Thuram : « Une maladie de famille »

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Lilian Thuram, racontez-nous votre visite médicale…
C’est la première fois qu’on me faisait autant de radios. Il s’est avéré qu’au niveau de mes articulations, tout s’était bien passé. Le docteur m’a même félicité, sous-entendant qu’il avait l’impression d’avoir devant lui un jeune joueur. Ensuite, on est passé à l’échographie du cœur. Discutant un peu avec lui, ce dernier m’a indiqué que j’avais le cœur assez gros. Je lui ai demandé sur le ton de la rigolade si c’était grave. Il m’a rassuré, me précisant que les joueurs de haut niveau avaient toujours des cœurs plus gros que la normale. Je lui ai alors indiqué les problèmes cardiaques que j’avais déjà eu dans la famille. Je lui ai avoué que j’avais perdu un frère à cause de cela, que ma mère avait des soucis également à ce niveau-là. Ça a alerté le médecin. Ce qui paraissait déjà anormal est devenu franchement anormal. Après réflexion, le docteur a réclamé la présence de ma mère pour que l’on fasse une prise de sang et que l’on compare nos gênes. Il s’est avéré que j’avais bien le gêne malade de ma mère.
C’est la première fois que vous en avez entendu parler…
Non. Quand j’étais jeune à l’AS Monaco, j’ai perdu mon frère lors d’un accident cardiaque. Du coup, on nous a demandé de passer des tests. J’étais parti voir le cardiologue. Je me souviens très bien de cette consultation puisqu’en sortant, j’avais bien en tête que je ne pourrais plus être joueur de foot. Finalement, j’ai été rassuré à ce niveau-là…
C’est quand même étrange… Vous avez eu une carrière très longue et l’on ne vous a jamais rien dit avant votre visite médicale au PSG ?
Peut-être que les choses n’étaient pas en l’état, tout simplement. Chaque chose évolue. J’avais 22 ans… aujourd’hui j’en ai 36. Si vous avez quelque chose, peut-être qu’avec le temps cela se met en place et devient plus visible.
Vous êtes dans l’attente désormais donc.
Oui, je suis dans l’attente. Il y a des choses qui doivent être faites et on aura la réponse d’ici quelque temps. Espérons que tout aille pour le mieux.
Vous avez eu une estimation positive, une tendance concernant vos chances de continuer à jouer au football…
Je ne sais pas. De toute façon, je pense que ce n’est pas très important de parler de pourcentage. Après, il faut être réaliste. Il faudra bien qu’un beau jour, je m’arrête. Si je m’arrête là, je pourrais me dire que j’ai eu la chance d’avoir pu être soigné à temps. Je me souviens très bien que mon frère a joué un match de basket et qu’il en est mort. Je vois l’aspect positif des choses.
Vous avez encore l’espoir de jouer au PSG ?
Ça va dépendre des résultats. Après, il faut avoir confiance dans le corps médical. Si je prends le temps de discuter avec vous, c’est que pour le moment, l’espoir est là. J’ai confiance dans l’avis du cardiologue et du médecin. S’ils me disent qu’il n’y a pas de problème, eh bien, il n’y aura pas de problème et je continuerais à jouer au football.