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Blanc : « Quand vous tentez une panenka, il faut la réussir »

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L’entraîneur des Girondins revient sur la performance de son équipe face au Bayern Munich et évoque le loupé de Yoann Gourcuff sur le premier pénalty raté par la star bordelaise.

Laurent Blanc, quelles sont vos impressions au lendemain de cette victoire (2-1) face au Bayern Munich en Ligue des Champions ?
Ça fait partie des matches très intéressant à jouer. N’oublions pas en effet qu’on jouait contre un grand club. Le Bayern Munich restera à jamais un grand club vu son histoire et son palmarès. Certes hier, ils avaient quelques absences qui les ont pénalisés (Ribéry, Robben, ndlr), mais cela n’a pas empêché Bordeaux de réaliser une grosse performance. Sans les deux penalties manqués, l’ampleur du score aurait davantage reflété notre domination sur eux. C’est une victoire méritée, même si on a souffert jusqu’au bout.

Avez-vous un petit arrière-goût d’inachevé avec ces deux penalties manqués ?
Non, car on s’est procuré les occasions. On a tout bien fait jusqu’à la réalisation des penalties. Maintenant un penalty : ça se tire, et ça se marque ou ça se loupe… On en a eu la démonstration.

Yoann Gourcuff s’est-il pris pour Zidane en tentant cette panenka ?
Vous lui demanderez…

Après la rencontre, vous avez pourtant déclaré qu’il avait sans doute "manqué un peu d’humilité"…
Je ne veux pas revenir là-dessus. J’ai dit ce que je pensais… C’est exactement comme si un joueur déborde sur le côté, angle fermé, et qu’il tire. S’il marque : tout le monde lui dit bravo. S’il ne marque pas alors qu’il y avait une solution au point de penalty : il y a une déception. Un penalty, ça se rate… Mais quand vous tentez une panenka, il faut la réussir. Sinon, ça vous porte préjudice. Mais je ne me fais pas trop de soucis pour Yoann. Et j’espère bien que c’est lui qui tirera le prochain penalty. En tout cas, moi je le désignerai pour qu’il le fasse. Le principal est qu’on ait gagné le match malgré ces ratés. Si on avait perdu en ratant ces deux penalties, on aurait vraiment eu la tête dans le sac ce matin.

Comment expliquez-vous la différence de performance des Girondins entre les deux défaites à Saint-Etienne et à Auxerre, et le match d'hier soir ?
Vous savez, la boule que vous avez quand vous êtes un petit peu anxieux, lorsque vous craignez l’adversaire… Eh bien Bordeaux a toujours cette petite boule en Ligue des champions. Je ne pense pas qu’on l’ait eu à Saint-Etienne ou à Auxerre. Or, c’est une chose qu’il faut avoir tout le temps, quel que soit l’adversaire.

A mi-parcours, quel bilan tirez-vous de votre campagne en Ligue des Champions ?
On a pris un bon départ dans cette compétition, mais il reste trois matches et rien n’est fait. Dans notre groupe, on pensait que la Juve et le Bayern auraient pris le maximum de points, mais ils se sont neutralisés entre eux (0-0, 2e journée, ndlr). La Maccabi Haïfa n’a pas encore pris de points, et on espère bien qu’ils vont réussir à leur en prendre quelques uns avant de nous rencontrer.

Un mot sur le "Grand chelem" des clubs français cette semaine en Ligue des Champions... Y a-t-il une prise de conscience que cela devient possible ?
Je crois que oui. Les clubs français ont évolué dans leur manière d’appréhender cette compétition. Auparavant, les affrontements tournaient souvent à l’avantage des clubs anglais, espagnols, italiens, ou allemands, et je crois qu’il y a maintenant une certaine prise de conscience collective qu’un club français peut rivaliser avec ces équipes sur un match. De plus, le fait de jouer de plus en plus régulièrement cette compétition nous aide à faire de bons résultats.

Vous nous aviez fait part de votre colère concernant le calendrier. Entre le match face au Bayern et celui face au Mans ce week-end en championnat, vos joueurs auront moins de 72 heures pour récupérer... Les avez-vous sentis fatigués ?
Je dirais que le match contre Rennes ou le Maccabi Haïfa a été plus dur pour les joueurs. Il ne faut pas oublier qu’on a joué à dix contre onze mercredi (après l’expulsion de Müller à la 30e, ndlr). Si on avait joué à onze contre onze, je pourrais dire que Bordeaux a fait un grand match. Là je me retiens, et je considère qu’on a fait un bon match. A dix contre onze, c’est toujours plus facile. Donc au niveau de l’énergie physique, je ne pense pas qu’on ait été dans le dur mercredi soir.

La 10e journée verra aussi le choc entre l’OM et le PSG dimanche. En tant qu’ancien joueur de Marseille (1997-1999), que pouvez-vous nous dire là-dessus ?
Pour en avoir disputé quelques uns, je peux vous dire que c’est un match plaisant à jouer. C’est notre « Clasico » à nous, en France, entre deux grands clubs de football qui pourraient être encore plus grands. A travers ce Clasico, il y a beaucoup de choses qui se jouent : c’est le Sud contre le Nord, la capitale contre la province, tout les oppose… Alors maintenant, vous dîtes que ce sont deux grands clubs. Mais un grand club doit avoir une grande équipe, des grands joueurs et obtenir des trophées... Sur les cinq dernières années, qui a remporté des titres ? Ce n’est pas très compliqué : il y a Lyon qui a tout remporté pendant des années, et Bordeaux l’année dernière.

De votre côté, vous serez opposé au Mans. Quelle est votre opinion sur votre adversaire de samedi (19h) ?
C’est une équipe qui a peu évolué, mais qui a tout de même perdu des joueurs importants ces cinq dernières années. C’est un club bien installé en Ligue 1. J’ai revu Le Mans – Boulogne (1-1) hier à trois heures du matin, et j’ai pu m’apercevoir qu’elle était très imposante physiquement. On reste sur deux défaites en championnat, et il faudra faire bien attention à ne pas leur laisser penser qu’ils peuvent eux aussi nous battre.

propos recueillis par Olivier Schwarz (RMC Sport)