En Europe, c'est le big-five contre le reste du monde

Liverpool face à Manchester City lors du Community Shield - ICON SPORT
Le rapport s’intitule "Project Famous", a été rédigé par le cabinet d’étude Deloitte, connu pour ses publications en économie du sport, et a été présenté aux membres du Conseil de stratégie de football professionnel de l'UEFA la semaine dernière. Le journal The Times a pu le consulter et a dévoilé la plupart des thématiques abordées.
Le Big-Five avale le reste du continent
Premier élément, le football européen serait caractérisé par un très haut niveau d’inégalité entre les clubs du Big-Five (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie, France) et le reste du continent. Cette inégalité se jouerait essentiellement sur le niveau médiatique.
En effet, le cabinet Deloitte admet que les ligues anglaises, allemandes, espagnoles, françaises et italiennes, à travers leur notoriété et leur popularité, captent de plus en plus d'argent des pays européens, via les accords de droits TV, à l’encontre des ligues locales.
Par exemple, en Scandinavie (Danemark, Norvège et Suède), les montants versés pour les droits de diffusion de la Premier League sont plus importants que pour les ligues nationales de ces pays. L'année dernière, les trois pays ont versé 130 millions d'euros pour la diffusion de la Premier League, 122 millions d'euros pour leur championnat national et 83 millions d'euros pour les compétitions européennes (Ligue des Champions et Europa League).
Résultat, "l’écart des recettes totales entre les clubs des cinq grandes ligues et les 622 clubs des 50 autres ligues européennes de haut niveau combinées est passé de 4,1 milliards d’euros lors de la saison 2007-08 à 9,6 milliards d'euros en 2016-2017 et encore plus aujourd’hui."
Les transferts du Big-Five vers le reste du monde de moins en moins important
Deuxième élément, au niveau des transferts et des transactions entre clubs. Alors que, pendant longtemps, les clubs du big-five captaient les pépites et les stars des autres championnats contre de l’argent, les billets circulent dorénavant principalement entre équipes anglaises, espagnoles, allemandes, italiennes et françaises.
Celles-ci prendraient les joueurs européens de plus en plus tôt, ne payant que des indemnités de formation et non plus des transferts importants. Selon le rapport, "67% (soit 3,5 milliards d'euros) du total des dépenses de transfert des clubs du big-Five ont été versés à d'autres clubs de la même zone la saison dernière". Ce chiffre était de 56% (1,4 milliard d’euros) en 2007-2008.
Autrement dit, les grands clubs commercent entre eux pendant que les autres les regardent en espérant participer à la foire.
Un calendrier qui capte toute l'attention
Enfin, dernier élément d’inquiétude pour l’UEFA, l’organisation du calendrier des championnats du Big-Five, dorénavant étalé de vendredi au lundi. En conséquence, tous les créneaux de diffusion sont trustés par ces matchs, sans aucune possibilité de monopole médiatique pour les autres ligues.
Le public préférant regarder une rencontre de Premier League plutôt qu’un match de son championnat local diffusé en même temps, la part d’audience à la télé et dans les stades va chuter et provoquer de graves bouleversements économiques.
C’est simple, en 10 ans, "la plupart des autres ligues européennes ont connu une baisse ou une croissance nulle du nombre de spectateurs et de téléspectateurs".
Pour l’UEFA, ce constat alarme sur les risques d’un éclatement et d’une segmentation du football continental, entre les très puissants et tous les autres. Peut-être que la future réforme des compétitions européennes, prévue en 2024, pourrait changer cela... ou l'accentuer encore.