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Il y 18 ans, PSG-Galatasaray dégénérait gravement

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Le PSG accueille Galatasaray, ce mercredi en Ligue des champions (21h, en exclusivité sur RMC Sport 1). Dix-huit ans après les violents affrontements entre supporters qui avaient éclaté au Parc des Princes et entraîné une longue interruption de la rencontre. Le dispositif de sécurité a été renforcé pour ces retrouvailles, même si le contexte semble moins électrique qu'en 2001.

C'est l'un des événements les plus violents de l'histoire du Parc des Princes. Très clairement. Ceux qui ont assisté à ce match s'en souviennent encore parfaitement plus de dix-huit ans après. Et en gardent forcément un souvenir traumatisant. Pour le comprendre, il faut remonter au 13 mars 2001. Ce soir-là, le PSG accueille Galatasaray en Ligue des champions. Le format de la compétition propose à l'époque deux phases de groupes avant les matchs à élimination directe. Et cette affiche vient clore la deuxième phase, avec un Paris déjà éliminé et un Galatasaray qualifié pour les quarts de finale. L'enjeu sportif est donc très limité. Mais chez les supporters, l'affaire est tout autre... 

"Une revanche" entre hooligans

Un an après les graves incidents qui ont débouché sur la mort de deux fans de Leeds poignardés à Istanbul (en marge d'une demi-finale de Coupe de l'UEFA), les supporters turcs débarquent avec une réputation houleuse dans la capitale. De quoi exciter les suiveurs du PSG les plus radicaux. D'autant que des affrontements ont déjà eu lieu entre les deux camps en 1996, en marge d'un 8e de finale retour de Coupe des coupes (4-0). Et que dans le milieu hooligan, il se murmure que les Parisiens n'en sont pas forcément sortis vainqueurs sur leur terrain. Ce nouveau rendez-vous prend des allures de "revanche". Plusieurs groupes stambouliotes réputés pour leur mauvais comportement ont fait le déplacement. 

Des fans turcs venus de France et d'Europe

Les autorités ont classé la rencontre à hauts risques et un important dispositif policier est mis en place. Ça n'empêche pas quelques incidents hors du stade durant l'après-midi. Mais c'est à la mi-temps du match, que la situation dégénère totalement dans les tribunes. Des centaines de fans turcs, pour beaucoup venus de France et d'Europe, ont pris place dans le quart de virage collé à la gauche d'Auteuil (en plus de ceux venus d'Istanbul qui occupent la tribune visiteurs, à droite d'Auteuil). Certains arborent des écharpes de l'OM en guise de provocation. 

Une grille de sécurité cède

Après une première période marquée par des insultes et des jets de projectiles, une grille de sécurité cède au niveau de la partie haute d'Auteuil. Des dizaines d'ultras en profitent se ruer dans le quart de virage voisin et entrent en contact avec les fans turcs. Des bagarres très violentes éclatent. Les coups pleuvent. Le service d'ordre est complètement dépassé. Canal + diffuse les images en direct. A l'opposé du stade, certains hooligans de Boulogne se fraient un chemin pour venir prêter main forte aux groupes d'Auteuil (les deux virages ne sont pas encore en guerre ouverte à l'époque). Le quart de virage turc se retrouve pris dans un étau dévastateur. Paniqués, certains partisans de Galatasaray pénètrent sur la pelouse afin d'éviter le lynchage. 

Le match arrêté plus de vingt-cinq minutes

L'arbitre est contraint d'arrêter le match. L'interruption dure plus de vingt-cinq minutes avant que la situation puisse être à peu près rétablie, avec l'intervention musclée des forces de l'ordre dans les gradins. Cinquante-six personnes blessées sont évacuées. Vingt-quatre sont amenées directement à l'hôpital. Neuf individus sont interpellés, puis relâchés. Au milieu de ce chaos, le PSG de Luis Fernandez s'impose finalement 2-0 grâce à un doublé de Christian. Mais c'est évidemment anecdotique. 

Un contexte diplomatique tendu

Après ce fiasco, le ministre turc des Sports, Fikret Unlu, condamne "de graves agressions organisées contre les supporteurs turcs" et critique le "laisser-aller" des autorités françaises lors de ce match. Ankara exprime officiellement son "malaise" et réclame plus de sécurité pour "les Turcs vivant sur le territoire français". "Dernier scandale à Paris", titre même la presse turque dans un contexte diplomatique tendu entre les deux pays, quelques mois après la reconnaissance du génocide arménien par la France. 

La défense de Perpère

A Paris, la ministre des Sports Marie-George Buffet exprime son "indignation" et réclame des sanctions "à la hauteur de la gravité des faits". En réponse à la vague de critiques qui s'abat sur le PSG, Laurent Perpère, son président délégué, se défend: "Un millier de policiers ont été disposés à l'extérieur et à l'intérieur du Parc des Princes. On a mobilisé 500 stewarts environ dans le stade, contre 300 d'ordinaire. Ce n'est pas un problème des supporteurs du PSG, c'est un problème général de violence dans les stades. Et dans ce contexte particulier, le problème est lié à des supporteurs turcs qui ne sont pas n'importe lesquels." 

Le Parc des Princes suspendu

Après avoir analysé ces incidents, l'UEFA décide de suspendre le Parc des Princes pour les deux prochaines rencontres européennes du PSG. En plus d'une amende de 650.000 euros (Galatasaray écope aussi d'une amende de 130.000 euros pour le comportement de ses supporters). Les Rouge et Bleu disputent donc deux matchs de Coupe Intertoto à Toulouse, en juillet 2001, face aux Finlandais du Jazz Pori (3-0) et aux Ukrainiens de Tavria Simferopol (4-0)...

Un climat moins tendu aujourd'hui

Dix-huit ans plus tard, Paris et Galatasaray vont se retrouver au Parc des Princes, ce mercredi en Ligue des champions (21h, en exclusivité sur RMC Sport 1). Dans un contexte à priori moins électrique. Les supporters des deux clubs se sont croisés lors du match aller à Istanbul (début octobre), sans que cela ne débouche sur des incidents majeurs, même s'il y a eu des tensions avec les forces de l'ordre dans le parcage parisien et plusieurs interpellations. Pour ce remake à la Porte d'Auteuil, environ 1.500 supporters de Galatasaray (dont un important contingent venu d'Allemagne) sont attendus. Sachant que 2.000 billets étaient disponibles et que les principaux groupes d'Istanbul (les Ultraslan notamment) n'ont pas fait le déplacement.

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Un dispositif de sécurité spécial

L'UEFA a une nouvelle fois classé ce match à risque. Un dispositif de sécurité spécial a été mis en place pour éviter l'éparpillement des fans stambouliotes dans le Parc. Une tribune de 500 places a même été isolée afin d'y regrouper les spectateurs identifiés comme pro-Galatsaray. Selon Le Parisien, il sera interdit aux personnes accédant à d'autres tribunes que celles réservées aux supporters turcs d'afficher les couleurs de Galatasaray. Ni même de brandir un drapeau d'un autre pays que ceux dont sont originaires les joueurs parisiens (qui ne comptent aucun Turc dans leurs rangs). 

La démographie d'Auteuil a changé

De quoi limiter les risques de débordements, d'autant que le paysage démographique du Virage Auteuil a changé depuis près de vingt ans et que la plupart des membres du Collectif Ultras Paris n'ont pas connu les incidents de 2001. Reste à savoir si certains anciens habitués du Kop de Boulogne ont prévu de venir rôder dans le secteur, comme ils le font encore parfois. Ce n'est pas à exclure. 

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport