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Renard : "Le LOSC a une envergure européenne"

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Hervé Renard a paraphé un contrat de trois ans pour devenir le successeur de René Girard sur le banc lillois. Le récent champion d’Afrique avec la Côte d’Ivoire concrétise ainsi son objectif de prendre en main un club aux ambitions aussi affirmées que les siennes. C’est ce qu’il a confié à RMC Sport avant sa présentation officielle, ce mardi à la mi-journée.

Hervé, comment s’est décidée votre arrivée à Lille ?
J’ai été contacté il y a quelques semaines. J’avais fait passer le message que je cherchais un challenge ambitieux, dans un club avec des infrastructures modernes. C’est une source de motivation et de progression personnelle. Les choses se sont bien combinées. Je tiens à préciser que j’ai demandé dès la première réunion comment cela allait se passer puisqu’il y avait encore un entraîneur sous contrat. J’ai toujours essayé de faire en sorte de respecter ça. Je regrette les fuites dans la presse, par respect pour René Girard et par déontologie envers la Côte d’Ivoire. Je me suis fait un peu tirer les oreilles quand je suis rentré au pays parce que je n’en avais pas parlé. Mais les choses sont ainsi et il faut passer à autre chose maintenant. Pour moi, la facilité était de rester où j’étais, à la tête de la 20e sélection mondiale. On m’offrait de meilleures conditions en étendant mon contrat parce qu’on avait rempli une mission qui était fantastique (remporter la CAN 2015, ndlr). Mais j’avais besoin d’autre chose. On ne fait pas une énorme affaire au niveau fiscal en revenant en France (sourire). Le challenge est sportif. J’ai besoin de ça pour avancer.

Etait-ce important pour vous que ça aille vite dans l’optique du mercato ?
Oui parce que cette période de recrutement est cruciale. On est à la fin du mois de mai et des choses importantes peuvent se faire, tout en restant dans la voie tracée par le président Seydoux. Je suis venu en connaissance de cause et je connais le marché actuel. Les clubs anglais ont un pouvoir économique monstrueux par rapport aux clubs français. Ça va être difficile et on aura peut-être des surprises avec des joueurs qui peuvent recevoir des offres impossibles à refuser. Il va falloir s’adapter. Mais l’année où le LOSC a été champion de France (2011), il n’avait pas forcément l’équipe la plus prestigieuse sur le papier. Sans parler de titre, on peut avoir de bons résultats avec un groupe qui a beaucoup de cohésion.

Quelle sera votre marge de manœuvre pour le recrutement ?
On m’a donné les grandes lignes. J’ai demandé à ce que certains postes soient parés. Je vais vous faire une petite confidence : dans cette équipe, il n’y avait pas de gaucher. Moi j’aime bien les gauchers et c’est un équilibre important. Après, il y a aura ce qui est possible de faire ou pas. On va me le dire de suite (sourire).

Avez-vous une idée claire des objectifs ou verrez-vous en fonction du recrutement ?
Je pense qu’il faut attendre un petit peu, même si on sait que le club se situera entre la 6e et la 8e place en termes de masse salariale. Il va falloir être malin pour saisir les bonnes opportunités. Après, il sera temps de définir les objectifs et de faire le mieux possible.

« J’aime bien ce que fait Diego Simeone »

Que représente le LOSC pour vous ?
La grande fierté de signer dans ce club, c’est de se dire que depuis que Vahid Halilhodžić l’a fait remonter en Ligue 1 (en 2000), il y a eu la Ligue des champions, le travail formidable de Claude Puel, la consécration avec Rudi Garcia, une superbe troisième place avec René Girard (en 2014). Cette année, il y a eu un peu de difficulté mais la deuxième partie de saison a été très bonne. Il faut donc essayer de rester sur cette dynamique. Je pense que le LOSC a l’envergure d’être un club européen, avec ses infrastructures, son centre d’entrainement. Il faudrait y revenir le plus tôt possible. Le dire c’est bien, mais il va falloir le prouver sur le terrain.

Le fait de signer trois ans est une belle preuve de confiance…
Pour moi c’est un honneur. Quand je regarde mon parcours, parfois je m’assieds et je me dis que c’est vraiment là où je voulais arriver. C’était un chemin avec beaucoup d’embûches. Aujourd’hui, c’est un honneur mais maintenant il faut passer à autre chose. La fierté, c’est bien mais il faut aller de l’avant et relever les challenges. C’est un challenge qui n’est pas facile mais il vaut mieux être dans un club avec de bonnes infrastructures, un superbe stade avec une moyenne de 35 000 spectateurs l’année dernière. Aujourd’hui, je suis un homme heureux. J’ai déjà eu beaucoup de chance quand on m’a offert la Côte d’Ivoire. Il faut savoir l’apprécier et avoir de l’humilité pour se dire qu’il y a beaucoup de personnes qui aimeraient être à cette place. Je le vis avec beaucoup de recul et je dis merci pour tout ce qui m’arrive.

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    Avez-vous une référence dans ce métier ?
    J’aime bien ce que fait Diego Simeone depuis qu’il est à l’Atlético de Madrid. J’aime son charisme et sa façon d’être. Elle est parfois excessive mais ça se traduit sur le terrain. On sent que c’est une équipe à son image. Maintenant, si je devais prendre une identité avec le parcours de Lille, c’est Rudi Garcia. Il a été à Dijon, au Mans puis à Lille, avec un titre de champion et une Coupe de France. Il a ensuite la consécration à l’étranger en s’imposant à la Roma. Vice-champion d’Italie, c’est quand même extraordinaire. C’est un parcours qui fait rêver.

    Jean Bommel et Edward Jay