Riolo : "Monaco s'échappe"

Daniel Riolo - -
Ça n’arrange personne à l’ASM de le reconnaître, mais oui, Monaco est le nouveau favori du championnat. Favori, c’est pas une maladie, c’est juste que si on demande à des gens de parier sur le nom du futur champion, et bien ces gens vont majoritairement parier sur Monaco ! Seulement voilà, dans le foot, on préfère rester caché. C’est désormais devenu impossible pour l’ASM. Après le nul du Parc et la claque infligée à Nice, les choses sont désormais claires.
Le 3-0 face à Nice peut paraître sévère. Le Gym avait bien débuté et n’a jamais, ensuite, paru totalement débordé. Souvent, les Niçois ont même réussi à mettre leur jeu de passes en place. Et globalement, la possession fut nettement en leur faveur. Mais la mode a changé. La possession, les passes, c’est terminé. Récupérer la balle, effectuer au plus vite ce qu’on appelle la transition et être efficace devant, voilà la grosse tendance. Et pour ça, il faut être bâti sur un bon bloc équipe compact, capable d’attendre bas, mais aussi de presser haut. D’alterner. Monaco est une équipe moderne et fait tout ça très bien. Et c’est en étant, en plus, très efficace que l’ASM a rendu cette copie avec ce score large. Là où Nice peinait à être dangereux, Monaco tapait et faisait mal. A Nice, comment ne pas voir que Balotelli est devenu un problème. C’est un joueur qu’on ne trouve pas sur le terrain.
Mais revenons à l’ASM. Comme dans tout ensemble collectif, il faut ensuite que les individualités s’expriment. Falcao a été un 9 parfait et Bernardo Silva, comme d’habitude, un excellent créateur offensif. Deux buts sont venus de la gauche. Ce couloir où on voit souvent briller Lemar. Hier, c’est Mendy qui a régalé. Ce joueur est épatant. Il a quand même débuté en ignorant certains principes du foot ! Je l’ai vu à Marseille ne pas savoir se placer, découvrir un alignement, courir dans le vent, faire des centres en tribune. Après, il a croisé Bielsa. Puis il a refait une sale saison. Même à Monaco, en début d’année, je l’ai encore vu passer au travers. Mais là, et depuis plusieurs semaines, tout ce qu’il fait est désormais juste !
Les performances, les progrès de Benjamin Mendy, pourraient inspirer, peut-être, les deux latéraux du PSG. A Dijon, les « titulaires » étaient alignés. Aurier, Kurzawa, la doublette « magique ». Pertes de balle, mauvais placements, duels perdus, les deux ont livré un match horrible. C’est comme ça depuis des semaines, mais j’entends toujours que ce sont des cracks. Les deux ont pourtant tout ce qu’il faut. Le fameux « potentiel » est là ! Ils peuvent faire des gros matches, ils l’ont fait ! Mais là, ce qu’on voit, c’est tout le contraire. Au niveau d’exigence que doit imposer le PSG, tu peux rater un match, mais afficher un niveau de jeu minimum. Eux, dans la plupart de leurs matches cette année, sont passés en-dessous. Ces carences les transforment en joueurs pas fiables. Comment dans ces conditions ne pas attendre Meunier et Maxwell d’entrée contre le Barça ?
A Dijon, dans un mauvais match du PSG, on a aussi vu le 3e larron de la bande, Rabiot, jouer à l’envers. Lui, plus que les deux autres, a tout pour devenir un grand joueur. Mais il ne peut pas livrer un match avec autant de suffisance ! J’en reviens au degré d’exigence que doit avoir ce club. Paris ne peut pas prétendre aller plus loin en Ligue des champions avec des joueurs peu fiables voire fantasques. Le PSG va défier le Barça en lançant la pièce ? Alors, ils vont être bons ou pas aujourd’hui ?
Tenu en échec par un Dijon bon et joueur, 1-1, le PSG a profité des changements du coach pour faire basculer le résultat du bon côté (1-3). On peut féliciter Emery pour avoir fait rentrer Ben Arfa et Guedes. L’ex-Niçois a d’ailleurs été très bon. Mais Emery n’est pas venu au PSG pour réussir des changements qui permettent de gagner à Dijon ! Des matches comme ça, vous vous souvenez quand même que le PSG en a gagné beaucoup ces dernières saisons. Sous Ancelotti et deux ans sous Blanc. On parlait de la fameuse nonchalance du PSG. Elle existe encore. Alors si Emery n’empêche pas son équipe d’être parfois moins impliquée, il doit absolument la changer dans son allure générale. Tout est prêt, tout le monde attend, il faut foncer ! A la poubelle le 4-3-3 ! Allez, change tout Unai ! Ce schéma n’a jamais été le bon. Jamais. Ça a toujours été un leurre entretenu par les succès évidents en L1. Cavani a besoin d’un joueur derrière lui. Et les joueurs de côté ont besoin que le ballon arrive plus vite sans tourner au milieu mille fois avant !
Le 4-3-3, c’est aussi avec cette idée que l’OM est allé perdre à Metz. On a revu Sarr en pointe. Sur le banc, il est bien mieux. Il n’est pas le seul à avoir été mauvais vendredi. Tout le monde a raté son match, Garcia aussi. On a ainsi pu constater que derrière l’enthousiasme, souvent exagéré à Marseille, il y avait un gros chantier dans ce club. Je veux croire que personne n’en doute à l’OM !