Riolo: "Les leçons de Carlo…"

Daniel Riolo - RMC Sport
En pleine tournée promo pour son livre, Carlo Ancelotti est très disponible en ce moment. Il parle, librement, et donne beaucoup d’infos sur le jeu. A la veille d’un match important en Coupe d’Europe entre Paris et le Real, ses analyses, notamment au sujet du PSG sont intéressantes.
Arrêtons-nous sur l’animation offensive du PSG dont il parle et le rôle d’Ibrahimovic. En 2012, il révèle que la star du club lui a demandé de ne pas évoluer en vrai 9. Il veut reculer et avoir un joueur devant lui pour prendre la profondeur. Le parallèle avec le Real et le jeu, l’association Benzema/Ronaldo, est judicieux. Benzema est le joueur qu’il faut à Cristiano dit-il. C’est clair et on l’a tous remarqué. Au PSG, si Ibra décroche, c’est Cavani qui joue 9. On le voit régulièrement. Cavani à droite ou à gauche fait ça au PSG depuis plus d’un an. Avec l’arrivée de Di Maria, c’est de la gauche que Cavani part. Ibra est alors une sorte de meneur de jeu qui ne dit pas son nom.
Aucun problème avec cette idée. Ça donne alors un 433 qui est en fait un 4312. Et si le 433 sous-entend sur le papier qu’il y a des joueurs de couloir, dans les faits, c’est plus compliqué. Placé à droite, Di Maria ne déborde pas car le plus souvent, il rentre. A gauche, c’est la même chose avec Cavani. L’animation sur les côtés est confiée aux latéraux. C’est pour ça, qu’à droite, on voit énormément Aurier et que ses courses sont aussi importantes. Le choix de Blanc est clair et compréhensible. Ce que fait Aurier dans ce système, pas sûr qu’un autre dans l’effectif puisse le faire. A gauche, c’est plus compliqué. Maxwell n’est plus en mesure de faire les allers/retours proposés par Aurier. Le jeu est donc bancal et penche clairement à droite. En parlant du positionnement d’Ibra, Ancelotti dit aussi que forcément, un joueur comme Pastore ne peut pas jouer. Dans cette idée de jeu, c’est l’un ou l’autre. Les deux, ça peut coller, mais dans un match sans réelle difficulté tactique. Ça aussi, on l’avait tous remarqué, mais quand un coach de cette dimension le dit, ça conforte l’analyse.
Alors quoi ?
Alors derrière cette explication, se pose deux questions. La première : Paris va-t-il devoir trouver un arrière-gauche capable de faire autant que celui qui joue à droite ? Afin d’équilibrer l’ensemble. L’autre, c’est celle relative à la forme d’Ibra. Si la star du club continue d’afficher une forme aussi précaire, le jeu du PSG n’est-il pas en souffrance ? Ibra ou Pastore, c’est donc toute la question. Pastore en a déjà parlé et semble vouloir en parler de plus en plus. Envisager la présence de Pastore à la place d’Ibra est fantaisiste, on le sait. Et ce, pour un tas de motifs pas toujours liés au jeu. Mais si on reste sur le jeu, il faut aussi noter que la titularisation de l’Argentin changerait aussi le positionnement des deux de devant (Di Maria et Cavani). On devrait certainement se diriger vers un milieu en losange. Les 3 du milieu seraient aussi touchés par le changement. C’est toujours la même histoire. Un 10, c’est beau, mais c’est compliqué à gérer tactiquement.
Rien ne bougera au PSG cette année et c’est avec son 11 type que Blanc va continuer dans les gros matches. Pendant encore un an, tout va donc reposer sur les jambes vieillissantes d’Ibra. Entre 5 et 10 fois, 5 ou 10 matches environ. C’est pas beaucoup. Si sur ces matches-là, Ibra retrouve son niveau et ses jambes, alors Paris ira là où Ancelotti dit qu’il doit être : le dernier carré de la Ligue des champions. Sinon… Sinon, le PSG sera « seulement » champion pour la 4e fois de suite …