Tapie : « Deschamps-Anigo, il faut en virer un des deux »

Bernard Tapie - -
La saison manquée de l’OM
« Je ne suis pas autorisé à donner des diagnostics parce que je ne connais pas les raisons qui font que l’OM, même s’ils n’a pas une équipe canon, arrive à faire 12 matchs sans victoire. Le football est peut-être le sport le plus difficile car il faut des qualités physiques et contrairement à ce qu’on croît, de l’intelligence. C’est un sport individuel qui se joue à plusieurs. Par exemple, en 1993, Alen Boksic doit aller à la Juve. On gagne la finale de la Ligue des champions (1-0 contre l’AC Milan, ndlr) mais il fait le plus mauvais match de sa carrière. Dans les vestiaires, il pleure alors qu’on vient de gagner. Il aurait préféré qu’on perde et qu’il mette trois buts. »
L’avenir de Deschamps
« Est-ce que Deschamps va rester ou pas ? Mais il faut s’en foutre ! J’ai viré Beckenbauer au bout de deux mois (1990-1991) alors que c’était le plus grand entraîneur du monde et qu’il venait de gagner la Coupe du monde. Je le remplace par un jeune mec (Raymond Goethals, qui avait… 70 ans à l’époque, ndlr) qui n’avait jamais entraîné une équipe de D1 et il gagne le championnat et la Coupe de France. Il vaut mieux un entraîneur pas mal avec une super équipe, qu’un super entraîneur avec des nazes. Deschamps, je l’ai mis capitaine quand il avait 20 ans (22 ans en réalité, ndlr). Il s’est montré absolument impeccable. »
L’action de Vincent Labrune
« Je ne le juge pas car je le connais en dehors de son rôle de président et il est très sympa, ouvert, pas con du tout. Mais il a un rôle très compliqué. Le président d’un club de football peut être légitime dans trois cas. Premièrement, il faut qu’il soit un ancien grand joueur ou une figure telle que les joueurs l’admirent. Deuxièmement, qu’il ait de l’argent. Louis Nicollin, par exemple, c’est lui qui paye, c’est lui le taulier. Troisièmement, c’est qu’on ait le sentiment qu’il a le pouvoir absolu. Le joueur écoute son président quand il lui reconnaît une réelle autorité. Il ne faut donc pas jeter la pierre à Labrune. Là où je lui en veux, c’est qu’il faut qu’il essaye de gérer ceux qui sont au-dessus ou en-dessous pour qu’il y ait une cohésion. Or là, il n’y en a pas. Il faut régler la guerre Deschamps-Anigo et en virer un des deux. »
Le rôle de Jean-Pierre Bernès dans le football français
« A l’époque, on m’avait expliqué que c’était un âne bâté ! On se rend compte aujourd’hui que c’est un type très intelligent, qui connaît admirablement bien le football, qui a un grand pouvoir de conviction. C’est le meilleur agent actuel dans le football car il a les meilleurs joueurs. Il applique quelque chose de toléré par les règlements donc il est à la fois agent de joueurs et d’entraîneurs. Si je suis un bon footballeur, je préfère être avec Bernès qu’avec un charlot ! »
La nouvelle génération de joueurs
« Actuellement, je pense qu’on est très loin de les motiver à fond car on leur fait trop miroiter d’argent. Ils ont une vie de débiles ! La plupart du temps, dans certaines équipes, on se demande s’ils ne sont pas au niveau du CM2. Tu peux avoir un imbécile dans une équipe, mais tu ne peux pas en avoir huit ! ».
Les dirigeants de plus en plus lisses
« C’est une évolution générale de toute la société. C’est pareil dans le sport. Le Qatar au PSG est une bonne chose car cela va permettre à une équipe française d’avoir un budget comme celui des plus grandes équipes en Europe. Mais la limite viendra s’ils ne trouvent pas l’incarnation à travers les dirigeants. Pour moi, Leonardo n’incarne rien du tout ! Ancelotti oui, mais Leonardo non. »
Le nouveau Paris Saint-Germain
« Quand tu regardes la composition de l’équipe, tu sais pourquoi ça ne marche pas. Tu en as trois qui jouent de la même manière et qui font la même chose quand tu as perdu la balle… c’est-à-dire rien ! Il y a un problème. Mais il y aura une amélioration de l’équipe et petit à petit, c’est tout le football français qui va s’améliorer. Il y aura peut-être des Canadiens, des Brésiliens ou des Français riches qui vont vouloir venir. Il faut le prendre comme une étape intermédiaire pas très sympathique à vivre, mais qui est porteuse d’espoir pour que le niveau général s’arrange et qu’une équipe ait une chance de remporter la Champion’s League. »
Un retour dans le football
« Ça dépend de Rolland Courbis (rires) ! »