Rennes - Courbis: "Je n’ai pas eu la possibilité d’hésiter"

- - AFP
Rolland, comment vivez-vous cette nomination anticipée sur le banc du Stade Rennais ?
Ça a été une surprise. La possibilité que je devienne entraîneur de Rennes dans un avenir proche, c’était quelque chose de possible. Mais aussi rapidement, sincèrement non, je n’y avais pas pensé une seconde.
Est-ce dû à l’élimination de Rennes en 16es de finale de la Coupe de France (défaite 3-1 face à Bourg-en-Bresse) ?
Evidemment que c’est la défaite d’hier (mardi) soir. Mais c’est surtout l’accumulation de contre-performances à domicile. Il y a une dizaine de jours, il y a eu un derby contre Lorient (2-2) avec un scénario où Rennes avait deux buts de retard après vingt minutes et a même failli en prendre un troisième. Il y a eu une élimination à domicile contre Toulouse en Coupe de la Ligue (1-3). En Coupe de France, tous les Bretons, René Ruello (le président) et François Pinault (le propriétaire) en tête, espéraient aller le plus possible, voire la gagner. Une partie du public avait pris l’entraîneur en place en grippe et ça date depuis plusieurs semaines.
Avez-vous hésité à accepter ce challenge ?
Je n’ai pas eu tellement la possibilité d’hésiter puisque François Pinault et René Ruello m’ont dit qu’ils voulaient changer dans tous les cas. Si j’avais dit non, ils changeaient quand même et ils en prenaient un autre. Je pense qu’il était logique pour moi d’accepter ce challenge à partir de moment où ils changeaient. Puisque le métier que j’ai la prétention de connaître un peu, c’est celui d’entraîneur. Conseiller, chargé de mission, j’ai dit oui pendant quatre mois, pour préparer la saison d’après. Je pensais me reposer deux-trois mois. Finalement, je ne me serais reposé qu’un mois.
« A Montpellier, on m’a poussé dehors »
Vous saviez que cette situation pouvait arriver à tout moment…
On ne va pas non plus tourner autour du pot. Je le savais, c’est une évidence. Le jour où je serai au chômage, il n’y a personne qui viendra m’aider. Quand j’entends depuis une semaine qu’on trouve bizarre que je sois récupéré par le Stade Rennais, après avoir donné ma démission à Montpellier, je suis quand même un peu vexé. Pourquoi on ne peut pas me regarder en se disant : « ce mec-là peut être utile pour un club » ? C’est quand même assez bizarre. A Montpellier, on m’a poussé dehors. J’ai résisté pendant six mois. Aujourd’hui, on peut trouver logique que je n’ai pas encore envie d’être à la retraite.
Avez-vous un message pour Philippe Montanier ?
Après deux ans et demi passés à Rennes, son bilan est correct, avec de bons et de moins bons résultats. Depuis quelques mois, Philippe Montanier avait un gros problème dans les résultats à domicile et de superbes résultats à l’extérieur. La possibilité qu’on puisse changer d’entraîneur en cours de saison existe. C’est le métier difficile qu’on fait.
Comment allez-vous faire jouer Rennes ?
Je ne me vois pas en train de révolutionner quoi que ce soit. Je connaissais cet effectif pour l’avoir étudié en tant qu’ex-adversaire. Après des douleurs aux ischios, le petit Quintero redevient opérationnel. Je m’appuie sur Mika Silvestre (chargé de mission pour le Stade Rennais), qui connait cet effectif beaucoup mieux que moi. On va essayer de garder une logique cohérente.
« Est-ce que j’arriverai à trouver les solutions que Philippe n’a pas trouvées ? Sincèrement, je n’en sais rien »
Rennes était jusqu’ici critiqué pour son jeu trop défensif. Allez-vous changer ça ?
Ça serait trop prétentieux de ma part. Le potentiel offensif de Rennes, toute la France le connait. Mais je note aussi un manque de solidité défensive énorme. On ne peut pas prendre deux buts à chaque match, comme ça s’est passé ces derniers temps. Il faut déjà trouver le bon équilibre entre une solidité défensive et un potentiel offensif efficace. Est-ce que j’arriverai à trouver les solutions que Philippe n’a pas trouvées ? Sincèrement, je n’en sais rien.
Louis Nicollin, le président de Montpellier, vous a comparé au capitaine du Costa Concordia, estimant que vous aviez abandonné le club héraultais…
Je ne vois pas du tout la comparaison possible. A partir du moment où tu ne veux plus un entraîneur, et que cet entraîneur anticipe ce qu’il va se passer au mois de juin, il faut accepter que les choses ne peuvent pas toujours aller dans le sens que tu veux. Qu’il puisse y avoir un entraîneur qui dise au revoir à Montpellier, parce que le club a choisi une nouvelle proie pour la saison prochaine. Est-ce qu’on a poussé dehors le capitaine du Costa Concordia comme on m’a poussé dehors ? Je trouve que j’ai été un capitane résistant avant de sortir du bateau.