Rennes, leader et après ?

Frédéric Antonetti - -
Dans les rues de Rennes, nul signe d’euphorie. Pas même un supporter en maillot, parmi la foule présente chaque samedi après-midi en centre-ville. La première place du Stade Rennais en Ligue 1, les habitants de la préfecture d’Ille-et-Vilaine la vivent avec un flegme qui leur est propre. « Les Rennais sont plutôt cools, passifs voire réservés, sourit Serge Burgos, le directeur du "Piano Blanc", un restaurant situé à deux pas du stade de la Route-de-Lorient. Lors des matches, les tribunes ne sont pas très animées. Mais cette première place va peut-être motiver le public, qui sait... »
Depuis quatre ans, les affluences du Stade Rennais connaissent pourtant une baisse constante. Alors que l’enceinte peut accueillir près de 30 000 spectateurs, la moyenne flirte depuis le début de la saison avec les 22 000. Signe que l’histoire d’amour entre l’équipe et les supporters a bien du mal à naître. « La place de premier n'a pas changé grand-chose, glisse Marc Bertin, le patron du café-restaurant ‘Chez Marco’, en face du stade. Il n'y a pas d'osmose entre cette équipe et les spectateurs. Mais je ne saurais pas dire pourquoi… »
Antonetti : « Au lieu de filmer l’entraîneur, filmez le match ! »
Le modeste palmarès du club (deux Coupes de France en 1965 et 1971, ndlr) participe sans doute à ce manque d’entrain. L’absence de culture sportive de la ville également. « Je ne dis pas que la première place du Stade Rennais ne nous fait pas plaisir pour la ville de Rennes, avance Thibault Mativet, le co-président du Rennes Volley. Mais ce n’est ni un sujet de préoccupation, ni un sujet de satisfaction. Je n'arrive pas à m'expliquer objectivement l'importance du foot, quand je compare les autres spectacles qui peuvent être proposés ! »
Au-delà du jeu pratiqué, le Stade Rennais peut compter sur un atout de poids pour assurer le spectacle : son entraîneur, Frédéric Antonetti. Depuis un an, son humour et son franc-parler séduisent les supporters. « Personnellement, il me plaît beaucoup, assure Marc Bertin. J’adhère à 100 % à son discours. Au moins, il dit ce qu’il pense… » Sur la première place de son équipe, par exemple, le technicien corse ne glisse pas dans l’hypocrisie. « Certains redécouvrent que vous avez un numéro de téléphone, s’amuse-t-il. Moi je n’ai pas changé. J’aurais pu faire toutes les télés de France et de Navarre mais je ne les ai pas faites, parce qu’à cette époque de l’année, la première place ne veut rien dire. »
Quant à ses coups de gueule, le coach les balaye d’un trait d’humour dont il a le secret. « Ça m’arrive de m’énerver, admet-il. Ça fait partie de ma personnalité. Mais il y a des caméras partout. Au lieu de filmer l’entraîneur, filmez le match ! Les gens sont là pour ça ! » Pas si sûr, M. Antonetti…