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Pas de nouveau maillot pour Laval en Ligue 2: "C'est ma petite pierre pour la planète", explique son président

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Le Stade Lavallois a pris une décision rarissime ces derniers temps: ne pas renouveler sa collection de maillots pour la saison 2025-2026. Les Tangos arboreront les mêmes tuniques que la saison dernière pour des raisons "écologiques, économiques et sociales". Le club mayennais, dans le sillage de son président Laurent Lairy, s’est engagé dans une démarche de responsabilité environnementale depuis plusieurs années. En moyenne, les clubs jettent 15% des maillots de la saison précédente.

Pour le créateur du label Fair Play For Planet, Julien Pierre, "c’est un message extrêmement fort envoyé par le Stade Lavallois". "Ce n’est peut-être pas le club qui vend le plus de maillots au monde, mais il y a quelques années, personne n’aurait pris cette décision", estime-t-il. Cette décision? Celle du club de Ligue 2 de ne pas changer de tunique pour la saison à venir, et donc de jouer avec les mêmes équipements qu'en 2024-2025.

Laurent Lairy, le président de Laval, explique ce choix fort. "On réfléchit à notre responsabilité sociale, environnementale et économique", justifie-t-il. "Dans le domaine du merchandising, le bilan carbone n’est pas flatteur car les maillots font le tour du monde avant d’atterrir sur le dos de nos joueurs." Le sujet du textile touche particulièrement le dirigeant qui y a consacré près de 35 ans de sa carrière professionnelle. "Garder les mêmes jeux de maillots sur deux ans, c’est du bon sens car même si cela génère du chiffre d’affaires, les clubs jettent en moyenne 15% du stock de l’année N-1."

1500 ventes de maillots par saison à Laval

Bien sûr, le Stade Lavallois n’est pas le plus gros vendeur de maillots d'Europe, ni même de France. "Dans les belles années, on peut vendre jusqu’à 1500 maillots par saison", précise Laurent Lairy. "Ce n’est pas neutre. Je ne donne pas de leçons aux autres même si quelle que soit la taille du club, 15% de déchets, c’est énorme."

Comme le dit Laurent Lairy, c’est sa "petite pierre pour la planète". Car il a engagé son club dans une démarche écologique. "On a installé des systèmes de circuit fermé et de récupération d’eau de pluie pour l’arrosage de nos terrains, on a changé tous nos éclairages pour installer des LED, et même la nourriture servie dans nos loges est mesurée et adaptée pour avoir le moins de pertes."

Une troisième saison de suite avec le même maillot en 2026-2027 ?

À l’aube de la saison 2025-2026, aucune décision à plus long terme n’est encore prise par le club quant à l’avenir de ses maillots. "On pourrait les conserver une troisième saison de suite. Pourquoi pas? On fera le bilan à la fin de saison pour voir si les économies en carbone sont réelles et si la perte en chiffre d’affaires est trop forte", indique le dirigeant.

Avec un brin de malice, le Mayennais imagine peut-être un intérêt nouveau. "Ça peut être un coup aussi si les supporters français veulent le premier maillot qui a servi deux années de suite! Je blague évidemment mais peu importe, je suis le garant de ce qu’on peut éviter de consommer pour rien." Cette décision fait déjà du bruit, en effet. « J’ai regardé sur LinkedIn et les réseaux sociaux, c’est la publication la plus vue du Stade Lavallois et de loin", apprécie Julien Pierre.

Un marché à près de 4 milliards de dollars dans le monde

L’équipementier du club, Kappa, a été associé à la démarche. "C’est une opération neutre pour eux car il y a un équilibre entre les ventes et les coûts de production", selon Laurent Lairy. Laval et Kappa essaient déjà de limiter l’impact écologique de leur collaboration. À l’occasion des 120 ans du club en 2022, le Stade Lavallois avait demandé à la marque italienne de produite le maillot au Portugal.

"Le prix de revient était plus cher et ce n’est malheureusement pas possible de le faire pour les maillots classiques mais c’est une réflexion que l’on porte." Laval ouvre donc la voie en France (cela a déjà été fait à l'étranger) mais pour les plus gros clubs du monde, les enjeux financiers sont colossaux. En Ligue 1, le marché des ventes de maillots pèse 100 millions d’euros par saison, dominé largement par l’OM et le PSG. Au niveau mondial, c’est 3,8 milliards de dollars et le Global Football Jerseys Market Size and Scope prévoit une croissance jusqu’à 5,5 milliards de dollars en 2033.

Aurélien Tiercin