L'Atlético paie la note

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Fernando Torres ne retrouvera pas le stade Vicente Calderon. Ou du moins, pas de sitôt. L’ancien enfant chéri de l’Atlético Madrid espérait bien croiser le fer avec son ancienne équipe, cette fois sous les couleurs des Reds de Liverpool, sur la pelouse de ses grands débuts en tant que joueur professionnel. Mais l’UEFA et sa commission de discipline en ont décidé autrement.
Suite aux débordements venus lors de la 2e journée de Ligue des Champions et aux incidents qui se sont produits en tribunes avec les supporters marseillais, l’instance européenne a décidé de sévir. En effet, ces derniers se sont vu infliger deux matches de suspension de terrain ferme et un match avec sursis et ce, pour toutes les compétitions européennes. Cette suspension supplémentaire de terrain avec sursis sera soumise à une période probatoire de cinq ans. Les Rojiblancos ne seront autorisés à évoluer qu’à plus de 300 km de Madrid.
Dans le même temps, l’entraîneur de l’Atlético Madrid, Javier Aguirre, a lui aussi été sanctionné. Ce dernier, reconnu coupable de conduite anti-sportive, sera privé d’accès au banc de touche et aux vestiaires pour les deux prochains matches de Coupe d’Europe de sa formation, à savoir contre Liverpool et le PSV Eindhoven, soit les 22 octobre et 4 novembre prochains.
Gerets et Diouf satisfaits
Enfin, le club madrilène devra verser 150 000 euros en guise d’amende en rapport avec le comportement de ses supporters, jugés impropre par l’instance européenne. L’Atlético a désormais jusqu’au 17 octobre pour faire appel.
Du côté de l’Olympique de Marseille, on accueille cette sanction avec un large sourire. Pape Diouf a tenu à réagir, ce qu’il a fait d’ailleurs sur le site officiel du club phocéen. « C’est d’abord et surtout une décision qui soulage et qui atteste que ce qui s’est passé au stade Vicente-Calderon, lors de notre match contre l’Atlético Madrid est inadmissible et inacceptable. Cela tant au niveau de l’organisation que des comportements racistes dont nous avons été victimes. Ces sanctions montrent une fois de plus combien rien, ce jour là, ne s’est déroulé normalement. L’UEFA montre qu’elle entend prévenir ces dérapages intolérables et passe un message fort : celui que le racisme et la violence n'ont pas leur place dans un stade de football. »
Eric Gerets, l'entraîneur marseillais, n'en pense pas moins : « C'est une nouvelle fantastique… Il est dommage qu'on doive donner des sanctions aussi sévères, mais le racisme n'a rien à faire dans un stade de foot. C'est lourd, mais ça veut dire surtout que nos supporters n'ont rien à se reprocher. Cela met du baume au coeur. J'espère que la justice espagnole va comprendre qu'il faut relâcher très vite quelqu'un qui est très probablement innocent, qui n'a rien à « foutre » dans une prison. »
Le technicien marseillais fait là allusion à Santos Mirasierra, supporter de l’Olympique de Marseille en détention provisoire à Madrid depuis le 3 octobre dernier. Un juge d’instruction espagnol doit décider prochainement de son sort.
L'Atlético ne veut pas céder
L’information n’est pas officielle, mais il se murmure que le président du FC Séville aurait proposé… de prêter son stade à l’Atlético. Moins spacieuse que le Vicente Calderon (le Stade Ramon Sanchez-Pizjuan compte 45 500 sièges), l’enceinte sévillane n’en demeure pas moins accessible au public grâce notamment à une grande facilité au niveau des transports (train, accès autoroutier). Mais on n’envisage pas encore réellement devoir recourir à telle ou telle éventualité dans les rangs madrilènes.
En effet, Enrique Cerezo, le président de l’Atlético Madrid, interrogé par Marca, est quant à lui bien disposé à jouer le prochain match de Ligue des Champions, face à Liverpool donc… à domicile. « Le match contre les Reds se jouera au Vicente Calderon. Si les Marseillais avaient remporté la partie, jamais ils n’auraient fait de requête auprès de l’UEFA. » Pour Cerezo, l’instance sportive européenne devrait revoir sa copie.
L'UEFA fortement irritée
« Nous avons confiance dans le bon sens de l’UEFA. J’espère que ses décideurs ne sont pas partisans et qu’ils prendront le temps d’écouter les deux parties. Il est inconcevable qu’une lettre envoyée hors délais aux émissaires de l’UEFA soit prise en compte… Tout est dans les faits pourtant. Toute l’Europe l’a vu… le monde entier devrais-je dire. Tout ce qui a été entrepris par la police ce jour-là dans le but de maintenir le stade sous contrôle nous a paru opportun ».
De son côté, l’UEFA est plutôt satisfaite de la sanction infligée à la formation espagnole. A en croire William Gaillard, le porte-parole de l’instance européenne, cette décision est venue un peu tard… mais est on ne peut plus justifiée. « Le moment était venu de frapper fort. On a eu un concours de circonstances qui fait que, dans de très nombreux domaines, l’Atlético Madrid n’a pas été à la hauteur. Rien ne s’est bien déroulé à Madrid et on ne peut pas se permettre de voir en Ligue des Champions un comportement aussi peu responsable de la part d’un club. Le racisme, le comportement de la police espagnole face à des supporters qui étaient pacifiques… le fait que l’équipe marseillaise n’ait pas été escortée du terrain d’entraînement au stade, le comportement de l’entraîneur de l’Atlético Madrid… la coupe était pleine pour nous. »