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Leipzig-OL: discussion, recadrage, tactique… comment Lyon s’est relancé

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L’Olympique Lyonnais a sorti un excellent match ce mercredi pour l’emporter à Leipzig (2-0) lors de la deuxième journée de la Ligue des champions. Avant le derby contre Saint-Etienne, dimanche, les Gones ont sonné la révolte. Retour sur une prise de conscience collective et des jours qui pourraient bien changer le cours de la saison pour l’équipe entraînée par Sylvinho.

Sourires, clins d’œil, accolades, petites vannes et grande complicité. L’avant et l’après-match des Lyonnais à Leipzig (2-0) en Ligue des champions a démontré que l’OL n’a pas son pareil pour chasser les nuages. Même si la méthode éprouvée cet automne a un peu tranché sur les habitudes maison.

"Des choses sont sorties dans la presse, donc c’est vrai on peut le dire…", a même reconnu Anthony Lopes après le succès (2-0) décroché en Allemagne. Et le gardien des Gones, apôtre du secret de vestiaire, n’est finalement pas si agacé d’avoir vu "ces choses" prendre l’air dans les médias… Râleur mais pas trop, le portier de l’OL sait que les ressorts de ce réveil en Ligue des champions, après 47 jours sans victoire, ont pris racine dans ces échanges collectifs en mode "accéléré et répété" depuis vendredi dernier. Le fameux théorème des footballeurs: "On s’est dit les choses…".

Juninho et Sylvinho ont recadré le groupe

Il y a d’abord eu la traditionnelle séance vidéo, "comme chaque fois", dirigée par Sylvinho et finalement transformée en agora vendredi, à la veille de la huitième journée de Ligue 1 face à Nantes. Près de deux heures d’échange et de prises paroles des joueurs, dont certains n’avaient pas l’habitude de parler. Tout le monde a été à l’écoute de tout le monde, et notamment de Juninho, le directeur sportif qui a rappelé quelques valeurs maison, celles qu’il a connues au début des années 2000 quand son OL dominait la Ligue 1.

Et le Brésilien a tapé du poing sur la table car à son goût, le travail sur la "mentalité" semblait plus vaste que le chantier tactique. Un constat partagé par Sylvinho conférence de presse après conférence de presse… Sans langue de bois, comme après la défaite face aux Canaris (0-1), Juninho a recadré ceux qui à ses yeux n’en donnaient pas assez sur le terrain. "Nous avons tellement de talent, mais sans remise en cause, on arrive à rien", peste régulièrement le dirigeant en privé. Premier visé par les propos de l’ancien maître à jouer lyonnais, Memphis Depay, en qui il fonde beaucoup d’espoirs pour être un leader du groupe. 

Depay-Aouar, des cadres enfin décisifs

Juninho a clairement dit les choses à l’international néerlandais. Mais comme Bruno Genesio en son temps, il l’a aussi "travaillé en férocité". Le Batave a besoin de cette gestion individualisée, cette alternance entre méthode douce et forte. Juninho a même parfois regretté que son fantasque attaquant ne soit pas parti de l’autre côté des Alpes pendant l’été. 

Mais Memphis Depay s’est réveillé et a pris ses responsabilités. A la fin du match face à Nantes, il est allé discuter avec les supporters, est passé en zone mixte, a évoqué la responsabilité des joueurs avant celle du coach. Et juste avant le coup d’envoi à Leipzig en C1, il a donné une accolade à presque tous ses coéquipiers, jouant les meneurs de la révolte, sans oublier son statut de buteur avec l’ouverture du score contre la formation allemande.

Autre petite déception du board lyonnais, dirigeants et staff compris, Houssem Aouar a déçu depuis le début de saison. Gêné pendant l’été par des soucis musculaires, le milieu de terrain n’a pas paru assez impliqué à leurs yeux. Le discours général du boss technique, qui semble enfin avoir pris la mesure de son poste, a aussi résonné dans la tête d’un pur produit de la formation lyonnaise. Comme Memphis Depay, Houssem Aouar est allé au-devant des supporters après la défaite contre Nantes. Et lui aussi, à l’image du Néerlandais, a répondu présent à Leipzig. Et, comme tout le monde le sait à l’OL, quand Aouar va, tout va mieux.

