Tigana, l’apôtre de la manière forte

Coach méticuleux voire maniaque, le successeur de Laurent Blanc aux Girondins a la réputation d’être un entraîneur à poigne.

Le Président parti, Bordeaux ouvre la page Jean Tigana. Vingt et ans après le départ de son milieu international, les Girondins retrouvent un entraîneur de 54 ans au palmarès fourni (champion de France avec Monaco en 1997), mais à la personnalité controversée. De Lyon au Besiktas Istanbul, Tigana n’a jamais laissé indifférent. L’homme serait exigeant, voire tyrannique : « C’est la rigueur personnalisé », note Alain Giresse. « Ce n’est pas sulfureux d’être exigeant, c’est légitime », défend son président Jean-Louis Triaud.
Jean Tigana, un homme à poigne ? L’intéressé assume : « Pourquoi voulez-vous que je change, ça m’a toujours réussi, dit-il dans un grand éclat de rire. Tous les jeunes que j’ai managés ont réussi au très haut niveau. Quand Thierry Henry me dit ‘’merci coach, heureusement que vous avez été sévère avec moi’’, c’est une récompense. »

Il n’a pas que des amis

Jean Tigana n’a pourtant pas que des amis. A l’annonce de son nom, Franck Dumas, ancien défenseur de l’AS Monaco et actuel entraîneur de Caen, coupe net : « Je ne veux pas parler de lui, je risquerais d’être méchant. » A Londres, à l’aube des années 2000, il mène brillamment le club de Fulham de Division Deux à la Coupe d’Europe. L’aventure se termine devant les tribunaux. Propriétaire du club, le milliardaire Mohamed Al-Fayed le vire en 2003 et porte plainte. Jean Tigana, qui a exercé la fonction d’agent, aurait touché des commissions occultes sur certains transferts. Le technicien français gagne son procès mais l’a mauvaise : « C'est pour ça que j'ai perdu l'équipe de France en 2004 », confiera-t-il plus tard.
Se confier, le nouvel entraîneur de Bordeaux déteste ça. « Je ne m’exprime plus depuis trois ans, lâchait-il il y seulement une semaine. Je suis chez moi à Cassis. » Bientôt, il sera à Bordeaux pour relever l’un des plus grands défis de sa carrière.

AB