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Taxe à 75% : les clubs sautent au plafond

Valérie Fourneyron

Valérie Fourneyron - -

Le football français sera bien concerné par la taxe sur les hauts revenus. Si son montant sera plafonné en fonction du chiffre d’affaire, la mesure passe toujours aussi mal auprès des présidents de clubs, qui la jugent favorable aux plus riches.

Ils n’y couperont pas. Malgré de longs mois passés à expliquer qu’une application de la fameuse « taxe à 75% » mettrait dangereusement en péril leur équilibre financier, les clubs français seront bien assujettis à une mesure applicable sur les revenus de 2013 et de 2014. C’est ce qu’a annoncé lundi la ministre des Sports dans un entretien accordé au Figaro. « Pourquoi les clubs seraient-ils exclus de cette taxe ?, s’interroge Valérie Fourneyron. Comme l'a très bien dit Pierre Moscovici (le ministre de l'Economie, ndlr), il n'y a pas de mesure dérogatoire et particulière pour le football, qui sera bien concerné par la taxe sur les hauts revenus. »

Objet de polémiques depuis l’élection de François Hollande en 2012, cette « contribution exceptionnelle » en temps de crise prévoit un taux de prélèvement de 75% au-delà d’un salaire d’un million d’euros brut par an. Afin de « prendre en compte la fragilité du modèle économique » des clubs français, la ministre annonce par ailleurs la mise en place d’un plafond de « 5% en fonction du chiffre d'affaires des clubs ». Pas de quoi apaiser la grogne ambiante, bien au contraire… « Nous sommes déjà tous en difficulté financière, sauf les deux gros (Paris et Monaco, ndlr) et on nous rajoute une taxe supplémentaire, peste le président valenciennois Jean-Raymond Legrand. A force de taper sur le football en France, nous allons finir par ne plus en avoir du tout dans ce pays. »

Surnommée « taxe pro-PSG »

Président du Havre (L2), Jean-Pierre Louvel est sur la même ligne : « Quelques centimes d’euros pris actuellement aux clubs français, hors Paris Saint-Germain et Monaco, est une catastrophe pour le football. » Celui qui préside également l’UCPF, le syndicat des clubs professionnels, met le doigt sur un problème qui agite ses pairs. Non seulement le plafonnement de la taxe ne devrait pas soulager leurs finances, mais elle devrait encore accentuer les déséquilibres. « Cela va effectivement profiter aux plus riches, explique l’économiste Pascal Perri. On se base sur le PSG mais le PSG, ce n’est pas le football français. Beaucoup de clubs historiques ont des budgets deux ou trois fois inférieurs. L’effet de plafonnement à 5% ne jouera donc pas. » Ce que confirme le président du comité de surveillance stéphanois Bernard Caïazzo : « Les clubs moyens comme l’AS Saint-Etienne vont payer plein pot alors que le PSG va faire une économie de 20 millions d’euros. On met en place une sorte de bouclier fiscal pour les plus super-riches. » Un sentiment partagé par bon nombre de ses collègues présidents, qui ont donné le surnom de « taxe pro-PSG » à la mesure…

La Ligue de football professionnel (LFP), qui estime que la taxe impactera 13 des 20 clubs de Ligue 1, pour un moment global de 44 millions d’euros, n’est pas encore prête à désarmer. Dans un communiqué commun avec l’UCPF et l’UAF (Union des acteurs du football), la LFP affirme en effet que « certains (clubs) n’ont tout bonnement pas les moyens de l’acquitter ». « La contribution du football professionnel en France est presque d’un milliard d’euros par an dans les caisses de l’Etat, rappelle Pascal Perri. Est-ce qu’il faut rajouter une couche ? » Une question sur laquelle les positions du gouvernement et du football français paraissent aujourd’hui inconciliables.

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S.C. avec L.B.