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Strasbourg: "Un crève-cœur absolu", les ultras ne lâchent pas la contestation malgré la très belle saison

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Le Racing Club de Strasbourg est à Monaco ce samedi pour se rapprocher encore un peu plus de la Ligue des champions. Sixième à un point de la zone C1, le club réalise une saison exceptionnelle sur le terrain, mais pas dans les tribunes où les ultras continuent leur grève: quinze minutes de silence à chaque début de match. Opposés de manière "claire et net au concept de multipropriété", les ultras réclamaient également une rencontre avec Behdad Eghbali, principal dirigeant de BlueCo, propriétaire de Strasbourg et Chelsea. Elle a finalement eu lieu avant le match contre Nice. Sans effet.

"C’est un crève-cœur absolu. Il y a moins de spontanéité dans la joie quand Strasbourg gagne", regrette Alexandre, porte-parole de la Fédération des Supporters du Racing Club de Strasbourg, qui représente notamment les Ultra Boys 90 ou le KCB. Depuis la 1ère journée de Ligue 1 2024/2025, Alexandre reste silencieux pendant les quinze premières minutes de chaque match. Comme plus d’un millier de supporter strasbourgeois.

"Nous avons deux éléments de préoccupations majeures. Il y a une opposition claire et net au concept de multipropriété. Et s’est ajouté à l’été 2024, la prise de contrôle totale de la politique du Racing par les salariés de BlueCo, ou de Chelsea, pour nous c’est pareil. Strasbourg n’est plus autonome. Cela crée du débat dans la région, tout le monde n’est pas d’accord, mais c’est à cause de cela qu’on pratique quinze minutes silencieuses". C’est évidemment une ombre au tableau des dirigeants du Racing, qui vivent une saison quasi parfaite jusque-là.

Une rencontre Eghbali-UB90 pendant un quart d’heure à la buvette

Au sein du club, la contestation est un sujet mais on veut relativiser. "Quand on regarde le stade, on voit bien que ça ne représente qu’une toute petite partie de la Meinau!" Alexandre, porte-parole de la Fédération des Supporters: "Qu’on soit une minorité, je peux le concevoir. On voit qu’une partie du stade n’est pas d’accord avec nous, chacun est libre. Chaque association de supporters est composée de plusieurs centaines de membres tout de même. Nous sommes une minorité mais structurée et agissante".

Un rapprochement aurait pu avoir lieu le week-end dernier avant le match face à Nice. Les contestataires réclamaient absolument une rencontre avec Behdad Eghbali, le co-fondateur de ClearLake Capital et principal actionnaire de BlueCo, homme-clé donc du Racing Club de Strasbourg. "Le principal décisionnaire ne s’est jamais expliqué sur son projet à Strasbourg, c’est une situation choquante" assurait Alexandre quelques jours avant la rencontre. Elle a donc eu lieu, enfin, pendant une quinzaine de minutes à la buvette avant le match Strasbourg-Nice (2-2).

Behdad Eghbali "respecte beaucoup Strasbourg" et est "là sur le long terme"

"Behdad Eghbali est venu au contact des ultras, dans la fanzone. Il a exposé son point de vue, et a affirmé qu’il était là pour le long terme, qu’il a du respect pour le club. Il n’est pas là juste pour la thune et partir ensuite" assure-t-on au Racing. Du côté des UB90, cette rencontre "ne change en rien" leur position et ils assurent que leur "engagement reste entier".

Cet échange prouve que le dialogue reste possible mais les positions seront difficiles à rapprocher. Pour le porte-parole de la Fédération des Supporters, "les actionnaires de Strasbourg ont un projet d’investisseurs qui veulent la destruction du foot européen, de son universalité, du système de promotion/relégation. Des financiers qui ne veulent plus d’aléa sportif. Cette opposition à la multipropriété est le carburant de notre engagement depuis l’été 2023".

"Je suis contre la grève, mais je ne sifflerai jamais les UB90 ou le KCB"

La contestation est donc amenée à durer malgré cette rencontre. Une déception pour certains supporters comme David. "Je suis contre la grève. Les joueurs ne sont pas responsables et c’est dommage qu’on les pénalise. Mais je ne sifflerai jamais les UB90 ou le KCB. Ce sont tout de même eux qui font vivre le stade tout au long de l’année". Plusieurs tendances se heurtent à la Meinau. Ismaël Doukouré, le milieu du Racing, regrette la situation, mais préfère ne pas donner de conseils aux ultras. Vincent Nogueira, ancien joueur et actuel coach de l’équipe féminine en Première Ligue, s’avance un peu plus. "Le foot c’est un sentiment d’identité mais on vient aussi à la Meinau pour avoir des émotions et on n’en a pas toujours eu. Vu la qualité de ce qu’on voit, on devrait apprécier ce qui se passe à la Meinau".

Les Ultras n’ont pas de problème avec l’équipe de Liam Rosenior

La Fédération des Supporters, par la voix d’Alexandre, affirme n’avoir aucun problème avec l’équipe de Liam Rosenior en tant que telle. "Ce qui est important pour nous, c’est que les joueurs mouillent le maillot et respectent le club. Dans ce cadre-là, on l’a dit et répété, on n’a strictement rien à reprocher à l’équipe actuelle qui se dépouille. Mais quand on entend le gardien Petrovic dire que son objectif est de s’imposer à Chelsea, la question est de savoir quel est le respect envers Strasbourg? Est-on considéré comme la réserve de Chelsea?"

Des craintes balayées par une source proche de la direction strasbourgeoise. "Les actionnaires ont injecté 160 millions d’euros dans l’effectif, aident à refaire le stade, le centre d’entraînement sera de top niveau mondial! Chaque club profite de la data base l’un de l’autre. Personne n’est l’esclave de personne. C’est une relation win-win! Grâce à Chelsea, on a quand même Andrey Santos, peut être le meilleur joueur du club au 21ème siècle et Djordje Petrovic, meilleur gardien aussi depuis longtemps. C’est une chance pour le club".

Aurelien Tiercin