
Riolo: "Fichage ethnique au PSG, mes éclaircissements sur le scandale"
Après "Le PSG et l’argent", après "le PSG fait des contrats aux clauses délirantes", voici donc le PSG club "qui fiche" et classe ses joueurs, un PSG raciste! Pour l’oseille, c’était grave, mais moins. Là, ça mérite "Envoyé Spécial" et l’émotion d’un monde médiatique en ébullition... Le gouvernement s’en mêle et il faut un coupable. Qui est ce nazillon sur gazon? L’inspecteur Thuram est évidemment consulté.
Alors quoi? Donc le chef du recrutement au PSG écarte un jeune d’une liste au motif qu’il veut "mixer" son effectif. Il redoute le "trop de"... En France, c’est interdit. Hors la loi. Jusque là, tout avis contraire ou même ouverture de débat nous place donc en situation de procès.
Alors, on va juste essayer de décrire la réalité du foot. Ce qui existe. Qui sait, ça débouchera peut-être sur le procès du siècle.
On en termine d’abord avec le fameux recruteur parisien. Il n’a donc pas pris le jeune au PSG, mais en quittant le PSG pour Rennes, il l’a recruté. Ce n’est donc ni la couleur ni l’origine du joueur qui le gênait n’est ce pas?
Prendre en compte l’origine sociale, l’origine culturelle, l’éducation d’un joueur, en gros ne pas s’en tenir qu’à ses pieds et au ballon, c’est la base de tous les recrutements. En France et partout dans le monde. Ailleurs, ça se dit. Tranquillement. Les Anglais, par exemple, sont parmi les plus pointus. Si Élise Lucet et Mediapart vont enquêter là bas, ils vomissent du matin au soir...
Tout cela est pourtant assez simple à comprendre. Depuis toujours, les clubs font attention à plusieurs choses. L’idée est que l’effectif soit homogène et que le collectif fonctionne le mieux possible. Trop de joueurs africains? Il faut gérer la CAN, l’éventuelle bi-nationalité. Les clans? Aussi. Aucun club ne prendra 5 Ivoiriens par exemple. Le souci à ce stade, c’est qu’on parle de l’Afrique et qu’au lieu d’essayer de réfléchir, on se braque. Alors, je change de continent. Quand on recrute des Brésiliens, on fait également attention au nombre. Au PSG, par exemple, les clans existent et ont pu poser problème. Les Brésiliens d’un côté, les Argentins/Uruguayens de l’autre et les Français ailleurs. Et quand on recrute au Brésil, on va même faire attention à la région. Rio, Sao Paulo... On a, par exemple, longtemps pensé que les joueurs de Rio avaient plus tendance à faire la fête et étaient donc moins faciles à gérer.
En Italie, on faisait des fiches pour savoir si le joueur était marié. Le cas échéant, on l’encourageait à le faire vite.
Je reviens sur l’Afrique. Recruter un Camerounais et un Sénégalais, ce n’est pas pareil. Différence culturelle. C’est grave de le dire? Les gens concernés en parlent sans problème. On en parle facilement en Afrique, en Amérique du Sud. En France, c’est devenu impossible. La vérité, je ne sais même pas si, à ce stade, je suis hors la loi. Origine ethnique, culturelle, je suis perdu. Et j’ai pas abordé la religion! Je m’enfonce. Une moitié d’équipe qui fait le ramadan, il y a des clubs, des entraîneurs qui n’ont pas envie de gérer ça! Désolé de cette révélation du siècle.
Il faut également aborder l’origine sociale. Dans la réalité du foot, les clubs vont faire attention aux joueurs affichant trop "une culture banlieue". Là, on risque le mélange dangereux. Et l’assimilation "renoi/rebeu" à racaille existe. Ça, c’est un vrai problème. Condamnable. J’ai souvent essayé d’expliquer ça mais on préfère, c’est plus commode, lâcher du "facho" sans réfléchir. Cette mentalité "racaille" n’a pas de couleur. Rabiot, Menez, Chantôme entre autres peuvent témoigner.
Il faudra un jour comprendre que dans le recrutement, ce n’est pas la couleur qui commande, c’est la culture, l’origine sociale, l’éducation. Ceux qui font des raccourcis liés à la couleur et foncent tête baissée vers le fichage ethnique n’ont rien compris! Ils n’avaient rien compris non plus à l’époque de l’affaire des quotas. Les bi-nationaux un problème à régler? Oui ça l’était et plus en France qu’ailleurs. On a le droit de s’interroger sur l’attachement opportuniste au drapeau, non? Dans plusieurs pays d’Afrique on s’est aussi interrogé sur les motivations de certains joueurs qui retrouvaient leur racine de façon opportune. Personne n’a crié au loup.
Dans l’affaire des quotas, il y avait aussi le sujet du profil des joueurs. Une triste idée qui perdure et qui a plombé notre formation. Une absurdité qui conduit au raccourci sur les qualités d’un joueur en fonction de sa couleur. Notre formation qui a longtemps fait prévaloir l’aspect physique sur la technique à développer l’idée du "grand noir costaud". Ces imbéciles de formateurs/recruteurs, incapables de former de bons joueurs, ont entretenu l’idée du "grand noir" qui va jouer 6, du "rebeu" qui manie bien le ballon. Ça oui, ça a existé. Beaucoup moins maintenant. Dans l’After, on a été les premiers a évoquer ces sujets-là. Peut-être parfois avec un peu trop d’ironie. Ça a pu brouiller le message.
C’est tout ce contexte, ce passé qui a conduit à l’affaire du moment. Une tartufferie monumentale comme la France les adore. Un pays ou les procès en racisme sont quotidiens. C’est tellement plus simple l’hypocrisie générale. En panique absolue, le PSG a vite communiqué. S’il avait fallu voter afin de pendre sur le champ l’ancien recruteur, le PSG aurait voté oui immédiatement. Le gouvernement va hurler au scandale pendant deux jours puis retourner à ses problèmes de carburants. Et le monde du foot? Ah j’attends ça avec impatience! Quelqu’un osera-t-il tomber dans la dénonciation? Le Graët évidemment, la démagogie ne l’étouffera jamais. Les clubs? Non, ça serait une explosion d’indécence...