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Toulouse. Alban Lafont: "Certains perdent vite la tête"

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EXCLU RMC SPORT. Plus jeune gardien de l’histoire à avoir été titularisé lors d’un match de Ligue 1 (16 ans et 309 jours) en novembre 2015, le Toulousain Alban Lafont fait aujourd’hui partie des cadres du TFC. Il vient de fêter ses 19 ans et s’apprête à vivre son 87e match de championnat ce samedi face à Monaco (17h). Atout de poids dans la lutte pour le maintien, il veut à tout prix laisser son club en Ligue 1. Pour partir ensuite ? C’est une possibilité et l’Angleterre l’attire. Sa trajectoire, ses ambitions, sa vie dans le milieu du foot : le jeune homme, déjà mature, s’est confié à RMC Sport.

Quelle est la différence entre le Alban Lafont de 2015 et celui de 2018 ?

J’ai plus d’expérience. Ça fait maintenant deux saisons et demie que je joue en Ligue 1, donc je me sens de mieux en mieux sur le terrain et je pense que ça se ressent. J’ai "pris" musculairement. Je suis plus costaud, moins frêle qu’à mes débuts. Je suis aussi plus à l’aise avec mes partenaires. Et c’est bien pour l’équipe.

Avec un peu plus de recul maintenant, est-ce que tu t’estimais prêt lors de tes débuts en Ligue 1, à l’âge de 16 ans ?

Oui, je pense que j’étais prêt. Mais je pense aussi que j’étais très jeune. C’était un peu un pari. Soit ça marchait, soit ça ne marchait pas. J’ai eu la chance de réussir mes débuts. Mais justement, je dirais que c’est plus de la chance.

Comment as-tu géré, au quotidien, ces trois années au plus haut niveau ?

Je suis très bien entouré. Et quand un joueur est très bien entouré, c’est plus facile pour lui de se montrer sur le terrain. Grâce à ma famille, à mon agent, je garde les pieds sur terre. C’est grâce à eux si j’en suis là. Mon frère m’aide beaucoup aussi au quotidien. Il est avec moi, il m’aide beaucoup. Dès que j’ai un petit souci dans la vie de tous les jours, il s’en occupe.

C’est ta troisième saison au plus haut niveau avec le TFC, la deuxième où tu joues le maintien. Est-ce un apprentissage en accéléré finalement ? Avec plus de pression ?

Disons que la première saison, je le ressentais moins. J’étais plus insouciant, je venais d’arriver et je ne connaissais pas trop encore. Mais à la fin, c’est vrai que ça devient un peu pesant de jouer le maintien. Tu apprends plus vite, c’est plus dur. Bon, c’est peut-être mieux pour la suite. Je peux en ressortir plus grand.

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Est-ce que ça a été dur de voir le coach Pascal Dupraz partir ? Se sent-on un peu fautif ? Ou on se dit que le football est ainsi fait ?

Forcément, on se sent fautif. Parce que quand le coach part, on est responsable. Après, il faut vite passer à autre chose, se concentrer sur le terrain pour prendre des points rapidement.

Qu’est-ce que ça a changé dans l’équipe ?

Ça a fait changer nos idées. Car le départ d’un entraîneur, ça bouleverse l’équipe. On s’est tous ressaisis, remis en question. On a simplifié notre jeu et c’est ce qui nous a réussi sur les derniers matchs. Au niveau du classement, c’est toujours difficile, mais on essaye en tous cas d’être plus sereins. D’avoir confiance en nous.

Le fait d’avoir vécu la fameuse "remontada" il y a deux saisons peut vous aider ?

Forcément. Ça va nous donner un supplément d’âme. C’était vraiment extraordinaire. C’était chaque jour une remise en question. On donnait le maximum sur le terrain. Là ça va se jouer sur des détails. Il faudra garder la concentration. Mais bon, si on peut se maintenir avant, ce sera avec plaisir (sourire) !

Comment te sens-tu dans ce milieu du foot, à seulement 19 ans ?

Disons que quand je suis arrivé, je regardais partout, comment ça se passait. J’étais un peu surpris. Mais maintenant, je suis habitué. J’ai les bons réflexes, je sais comment réagir. Mais ce n’est pas facile tous les jours. Il y a beaucoup d’avantages mais il faut essayer d’être malin pour être le meilleur possible.

Pas facile ? Pourquoi ?

Avec les entraînements, les matchs, les critiques… Même si j’essaye de ne pas écouter ou lire ce qu’il se dit sur moi pour me concentrer sur le terrain et ma progression. Mais il faut garder la tête sur les épaules. Certains perdent vite la tête. Il faut être bien entouré. Un gage de réussite.

Tu t’estimes à quel niveau dans ta progression ?

Je suis bien. J’aimerais être encore plus haut, parce que je suis ambitieux. Mais je progresse. Avec mon coach des gardiens (André Biancarelli, ndlr), avec le staff à Toulouse. Et voilà, il faut continuer sur cette lancée.

Ça n’a pas dû t’échapper, tu es classé 2e d’une étude qui a consacré les footballeurs les plus prometteurs. Comment tu le reçois ?

C’est toujours gratifiant de voir des classements comme ça. Mais pour vous dire, je ne regarde pas trop ce genre de choses. Je me concentre sur le terrain et je travaille tous les jours pour être le meilleur possible.

Tu es devant Killian Mbappé. Tu ne l’as pas appelé pour le chambrer ?

Non, du tout (il rigole) ! Franchement, il est bien plus haut que moi en fait. Il joue la Ligue des champions, évolue dans un très grand club. Moi je suis à Toulouse, où j’apprends tous les jours et j’essaye de progresser.

Le premier de ce classement, c’est l’Italien Gianluigi Donnarumma, le gardien de l’AC Milan. Vous avez quasiment le même âge (Lafont est né le 23 janvier 1999, Donnarumma le 25 février 1999). Est-ce que tu suis ses performances ?

Je regarde de temps en temps le championnat italien. Mais plus dans la globalité. Pas forcément le Milan AC uniquement.

On est tous supporter d’un club. Est-ce qu’il y en a un que tu suis depuis longtemps ?

Depuis tout petit, j’aime beaucoup Arsenal. Depuis l’époque de van Persie, en fait. J’aimais beaucoup son style et je trouvais qu’il tirait l’équipe vers le haut. Je n’étais pas gardien à l’époque. Mais même si tu es gardien, tu peux aimer des attaquants. Et c’est à travers lui qu’Arsenal m’a vraiment marqué.

Comment vois-tu ton avenir ? Est-ce que ton évolution passe par un gros club français ? Ou l’étranger ne te fais pas forcément peur ?

Dans l’immédiat, j’aimerais avant tout sauver mon club. Je me concentre beaucoup sur le TFC et le maintien, parce que c’est quelque chose d’important. Après, on verra par la suite. Si je suis performant et que je mérite de passer un palier, ça viendra tout seul. Je ne me préoccupe pas trop de ça. Je laisse mon entourage s’en occuper, moi je me concentre sur le terrain. Si je mérite d’aller dans un grand club, j’irai. Et l’étranger ne me fait pas particulièrement peur.

Tu nous confiais regarder beaucoup de foot à la télé et particulièrement l’Angleterre. C’est un championnat qui t’attire ?

Oui, forcément. Comme beaucoup de joueurs de football, la Premier League attire. C’est un championnat très relevé. Il y a beaucoup de grosses équipes, qui vont loin en Ligue des champions. Et là-bas, les stades sont quasiment pleins à chaque match, il y a beaucoup de ferveur.

Tu es sous contrat jusqu’en 2020. Seras-tu toulousain la saison prochaine ?

Je ne sais pas encore. On verra. Mais l’important pour moi, c’est le maintien. Après, on verra.

Ça doit être difficile d’être pris entre l’attachement pour ton club et l’envie d’évoluer dans ta carrière ?

Oui, forcément. Quand tu es attaché à ton club, ce n’est pas facile. Surtout que moi, je dois tout au TFC. Ce sont eux qui m’ont fait commencer. Ils seront toujours dans mon cœur. Et c’est vrai que ce n’est pas facile.

On évoquait Donnarumma. Il a vécu ses premières sélections avec l’Italie. Est-ce que tu as fait des Bleus une ambition ?

Oui, forcément, c’est une ambition. Etant un joueur français, on rêve tous de jouer en équipe de France A. C’est un objectif d’y arriver un jour.

C’est quelque chose qui te semble proche ou lointain ?

Ce sera en fonction de mon évolution, de mes progrès. On verra. Mais ça ne viendra qu’en étant bon en club en fait.

Wilfried Templier