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Puel ne lâchera rien

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Claude Puel pourrait terminer la saison sans le moindre titre. Comment vit-il cette situation ? Ses proches témoignent.

Claude Puel a « la gagne » dans le sang. Joueur, celui qui a fait toute sa carrière à Monaco, avait déjà cette haine absolue de l’échec. « Aux entraînements, il n’aimait perdre à aucun jeu, se souvient son ancien partenaire Dominique Bijotat. Au niveau de l’agressivité, il était même parfois à la limite. Je ne l’ai jamais vu abandonner. Il refusait la défaite jusqu’au bout de ses limites. »

Et avec le costume d’entraîneur, ça donne quoi Puel après une défaite ? « Si les joueurs ont montré peu d’envie, le lendemain ça fait mal, répond l’ancien Lillois Mathieu Chalmé. Il se met en colère, critique et n’a pas peur de s’adresser directement à certains joueurs. » Michel Seydoux, président du Losc : « Dans la défaite, Claude n’est pas facile. Lorsqu’on avait un dîner après un match, il n’était pas spécialement de bonne humeur. C’est un taiseux mais on sentait que ça bouillonnait à l’intérieur. Ce n’était pas le moment de lui parler. »

En 2002, deux ans après avoir été champion avec Monaco pour sa première saison pleine en tant qu’entraîneur, il prend la difficile succession de Vahid Halilhodzic aux commandes du Losc. Une saison très compliquée. Michel Seydoux croit pourtant en lui et lui maintient sa confiance : « Je ne l’ai jamais vu prononcer autre chose que des mots d’encouragements à son équipe. » Et ça marche ! Le modeste club nordiste dispute à deux reprises la Ligue des champions.

Le parallèle avec l’OL, où il est en passe de devenir le premier entraîneur à ne pas conquérir le titre depuis huit ans, est à ce titre intéressant : « Même s’il ne vit sans doute pas très bien cette situation intérieurement, je sais qu’il ne va rien lâcher, assure Mathieu Chalmé. Il reste cinq matches. Il les jouera à fond. » « Quand ça allait moins bien à Lille, il n’était pas pour autant démoralisé, se souvient Michel Seydoux. Au contraire, c’était une situation qui lui donnait envie de se battre. » « A Lyon, ce qui m’inquiète, ce n’est certainement pas l’entraîneur, sourit l’ancien Lillois Sylvain N’Diaye. Je sais que son envie est intacte. »

Quoiqu’il advienne, la méthode Puel ne changera pas. Avec lui, le dicton « on joue comme on s’entraîne » prend tout son sens. « Même quand on l’affronte à l’entraînement, il réussit à vous motiver, explique Mathieu Chalmé. Il veut tellement gagner qu’il donne envie à ses adversaires de le battre. En plus, il aime bien chambrer. Ça motive aussi. »

Pour les matches, le coach a ses astuces. Il lui arrive ainsi de coller des articles de presse dans le vestiaire avec des déclarations d’adversaires et même d’anciens joueurs. L’échec, l’entraîneur lyonnais l’a toujours refusé en bloc. Jusqu’aux plages du Touquet ! Michel Seydoux se souvient : « On faisait un séminaire avec les dirigeants. Nous avions organisé une course de char à voile. Il n’est pas arrivé premier. Il n’a pas apprécié du tout. » La gagne, toujours la gagne : « Je ne citerai pas de nom, mais j’ai vu des joueurs changer à son contact, remarque Mathieu Chalmé. Ce qu’il a réalisé à Lille ne doit rien au hasard. »

A Lyon, sa rage de vaincre n’a pas encore porté ses fruits. « On ne lui a jamais demandé de tout gagner dès sa première année », nous confiait récemment Jean-Michel Aulas. Ceux qui ont douté de sa réussite à l’OL pourraient vite être surpris. Michel Seydoux sait de quoi il parle : « Pour réussir à Lyon, il faut un certain nombre d’ingrédients. Je suis convaincu qu’il fera tout pour que ces ingrédients soient réunis afin qu’il réussisse. » Dès la saison prochaine ? « Et même avant ! Méfiez-vous, les animaux sauvages blessés sont excessivement dangereux. »

La rédaction - Aurélien Brossier