Soirée de cauchemar pour Grenoble

Le Serbe et l'équipe de Grenoble sont au plus mal, avec zéro victoire en six matches. - -
Vingt-deux secondes. C’est le temps durant lequel Mécha Bazdarevic et ses joueurs ont eu le sentiment de jouer au football. Le temps pour Gyan Asamoah, servi par Rod Fanni, de précipiter le Stade des Alpes dans le cauchemar. L’horloge affiche maintenant vingt-deux minutes de jeu, et le tableau d’affichage… trois à zéro en faveur des visiteurs lorsqu’en tribunes, la bêtise s’invite à la folle soirée.
Le Red Kaos, un groupe d’ultras isérois, décide alors de se signaler. Placé derrière le but de Jody Viviani, ces « supporters » se manifestent par des fumigènes et le jet d’une bombe agricole sur la pelouse. Clément Turpin, l’arbitre de la rencontre, n’a pas d’autre choix que d’interrompre durant deux minutes la rencontre. Il le fera également en seconde période, peu de temps après le penalty transformé par Gyan pour une faute de main de Rendulic (60e).
En tribunes, c’est l’ironie qui prime. Entre les sifflets et les appels à démission des dirigeants, des « Joyeux anniversaire » tombent des gradins. Le Red Kaos fête ses quinze ans et se fiche visiblement des déboires de son équipe. Déjà sous la menace d’un match à huis-clos, Grenoble ne devrait pas échapper cette fois aux foudres de la Ligue. Un nuage noir de plus au-dessus de la tête d’une formation dernière de L1. « Je suis triste. A cause de petits voyous, le club va inévitablement se faire sanctionner, confiait à l’issue du match le président délégué grenoblois Pierre Wantiez. Une plainte a été déposée pour ces actes d’une grande bêtise. Mais nous enlever des points ou suspendre le stade des Alpes ne serait pas la bonne réponse. »
Ce ne sera pas le seul chantier sur lequel devront se pencher les dirigeants du GF 38. S’il ne « se sent pas du tout menacé », Mécha Bazdarevic ne cache pas son courroux. Sportivement, c’est le grand vide. « Ce n’est pas normal de porter le maillot grenoblois de cette manière. Il faudra rapidement changer d’état d’esprit et se bagarrer pour s’en sortir. En jouant comme ça, il sera impossible de se maintenir. » Difficile de lui donner tort. Hier soir, son groupe n’a jamais semblé en mesure d’inverser le cours de son destin, à l’image d’un Jody Viviani complètement à côté de son sujet.
Mais Grenoble dispose de circonstances atténuantes. Privés de Bostjan Cesar et de Daisuke Matsui, le club avait dû renoncer le matin de la rencontre à deux autres de ses cadres, Nicolas Dieuze et David Jemmali, pour cause de suspicion de grippe A. Evoqué, le report de la partie aurait été rejeté par le médecin fédéral de la Ligue. Lanterne rouge de L1, Grenoble a enregistré sa sixième défaite en six matches cette saison. Trois fois dans l’histoire du championnat de France, ce cas de figure s’est présenté. Mulhouse (36-37) et le Havre (46-47) étaient descendus. En revanche, Caen (88-89) s’était maintenu. Inutile de préciser quel scénario les Grenoblois souhaiteraient imiter désormais.