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Riolo: "L’homophobie est extrêmement présente dans le foot, et c’est de pire en pire"

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Daniel Riolo, journaliste et éditorialiste pour RMC Sport, déplore les refus de plusieurs joueurs de Ligue 1 de porter un numéro arc-en-ciel contre l’homophobie. Il fulmine aussi contre Eric Roy et un climat ambiant d’homophobie.

La journée de lutte contre l’homophobie a encore viré à la polémique ce week-end. Après Radamel Falcao ou Idrissa Gueye les années passées, plusieurs joueurs ont refusé de porter le maillot avec le numéro aux couleurs arc-en-ciel. Cela concerne trois joueurs toulousains, mais aussi l’attaquant nantais Mostafa Mohamed. Ce climat fait fulminer Daniel Riolo, journaliste et éditorialiste pour RMC Sport.

"Ça ne veut pas rentrer dans la tête de ces aveugles, de ces obscurantistes, lance-t-il. Ils disent: ‘il n’y a pas de raison qu’on défende cette cause‘. Tu ne défends pas une cause, tu dis: ‘je suis contre les agressions contre les homos’. C’est un message de paix, de tolérance. L’homophobie est extrêmement présente dans le foot, et c’est de pire en pire. La situation est très grave."

"L'abandon de poste" de Mohamed, la sortie "dramatique" de Roy

"Il faut savoir que c’est toujours un problème dans les discussions, qu’ils (les joueurs, ndlr) le font un peu contraints et forcés, poursuit-il. Il n’y a pas cette compréhension que ce n’est pas soutenir (la cause) mais c’est être contre une discrimination. Ça veut dire que si un homo se fait agresser, tu ne le condamnes pas. La question, c’est: ‘est-ce que tu condamnes ou pas l’agression ou le harcèlement contre un homosexuel?’ Si oui, alors tu es dans le mouvement."

Daniel Riolo redoute des dérives plus larges à l’avenir. "Il n’est pas exclu que dans les contrats à l’avenir, il y ait une clause là-dessus où il est dit que le joueur ne participe pas à l’évènement, illustre-t-il. Ce qu’a fait Mostafa Mohamed, c’est un abandon de poste. Son équipe (Nantes qui se déplçait à Toulouse, 0-0) joue le maintien et lui pour une lecture de sa religion, il préfère ne pas jouer, plutôt que de ne pas comprendre le débat et de ne pas avoir cette attitude négative."

Une autre réaction a suscité une vive polémique: celle d’Eric Roy, entraîneur de Brest, pour qui cette journée de lutte contre l’homophobie fausse le championnat en raison de la défection de nombreux joueurs. "Il (Roy) ne pouvait pas autant passer à côté, s’étrangle Daniel Riolo. Je ne sais pas comment on peut faire dramatique à ce point. C’est une sortie catastrophique."

"Le foot est le sport le plus populaire au monde, en France, où vous gagnez le plus d’argent grâce à tous les gens qui regardent. On vit tous du foot, c’est un sport qui génère beaucoup d’argent. C’est un sport différent des autres, du rugby, du basket, du volley, parce que vous êtes mieux payés et exposés. Il y a plus de critiques, de gloire et d’argent sur vous. Il y a plus de sponsors sur vous, plus de paillettes mais il y a aussi deux ou trois messages à faire passer parce que dans notre société, il faut faire passer des messages. On a le droit de se servir du football."

"Quand Eric Roy dit: ‘la Ligue devrait s’occuper du football’, eh bien non parce que le foot est ce sport à part où le salaire que tu as comme entraîneur, ou comme consultant quand tu n’es plus entraineur, directeur sportif partout dans le monde… Si tu touches tant d’argent, c’est parce que ce sport offre des possibilités à un tas de gens dans le monde de vivre. Rendre un peu en passant deux ou trois messages qui sont bons pour la société… Je ne demande pas que l’Arabie saoudite change ses valeurs, ça ne m’intéresse pas. Moi, je vois en France, notre pays, nos valeurs, qu’est-ce qu’on fait? On fait ‘no to racism’, il y a plein de messages que le football pourrait porter. Le foot a une responsabilité supplémentaire. "

NC