Quand le foot français devient « bankable »

Le PSG - -
Un investisseur qatari. Un directeur sportif brésilien. Une superstar argentine. Et, en approche, un technicien italien et une icône britannique. De tout temps, le PSG a été fidèle à la capitale : cosmopolite. Mais le virage pris l’été dernier a installé le club parisien dans une autre galaxie, celle où rêve d’évoluer prochainement Monaco. Comme Paris, l’ASM a placé son avenir entre les mains d’une fortune, la 93e mondiale précisément, celle du milliardaire russe Dmitri Rybolovlev.
Paris, Monaco : deux places fortes du football hexagonal sous contrôle étranger et avec un pouvoir financier sans limite. Une bonne nouvelle pour Pierre Lellouche, secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur. « Nous avons besoin de grandes équipes qui rayonnent à l’échelle européenne. Les clubs français n’ont pas la masse financière pour résister aux autres grands clubs européens… »
C’est désormais possible. Le PSG version qatarie a réussi à souffler Javier Pastore à Chelsea. Il est en passe d’accueillir David Beckham… en attendant la suite (Kaka ? Tevez ? Pato ?). Mais l’arrivée de ces capitaux étrangers, saluée par le président de la Ligue Frédéric Thiriez, ne risque-t-elle pas de dénaturer le football tricolore ? « Aujourd’hui, les clubs sont en France. Ils ne vont pas s’envoler », écarte le ministre des Sports, David Douillet. « Le championnat français se jouera toujours en France et le public sera toujours nombreux en étant français, lâche pour sa part Jean-Pierre Louvel, le président de l’Union des Clubs Professionnels de Football (UCPF). C’est une ouverture tout à fait naturelle par rapport à la mondialisation. »
« Pourquoi nos fortunes françaises n’investissent pas dans le sport ? »
Pour Louvel, la France ne fait que suivre le vent, celui qui porte notamment en Angleterre 8 des 20 clubs de Premier League (Manchester United, Manchester City, Fulham, Liverpool…). Un souffle qui n’emporte pourtant pas les potentiels investisseurs français. « Je pense qu’il ne faut pas voir d’un mauvais œil les investissements étrangers, estime Vincent Chaudel, expert sport du cabinet de consulting Kurt Salmon. Il faut plutôt se dire pourquoi nos fortunes françaises n’investissent pas dans le sport. On est un pays qui a le potentiel économique. Après, c’est juste une affaire d’arbitrage, de sensibilité ou de culture… »
Une culture réfléchie et un business plan parfaitement contrôlé de la part des investisseurs étrangers. « Notre système fiscal était un handicap par rapport à nos voisins, poursuit Chaudel. Il fallait changer notre cadre, ce que l’on a fait depuis plusieurs années. Aujourd’hui, la France représente un bon rapport qualité-prix. Si vous voulez investir et devenir un grand d’Europe, il vous faut un marché national intéressant et être régulièrement en Ligue des champions. Pour avoir ça en Angleterre, l’investissement se rapproche du milliard d’euros. En France, pour racheter le PSG, les Qataris auront mis environ 120 millions d’euros. Le football français est devenu moins pénalisant pour des investisseurs. » Et l’espoir de compétitivité continentale renaît.
Le titre de l'encadré ici
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Les investissements étrangers en France
PSG (Qatar Sports Investments, Qatar) : environ 85 millions d’euros
OM (Robert Louis-Dreyfus, Suisse) : environ 200 millions d’euros
Monaco (Dmitri Rybolovlev, Russie) : environ 100 millions d’euros