Wantiez : « Grenoble n’a pas sa place en Ligue 1 »

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Comment vivez-vous cette série de onze défaites qui vous rapproche du record européen ?
On a déjà battu le record de France et ça suffit à notre malheur. Ça nous fait très mal et on a parfois presque honte. On se pose forcément beaucoup de questions. Pour tout l’entourage du club et les joueurs, car ce sont eux qui sont au centre, c’est très difficile à vivre. Mais notre rôle est de regarder au-delà de la galère actuelle.
Vous considérez-vous déjà en Ligue 2 ?
Des jours oui, et des jours non. Tant que les joueurs y croient, j’y crois encore. Mais on réfléchit effectivement dès maintenant à l’hypothèse d’être en Ligue 2 l’année prochaine. C’est du bon sens d’y penser.
Quel est votre diagnostic et quelles peuvent être les remèdes ?
Répondre à cette question nous ramène deux ans en arrière. J’en parle d’autant plus librement que je n’étais pas encore à Grenoble lors de la montée. La question est : est-ce que Grenoble est à sa place en Ligue 1 aujourd’hui ? A mon avis, non. Beaucoup de gens m’avaient mis en garde quand j’avais signé, me disant qu’il n’y avait pas de football de haut niveau à Grenoble, que c’était un contexte particulier, avec un propriétaire étranger etc.
Quel est ce contexte particulier ?
C’est le seul point positif : je ne l’ai pas trouvé. Le vrai constat est que Grenoble est monté par la volonté de 20 joueurs et d’un staff. La deuxième partie de saison l’an passé (17 points pris contre 26 lors de la phase aller, ndlr) nous avait déjà mis très sérieusement en alerte. On savait qu’on se préparait une saison compliquée. On ne s’est jamais menti par rapport à ça. Tout ce qu’on a d’un club de première division, c’est un public et un stade. Il y a de la place pour le football à Grenoble. Mais on ne se voile pas la face, le football de haut niveau exige des conditions de travail qui ne sont pas réunies aujourd’hui. Il reste beaucoup de chemin pour devenir un vrai club de première division.
L’entraîneur Mecha Bazdarevic a-t-il toujours la confiance des dirigeants, mais surtout des joueurs ?
On pense que oui après avoir perdu deux matchs (à domicile contre Nancy et Lille) qu’on mérite de gagner. Mais mériter, ça ne veut rien dire dans le football. Notre sentiment est que Mecha et son staff travaillent bien, et que les joueurs ont envie de travailler avec ce coach. On a la chance d’avoir un entraîneur attaché au projet grenoblois, alors qu’il avait les moyens de partir l’année dernière. C’est pour cette raison qu’on pense qu’il vaut mieux continuer avec Mecha.
Que souhaite le propriétaire, Index, pour le GF38 ?
Je ne m’exprime pas en leur nom mais je ne vais pas me défiler. Quand Index a racheté le GF 38, c’était une start-up qui générait de gros profits et avait de grosses ambitions en Europe. Très clairement, la crise économique a frappé très fort au Japon et notamment dans le secteur des loisirs. Leurs moyens ne sont plus tout à fait les mêmes. Ils admettent avoir sous-estimé la complexité de monter un club de football en France, et en Europe en général. C’est la raison pour laquelle ils sont venus me chercher, pour construire.
Craignez-vous un départ de l’actionnaire ?
Il est probable que certains à Tokyo y pensent. De manière générale, on ne trouve plus facilement des mécènes qui mettent beaucoup d’argent dans le football. Ce qui nous pénalise est l’absence de structures. Un départ serait un énorme coup d’arrêt pour le football à Grenoble.