La prise de conscience des joueurs avant une semaine décisive

Dans ces heures chaudes, et ce début de crise automnale, Juninho a aussi reçu l’appui de tout un club. "L’institution est solide sur ses appuis", a même avancé pour RMC Sport un connaisseur de la maison gone. Et notamment à la formation où certains habitués lui ont dit en substance que cette semaine "était idéale pour repartir avec deux matches loin de Lyon". Deux rencontres où l’OL avait tout à gagner. Le premier, le plus lointain, s’est achevé sur une victoire à Leipzig. Place à Saint-Etienne et un derby coché depuis la sortie du calendrier en juin dernier.

Cette semaine de tous les dangers, l’OL l’a donc bien entamée dans un "match référence", comme l’a expliqué Martin Terrier après son but en Ligue des champions. Le deuxième buteur de la soirée européenne apparaît aussi comme le symbole d’un remplaçant appliqué, travailleur. Un joueur qui n’a jamais été un poids pour le staff et qui a su saisir sa chance. 

Et puis, il y a eu les rassemblements spontanés du groupe avant cette semaine décisive. Une partie de l’effectif s’est retrouvée en famille chez Rafael au lendemain de la défaite contre les Nantais. Toute l’équipe s’est ensuite réunie dans un restaurant de la banlieue chic de Lyon lundi soir pour un dîner de cohésion. 

Aulas change de méthode

Pour une fois en période de temps agité, Jean-Michel Aulas n’est pas (beaucoup) intervenu. Dans une situation similaire à Manchester City la saison passée, le président de l’OL avait voyagé avec le groupe, pris la parole dans la presse et également auprès des joueurs. A Leipzig, le président lyonnais ne se trouvait pas dans l’avion des joueurs et il a laissé le champ médiatique à Juninho et Sylvinho. Il s’est toutefois adressé aux joueurs avant la rencontre comme il le fait régulièrement au cours d’une saison. Après le beau succès en Ligue des champions, Jean-Michel Aulas s’est vite envolé à bord de son avion personnel dès le coup de sifflet final de la rencontre. 

Le président Aulas a passé la main à Juninho pour redresser la barre. Intelligent, lucide et très humain, le Brésilien a vite appris lors de cours de management en accéléré. Et le directeur sportif a vite mis en place les leviers de la révolte. « La confiance n’exclut pas le contrôle », a récemment rappelé JMA. Le patron a donc donné les clefs à sa nouvelle organisation et à ses joueurs, tout en faisant un petit crochet à l’hôtel des joueurs. Sa seule tradition qu’il a gardée d’une saison à l’autre.

Du mieux à confirmer lors du derby

Contesté depuis quelques temps, Sylvinho est lui resté imperméable à toute émotion malgré la victoire des siens en Allemagne. Le technicien a affiché le même visage neutre qui l’avait accompagné pendant les heures difficiles où les doutes et les critiques s’accumulaient contre lui. Derrière la carapace, la tête du Brésilien semblait toutefois plus légère pendant le vol retour vers Lyon. L’ancien défenseur du Barça devait aussi savourer, en solo, et casque sur les oreilles son coup tactique d’une défense new-look. Et surtout le fait que l’information n’ait pas été éventée dans la presse avant le début du match.

Et dans l’avion du retour qui a posé les Gones sur le sol lyonnais, vers trois heures du matin ce jeudi, un sentiment de joie dominait mais un bonheur contenu. Staff, dirigeants et joueurs savent que, si la victoire à Leipzig constitue un bon remède, le patient gone reste malade. En Allemagne, les faits de jeu et la réussite ont tourné en faveur des Lyonnais et de leur entraîneur brésilien.

Il faudra donc de la constance dans l’effort pour enchaîner ce dimanche à Saint-Etienne lors du derby. Rien de tel désormais qu’un déplacement chez son meilleur ennemi, le voisin stéphanois, pour voir si les maux des Gones ont bel et bien disparu ou si la rechute guette.

JGL avec Edward Jay