que l’un ou l’autre a une mine un peu déconfite, un petit mot, un brin d’humour de temps en temps, ça aide aussi à panser les baisses de moral. » Comme un poisson dans l’eau au milieu des Zlatan - « tout simplement hors norme » - et compagnie, il savoure, en espérant poursuivre jusqu’à ses 40 ans, pour boucler la boucle. D’ici là, pour lui, ce sera tous les jours Noël…