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Leonardo : « Le PSG doit encore gérer ses émotions »

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Document RMC Sport. Présent mercredi à la séance publique du Conseil d'Etat dans le cadre de l'affaire qui l’oppose à la FFF, l’ex-directeur sportif du PSG a livré son analyse sur l’élimination du PSG contre Chelsea en quart de finale de la C1.

Leonardo, comment avez-vous vécu l'élimination du PSG à Chelsea ?

J’ai suivi tous les matches de cette année et celui d’hier (mardi) aussi. Même moi, je me sens un peu éliminé. De temps en temps, on donne beaucoup trop d’importance aux adversaires. On peut aussi dire que Chelsea, qui est considéré comme une grande équipe, a raté son match au Parc des Princes (défaite 3-1). Le Real Madrid a également complètement manqué son match à Dortmund (défaite 2-0 après une victoire 3-0 à l’aller, ndlr). Les Madrilènes étaient très proches d’être éliminés. Le PSG a eu la difficile mission de gérer un résultat positif.

Pensez-vous que la victoire à l'aller n'a finalement pas aidé le PSG ?

Si Chelsea avait gagné le match aller 2-0 à Stamford Bridge, je veux savoir comment Chelsea aurait géré le retour à Paris. Je pense que c’est plus difficile de jouer un match pour ne pas perdre que de gagner un match 2-0 chez toi. C’est pour ça que la Ligue des champions se joue sur beaucoup de petits détails. Et si on regarde les deux premiers qualifiés pour les demies, le Real Madrid et Chelsea, on peut dire qu’ils ont presque raté la qualification. Si le match aller avait été à Londres et que le retour s’était passé à Paris, l’histoire aurait peut-être été complètement différente. Au final, le PSG sort de la compétition avec un match nul sur l’ensemble des deux matches (3-3), comme l’année dernière face au Barça (2-2 et 1-1).

« Le PSG était déjà prêt pour la gagner »

Pourquoi le PSG n'a pas su gérer son résultat ?

C’est difficile. On peut dire la même chose du Real Madrid, qui avait pourtant gagné le match aller 3-0. A Dortmund, les Madrilènes ont perdu 2-0, avec un poteau qui aurait pu tout changer. On peut aussi demander aux joueurs de Chelsea pourquoi ils ont manqué leur match au Parc des Princes. C’est vrai qu’il ne faut pas se rater sur les moments importants. Mais le PSG sort sans perdre sur l’ensemble des deux matches. Au final, c’est le penalty de Hazard à l’aller qui élimine Paris. C’est sûr que le Paris Saint-Germain n’a jamais gagné la Ligue des champions. Mais je pense que le PSG était déjà prêt pour la gagner. C’est une question de mental. Je pense que si Paris gagne 2-1 à l’aller, le match retour aurait été différent. Mais la Ligue des champions est comme ça. C’est une course de 100m et pas un marathon de 38 matches.

Quelle est la prochaine étape pour le PSG ?

C’est de croire que c’est vraiment possible. Même si je n’étais pas à Paris et que je n’ai pas directement senti ce que les Parisiens ont vécu après la victoire à l’aller, je suis sûr qu’à Barcelone ou à Londres, ces matches-là sont vécus d’une manière beaucoup plus positive. A Paris, on a un peu peur de ne pas passer. Et penser à la défaite, ça te donne un peu de doute. Si on regarde la qualité des deux équipes, le PSG n’a rien de moins que Chelsea.

Pour vous, il y a donc un problème de mentalité chez les Français ?

Non, je ne parle pas de ça. Mais le PSG est une équipe qui n’a jamais gagné. Chelsea a vécu ça pendant 10 ans. Il y a des clubs qui ont une histoire et je pense que ça compte. Le Real Madrid a gagné cinq ou six Ligues des champions pendant les années 1950 ou 1960. C’est sentir que tu es capable de le faire. Si tu dois tuer ton adversaire, tu le tues et tu as la confiance pour le faire. Je pense que c’est important.

Qu'est-ce que le PSG peut encore améliorer pour passer le stade des quarts de finale ?

Il doit encore gérer ses émotions. Je pense qu’on ne peut pas avoir des hauts et des bas aussi proches pour ainsi rater un match important. La question du mental est présente. En Ligue des champions, 15 minutes peuvent être fatales, et là, tu ne peux pas les rater.

« Je me considère comme un entraîneur »

Qu'avez-vous pensé de la prestation d'Edinson Cavani, qui a été beaucoup critiqué après l'élimination ?

En Ligue des champions, tu dois être prêt au bon moment. Cavani revient de blessure. Ibra n’était pas là, c’est pour ça que c’est aussi une conséquence d’épisodes qui influent sur la qualification. Cristiano Ronaldo n’était pas là au match retour du Real Madrid, qui a perdu 2-0. Cavani, je pense que c’est normal parce qu’avant d’arriver au PSG, il a joué tous les matches. Puis à son arrivée, il a fait encore tous les matches jusqu’à sa blessure et après, il doit revenir au niveau très vite car il y a la Ligue des champions. Thiago Silva a joué avec un masque et il n’était pas à 100%, même s’il a bien joué. Ce sont des choses qui arrivent en Ligue des champions. Ce n’est pas pour justifier la défaite, mais c’est l’histoire du match. Si tu arrives face à Chelsea avec tout le monde à 100%, c’est peut-être différent.

Que pensez-vous du travail de Laurent Blanc ?

Je pense que l’équipe a changé. Il a joué avec son style et c’est important de voir l’identité de l’entraîneur. Il était très intelligent d’utiliser ce que l’équipe a de mieux. Et les résultats sont là. Aujourd’hui, on est au lendemain d’une défaite, donc on pointe les choses qui n’ont pas marché mais les résultats sont là. Depuis trois ans, le PSG est dans les huit premiers européens. Personne ne peut discuter cela. En trois ans, le travail a été énorme.

L'année dernière, vous aviez évoqué le faible niveau de la Ligue 1. Pensez-vous que le championnat de France est vraiment inférieur aux autres ?

Je ne pense pas que la Ligue 1 soit vraiment plus faible que la Bundesliga. Mais le Bayern Munich est là et gagne la Ligue des champions. Les Munichois ont beaucoup d’expérience et ont beaucoup gagné. Je pense qu’il y a une petite difficulté à croire que c’est vraiment possible. Il y a moins de confiance par rapport à ça. Ça doit changer car je pense que le PSG a déjà les moyens de gagner la Ligue des champions. C’est pour ça que c’est aussi une question de mental.

Votre ancien poste de directeur sportif du PSG est toujours libre. Est-il possible de vous revoir à Paris ?

Moi maintenant, je me considère comme un entraîneur. Je suis un entraîneur, c’est ça mon futur. Je garde un rapport de reconnaissance pour le PSG. C’était une grande expérience dans ma vie mais là, je me considère comme un entraîneur. C’est pour ça que c’est important que j’ai le diplôme d’Etat parce que pour être entraîneur, tu dois t’asseoir sur le banc et en ce moment, je ne peux pas m’y asseoir. J’attends cette décision et après on verra ce qu’il se passera. Je ne sais pas encore dans quel championnat je serai. Le plus important, c’est d’attendre la décision.

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Propos receuillis par Camille Gelpi