Puel : « Après Lyon, j’aimerais partir en Espagne ou en Angleterre »

- - -
Claude, au moment d’entamer un entretien avec vous, on a surtout en tête votre caractère austère. Qu’en est-il réellement ?
C’est une dualité que j’ai depuis de nombreuses années : sanguin sur le terrain mais réservé en dehors. Je peux être sanguin dans le vestiaire mais quand je m’exprime, je prends de la distance pour analyser la situation et pour ne pas dire n’importe quoi. Maintenant, je pense avoir des relations normales avec mes joueurs. Je ne passe pas mon temps à leur passer la main dans le dos. C’est vrai. Mes rapports sont normaux et on dit de moi que je suis austère, froid et que je ne parle jamais…
Que répondez-vous à ceux qui vous disent que vous êtes un entraîneur défensif ?
Ce sont des caricatures et des clichés, parce que nous sommes dans les meilleures attaques avec Lille (2e attaque de L1 en effet, ndlr). Je ne suis pas un entraîneur qui aime prendre des buts pour gagner 4-3. M’imposer 4-0, oui ! C’est un gage de qualité et de régularité. On doit être costaud sur des aspects défensifs si on veut aller loin.
« Sans Aulas, les médias seraient un peu orphelins… »
Quid de ceux qui évoquent les erreurs de recrutement, notamment concernant Gourcuff ?
Je ne peux accepter ces termes par rapport à un joueur talentueux qui n’a pas encore tout prouvé. Je suis solidaire avec le recrutement. J’en suis très heureux. Je suis partie prenante avec Bernard (Lacombe, ndlr) et le président. Les choses peuvent vite se remettre en place. Il faut laisser du temps aux joueurs. A certains plus qu’à d’autres. Yoann en fait partie. Il prouvera ses qualités à un moment donné.
Quelles sont vos relations avec Jean-Michel Aulas ?
Je ne suis pas étouffé. C’est un jeu de rôles. On sait que le président aime s’exprimer dans les médias sur son club. Il en a le devoir, les compétences et la légitimité. On peut être d’accord ou non, mais c’est sa personnalité. Il laisse travailler ses entraîneurs. Ce qui peut mettre en difficulté, c’est ce que peut ressentir le vestiaire. Les joueurs connaissent mon degré pour mener la barque.
N’est-ce pas difficile de travailler avec lui ?
Non, ce n’est pas difficile à condition que mon domaine soit préservé. En tant qu’entraîneur, ça a toujours été le cas. Personne ne s’immiscera dans mes choix d’équipe. Le président a pris l’habitude de participer et répondre aux questions. Si ce n’était plus le cas, les médias seraient un peu orphelins. Il fait partie du patrimoine du football.
Et avec Bernard Lacombe. Les relations ont parfois été tendues…
C’était peut-être une période de frustration, mais ça va très bien avec Bernard et avec toute l’équipe dirigeante. Les choses ont été dites à un certain moment. La remontée au classement en atteste.
« Bien sûr que je pourrais retourner à Monaco ! »
On évoque beaucoup votre avenir…
On parle pour moi. Je n’ai aucun état d’âme. Je suis complètement concentré sur l’OL, mon travail et les joueurs.
Mais resterez-vous si Lyon ne gagne pas de titre ?
Je n’ai rien à dire sur le sujet. Je reste concentré. Parler de l’avenir, que ce soit pour un joueur ou un entraîneur, ne serait pas conciliable avec la dernière ligne droite qui nous attend et alors que tout reste jouable. Je suis sous contrat et bien à Lyon, même s’il y a de la difficulté et de l’adversité. Ça fait partie du métier. Sinon, il faut en changer. Je fais abstraction de tout cela. Je considère qu’il peut y avoir des abus et un manque d’objectivité.
C’est-à-dire ?
Je n’ai pas non plus à me plaindre. Nous sommes dans un club médiatisé qui a l’habitude de jouer le haut du tableau et la Ligue des champions. Le fait de ne pas avoir eu de titre à Lyon fragilise un peu. Même si on a terminé deuxième et demi-finaliste de Ligue des champions, ce n’est pas suffisant. Il y a beaucoup d’exigence et parfois des choses moins évidentes à gérer. Un évènement instable ou négatif a toujours de l’influence sur un groupe. Ma préoccupation, c’est plus mes joueurs que ma personne.
Si Lyon n’est pas champion, serait-ce pour vous un échec ?
Je ne me pose pas ce genre de questions. Si je le fais, ça veut dire que je mets un terme à nos ambitions. En tant qu’entraîneur, il m’est important de rester droit et concentré sur mon groupe. Si je dois y penser, ça arrivera en temps voulu. Si je commence à penser à mon avenir, c’est que je ne suis pas là pour mon équipe. Je ne me préoccupe pas de mon avenir et de ce qu’on peut dire.
Si nous avons bien compris, Claude Puel sera l'entraîneur de l'OL la saison prochaine...
Oui, oui... Bien sûr.
Il y a trois semaines, vous évoquiez pourtant un départ…
Je n’ai pas envie de revenir sur ce qui a été dit. Ça a été dit dans un certain contexte. Je ne réfute pas cette phrase. Le fait de me positionner de la sorte a permis de clore le chapitre et de me concentrer sur le jeu. J’ai dit ce que j’avais à dire au moment voulu. Place maintenant à l’équipe.
Pourriez-vous retourner à Monaco ?
Oui, bien sûr ! J’ai eu la possibilité plusieurs fois. Mais ça voudrait dire que j’ai fait le tour et que je reviendrais à la maison…
Et à l’étranger ?
Le jour où je partirai de Lyon, j’aimerais partir à l’étranger. Si possible en Espagne ou en Angleterre.