Rennes, l’autre joli coup

Pitroipa - -
Dimanche soir, il y avait comme une odeur de soufre au-dessus de la Bretagne. Une ambiance tendue, voire électrique, entre deux voisins au plus mal avant le coup d’envoi. Avec dix matches consécutifs sans victoire, Lorient avait déclenché le code rouge avant de recevoir le Stade Rennais, également aux abois en vue d’une qualification européenne en fin de saison. Corrigés à Saint-Etienne (4-0) il y a quinze jours, puis tenus en échec par Lille (1-1), les Rouge et Noir avaient, eux aussi, besoin de relancer la machine. Une tâche a priori pas forcément aisée, compte tenu de l’absence sur blessure de Mevlüt Erding, buteur providentiel sept jours plus tôt contre le LOSC. Un contrat dont s’est finalement très bien acquitté le duo Hadji-Pitroipa, buteurs puis passeurs décisifs, respectivement l’un pour l’autre.
Mais avant que l’international burkinabé et son homologue marocain ne fassent la différence pour ses couleurs, Rennes a eu chaud. Très chaud. Sur sa pelouse synthétique du Moustoir, Lorient a joué sans le frein à main, se créant très nettement les meilleures occasions de la première période. Emeghara (15, 35e), alerté au point de penalty, puis Romao (38e) ratent le cadre. Rennes souffre et, au moment où la bande à Frédéric Antonetti semble prête à craquer, c’est là qu’elle cueille à froid les Lorientais grâce à un but de Pitroipa, bien lancé sur une contre-attaque par Hadji (41e). « Ça change la donne quand ils ouvrent le score sur leur première occasion », confesse, lucide, Christian Gourcuff.
Gourcuff : « Ce n’est pas désespéré »
Si les Merlus continuent à jouer crânement leur chance, à l’image d’Aliadière, de retour de quatre mois de blessure (71e), et si les Morbihanais pesteront probablement après le corps arbitral pour une charge litigieuse de Mangane sur Aliadière en fin de match (82e), les hommes de Gourcuff sont moins conquérants. « Notre deuxième mi-temps a été plus brouillonne. On était moins incisifs », poursuit le technicien lorientais. Le doute se transforme en véritable cauchemar quand Rennes en remet une couche avec, cette fois, Hadji dans le rôle du buteur et Pitroipa dans l’habit du passeur. Sonné, Lorient manque d’encaisser un troisième but en fin de partie, Kembo-Ekoko butant finalement sur Audard (88e). Mais le mal est fait.
Quatrième défaite consécutive, onzième match sans victoire : le FCL ne répond plus. Et voit, avec un point d’avance sur Ajaccio, sérieusement poindre la zone rouge. « On est dans une situation difficile, poursuit Gourcuff. Ce n’est pas désespéré mais il ne faut pas perdre de temps. Il ne faut pas se retrouver dans une situation d’urgence. » Le feu, Rennes l’a bel et bien éteint ce dimanche. Conjugué aux défaites de Saint-Etienne, de Lyon, de Marseille et du nul de Lille, son succès est l’autre bonne opération de la journée. Et il permet aux Rouge et Noir, à quatre longueurs du Losc, de voir plus nettement à l’horizon une certaine Ligue des champions. « J’ai dit que mars serait très important, rappelait Antonetti en fin de match. On l’a bien commencé. » L’odeur de soufre est loin.