L’Inter, l’Europe à ses pieds

Diego Milito, fêté par Cambiasso et Eto'o - -
Bras levés, poings serrés, regard possédé, Jose Mourinho exulte. Quarante-cinq ans après le double triomphe du « Catenaccio » d’Helenio Herrera (1964, 65), l’Inter de Milan remporte de nouveau la Ligue des champions. Pas plus que Chelsea ou Barcelone, le Bayern de Van Gaal n’a pu résister à la machine à gagner patiemment construite par le Portugais, définitivement entré au Panthéon des grands entraîneurs européens.
Dans un stade Santiago-Bernabeu de Madrid comble et festif, le premier quart d’heure est tendu, émaillé de nombreuses fautes… y compris celles qui échappent à l’arbitre britannique Howard Webb. Sur un corner, Maicon dévie le ballon de la main dans sa surface. Les Allemands réclament à juste titre un penalty qu’ils n’obtiendront pas (16e). Dans la foulée, Van Bommel, le capitaine et chien de garde du Bayern, s’essuie les crampons sur Pandev et offre un coup-franc idéal à l’Inter. Le maitre-artificier Sneijder force Butt, le bien-nommé gardien munichois, à une solide parade des deux poings (18e). Venu spécialement de Tignes pour encourager ses coéquipiers, Franck Ribéry, suspendu pour cette finale mais présent en T-shirt juste derrière le banc, ne desserre pas les dents.
A dix minutes de la pause, l’Inter, pourtant légèrement dominé par des Bavarois joueurs, débloque l’affaire. Sur un long dégagement de Julio Cesar, Sneijder décale judicieusement Diego Milito. D’une frappe sèche de l’intérieur du droit, l’attaquant argentin inscrit son 5e but de la saison en Ligue des champions, sans doute le plus important (1-0, 34e). Le scénario rêvé par Jose Mourinho se réalise ; comme il l’a prouvé face à Barcelone en demi-finale, son Inter n’aime rien tant que défendre son avance. Comme à son habitude, l’équipe lombarde se recroqueville en défense et lance des contre-attaques venimeuses. Un long et splendide une-deux Sneijder-Milito échoue d’un rien devant Butt (42e), dernière escarmouche avant la pause.
Immense Zanetti
Dès la reprise, le Bayern croit tenir l’égalisation, mais Julio Cesar est impérial devant Muller (46e). Puis c’est Butt qui sort le grand jeu sur un lob de Pandev (48e). Sur son aile droite, le stratège néerlandais du Bayern, Arjen Robben, met le Roumain Chivu au supplice. Les champions d’Allemagne ne se découragent pas. Altintop supplée Ribéry avec brio, tirant de peu à côté (56e) et défendant comme un lion avant d’être remplacé par Klose (63e).
Au fil des minutes, l’Inter abandonne le ballon à son adversaire. Muller (62e) puis Robben (66e) testent une résistance symbolisée par l’inusable capitaine Javier Zanetti, 700 matchs dont 132 de Coupe d’Europe sous le maillot milanais. Encore vingt minutes à jouer. Eto’o, extraordinaire d’abattage et de dévouement, lance Milito à la limite du hors-jeu. L’Argentin efface en deux temps Van Buyten et conclut de l’intérieur du droit (2-0, 70e). Limpide. Eto’o enlève sa deuxième Ligue des champions en deux saisons. Le président Massimo Moratti, en poste depuis quinze ans et régulièrement décrié pour ses recrutements somptuaires, tient enfin sa revanche. Parviendra-t-il à retenir son entraîneur fétiche, désormais attendu… à Madrid ?