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Robert Louis-Dreyfus, l'amoureux du ballon rond

L'actionnaire principal de l'OM avait connu le succès dans sa vie professionnelle. Il ne lui aura manqué qu'un titre pour récompenser son passage à l'OM

L'actionnaire principal de l'OM avait connu le succès dans sa vie professionnelle. Il ne lui aura manqué qu'un titre pour récompenser son passage à l'OM - -

Samedi soir, Robert Louis-Dreyfus s’est éteint à l’âge de 63 ans d’une leucémie. L’actionnaire principal de l’OM et président du groupe Louis Dreyfus était un véritable amoureux de football, très attaché à l'OM.

Un homme en tongs en train de danser sur la pelouse du Stade Vélodrome. Nous sommes le mardi 23 août 2005 aux alentours de 23 heures. L’OM vient de remporter la Coupe Intertoto et de se qualifier pour la Coupe de l’UEFA. La Corogne a mordu la poussière, 5-1. Cet homme sur la pelouse qui exulte de bonheur, c’est Robert Louis-Dreyfus, actionnaire majoritaire de l’Olympique de Marseille et président du groupe Louis-Dreyfus. Voici certainement l’une des images que le public marseillais gardera de lui.

L’homme d’affaires, né le 14 juin 1946, s’est éteint samedi, en fin d’après-midi. La leucémie qui l’a terrassé l’avait déjà poussé à déserter les terrains de Ligue 1 depuis de longs mois. RLD ne pouvait plus venir aux stades et gérait, quand sa santé le lui permettait, toutes les affaires courantes depuis la Suisse. C’est le 14 décembre 1996 que le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, propose à cet amoureux du ballon rond de reprendre les commandes de l’OM, en tant qu’actionnaire principal. Difficile pour RLD de refuser. Marseille, sa Canebière, sa passion pour le foot… ce dernier, alors patron d'Adidas, avait là l’occasion d’assouvir son envie d’intégrer le monde du football et de redresser l'image d'un club écornée après l'affaire OM-VA.

« Je ne gagnerai jamais de l’argent avec l’OM »

L’homme arrive confiant. Cet héritier d’une dynastie de courtiers en céréales et d'armateurs, né dans les beaux quartiers de Paris, ne manque pas d’arguments. Sa vie professionnelle est une réussite. Lui qui n’a pas eu son bac (il aimait le rappeler, ndlr) mais a été diplômé d’Harvard et de l’EDC (Ecole des Dirigeants et Créateurs d’entreprise) transforme en or, de 1981 à 1989, une société d'études de marché dans le secteur médical aux Etats-Unis (IMS Health). Il relancera également l’agence de pub londonienne Saatchi et Saatchi (89 à 93) avant d'orchestrer jusqu'en 2001, le redressement d'Adidas. Revenu dans le giron familial en 2000, il prend en main LD Com (Neuf Telecom aujourd’hui, ndlr) et fonde Infront, une société de droits sportifs.

Lors de son arrivée à Marseille, RLD affirme : « Je sais que je ne gagnerai jamais de l’argent avec l’OM. » Sans le savoir, le Suisse, naturalisé en 1995, vient de faire un bond vers le futur. En un peu plus de douze ans de présence, il va injecter près de 200 millions d’euros au sein du club phocéen. Le retour sur investissement n’est pas véritablement probant. De titres à l’OM, RLD n’en connaîtra qu’un. Cette fameuse Coupe Intertoto en 2005. Il y aura bien eu deux épopées européennes, deux finales perdues face à Parme en 1999 et devant Valence en 2004, mais également sur la scène nationale (finales de Coupe de France 2006 et 2007). Des mano a mano alléchants pour le titre de champion, avec Bordeaux en 1999 puis en 2009, en mai dernier, toujours face au même adversaire. Mais pas de trophées.

Diouf : « Il était très malade »

Pis, RLD goûte à l’envers du décor, aux tribunaux et à leurs sentences. En juin 2006, dans le cadre de l’affaire des comptes de l’OM, il est condamné à trois ans de prison avec sursis et à 375 000 euros d’amende. Sa peine est finalement réduite quelques mois plus tard à dix mois de prison avec sursis et 200 000 euros d’amende. L’incident échaude l’intéressé. Ce dernier souhaite alors mettre le club en vente. Mais le manque de garanties présenté en mars 2007 par le Canadien Jack Kachkar, un repreneur potentiel, pousse RLD à rester aux commandes.

L’actionnaire principal de l’OM aura également des conflits en interne à régler, à l’image de celui qui avait opposé récemment Vincent Labrune, le président du conseil de surveillance de l'OM et d'Eric Soccer (la holding chapotant la SASP Olympique de Marseille, ndlr) à Pape Diouf, le président du club. RLD avait dû trancher entre les deux hommes, en défaveur de celui qui avait, durant quatre ans, stabiliser le club dans les hautes sphères du classement. Pape Diouf confiait même récemment à l’hebdomadaire Jeune Afrique qu’à l’issue de l’entretien scellant son départ, Robert Louis-Dreyfus était « en pleurs ». L’ancien président du club phocéen n’avait pas omis de préciser qu’à l’époque, l’actionnaire principal était « très malade. »

Amoureux du sport et de ses acteurs, le Suisse (il fut naturalisé en 1995, ndlr) était également administrateur et actionnaire de la formation belge du Standard de Liège. C’était d’ailleurs avec ce club qu'il avait remporté ses plus grands titres sur la scène footballistique avec deux trophées de champion de Belgique (2008, 2009). A 63 ans, la leucémie dont il souffrait depuis plusieurs années, l’a emporté, le privant des instants de gloire dont il rêvait lors de son arrivée aux manettes de l’OM.

La rédaction