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Di Matteo, finaliste et menacé

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Remplaçant « intérimaire » d’André Villas Boas sur le banc de Chelsea depuis le mois de mars, Roberto Di Matteo a su relever une équipe exsangue pour la conduire en finale de la Ligue des champions. Suffisant pour conserver sa place la saison prochaine ?

Les effusions, il les a laissées aux joueurs. Quelques minutes après le coup de sifflet final, Roberto Di Matteo, le simple adjoint devenu chef, goûtait paisiblement quelques pas sur la pelouse du Camp Nou. Seul un léger sourire trahissait la satisfaction du bon coup joué en terre catalane. La qualification de Chelsea face au champion d’Europe en titre en rappelle cependant une autre. En 2010, l’Inter Milan avait terrassé l’ogre espagnol au même stade de la compétition. Les Blaugrana avaient alors buté sur la même ferveur défensive. Samuel Eto’o s’était dépouillé dans un rôle d’arrière gauche, comme Didier Drogba immense lutteur défensif mardi soir. A la tête de l’Inter d’alors, José Mourinho avait lancé les grands principes d’un plan anti-Barça, basé sur un engagement défensif total.

Cette tactique, Roberto Di Matteo se l’est appropriée. L’Italien a redonné tout son pouvoir aux tauliers (Terry, Cole, Lampard, Cech, Drogba) de l’équipe construite… par Mourinho lors de ses années « Blues ». Et ceux-là mêmes qui avaient causé la perte de Villas Boas, viré du banc londonien quelques mois après une prise de fonction trop autoritaire, ont redonné vie à ce monstre d’efficacité qu’est Chelsea. Di Matteo (41 ans) n’avait pourtant pas été épargné par les critiques après son éviction de son précédent club, West Bromwich Albion, en février 2011. Certains cadres de « WBA » avaient ainsi évoqué un entraineur distant, pas toujours impliqué au quotidien, impénétrable. Au lendemain de sa nomination à la tête des Blues, Di Matteo avait lui-même déclaré : « Je n’ai aucun ami. Ce sont mes expériences de vie qui m’ont fait ainsi. »

Un homme de coup plus qu’un bâtisseur

Depuis la prise de fonction de l’ « intérimaire » Di Matteo, Chelsea n’a perdu qu’une seule fois. Une dynamique parfois miraculeuse, à l’image de la double confrontation face au Barça, marquée par les choix tactiques spectaculaires du nouveau coach. Avant un déplacement crucial à Arsenal (0-0) le week-end dernier, Di Matteo a ainsi osé laisser huit joueurs au repos, faisant de la Ligue des champions l’objectif numéro un.

A la tête d’une équipe qualifiée en finale de la Cup (le 5 mai face à Liverpool, ndlr), toujours en lice pour arracher la quatrième place du championnat synonyme de tour préliminaire en C1, Di Matteo a pourtant peu de chances de conserver son poste. Il a bien été entendu par la direction du club pour assurer le job la saison prochaine. Mais il n’a pas le profil de l’entraineur bâtisseur souhaité par le patron Roman Abramovitch. Son image d’homme de coup semble aujourd’hui contradictoire avec la volonté du club de rajeunir l’effectif, baisser la masse la salariale et démarrer un nouveau cycle. Di Matteo partira. A moins d’un nouvel exploit ?