Fair Play Financier: pourquoi l'UEFA aura bien du mal à frapper durement le PSG

Vendredi soir, Mediapart révélait comment le PSG parvenait à contourner le Fair Play Financier, mais surtout comment le club avait été plusieurs fois couvert par l'UEFA, notamment sous la direction de Michel Platini et son secrétaire général d'alors Gianni Infantino. Une enquête menée par le média français et ses partenaires du réseau European Investigate Collaborations grâce aux "Football leaks" obtenus par le journal allemand Der Spiegel.
A la lumière de ces informations il semble évident que la confédération européenne est peu à l'aise avec la gestion du dossier parisien. A l'UEFA, peu sont ceux qui envisagent une lourde sanction pour Paris dans les mois à venir...
"Vu la faiblesse du dossier, l'UEFA n'est pas en position de force". Cette confession faite à RMC Sport par un proche du dossier montre bien que le rapport de force entre la confédération européenne et le Paris Saint-Germain n'est pas forcément à l'avantage de celle qui devrait être la plus puissante. Et même si selon plusieurs témoignages, le président actuel de l'UEFA, Aleksander Čeferin ne ferait pas preuve d’interventionnisme dans les dossiers liés au Fair Play Financier, la puissance du PSG, l'intérêt de la Ligue des champions et les règles de l'Union européenne compliquent clairement la bonne marche du FPF.
L'UEFA sait que le Fair Play Financier est attaquable en justice
On a bien compris à la lecture de l'enquête de Mediapart que depuis 2014, Paris avait plusieurs fois menacé l'UEFA d'attaquer en justice le Fair Play Financier, ce qui lui a permis d’obtenir quelques arrangements. Il faut dire qu'à Nyon, où se trouve le siège de la maison du football européen, on a bien conscience que le premier club qui décidera de mettre les moyens pour s'attaquer à ses règles de contrôle financier aurait de bonnes chances de l'emporter.
En coulisses, l'UEFA aurait d'ailleurs déjà été mise en garde par la Cour de Justice de l'Union européenne au sujet de ce "système d'autorégulation qui contrevient à la liberté d'investissement", comme cela lui a été signalé en substance. Nul doute que les avocats du PSG ont fait le même constat. La chambre de jugement de l'ICFC (Instance de contrôle financier des clubs) marche donc sur des œufs. Et si elle a déjà prononcé des exclusions de toutes compétitions européennes (par exemple pour le Rubin Kazan en octobre dernier), elle aura plus de mal face aux clubs les plus puissants d'Europe.
Le PSG pourra choisir la société qui va réétudier ses contrats qataris
En apparence, la chambre de jugement de l'ICFC montre pourtant toute sa sévérité et surtout sa détermination. En témoigne sa demande de renvoi du dossier parisien auprès de la chambre d'instruction, appelée à reprendre son enquête. Mais là encore, à part mettre toujours un peu plus Paris sous pression, sa conclusion ne sera pas nécessairement très différente de celle de juin quand elle avait décidé de classer le dossier.
A l'époque, deux agences certifiées par l'UEFA avaient étudié les contrats de sponsoring qataris du PSG pour savoir s'ils étaient surcotés. Leurs conclusions étaient diamétralement opposées et la chambre d'instruction avait opté pour celle plus favorable à Paris, qui avait d'ailleurs été choisie par le club. Dans les prochaines semaines, une troisième agence devrait donc se pencher sur les sponsors du club de la capitale et sa réponse fera foi. Une agence indépendante, toujours certifiée par l'UEFA... et qui sera choisie par le PSG, comme le stipule le règlement du Fair Play Financier.
Mais cette agence, choisie par le PSG mais payée par l'UEFA, pourrait ne pas avoir à débuter son travail d'enquête, puisque comme l'a révélé ce dimanche le JDD, le club de la capitale a décidé de faire appel auprès du Tribunal Arbitral du Sport de la décision de procéder à une nouvelle enquête de ses contrats de sponsoring.