Les vérités de Giroud

Olivier Giroud - -
Olivier, tout d'abord, comment va votre blessure (il est sorti en cours de match samedi contre Sunderland) ?
Ça va, je pense que ça ira mercredi. C’est un étirement du ligament latéral interne du genou droit. J’avais déjà une douleur à cet endroit qui trainait depuis la préparation d’avant-saison. Ça ne m’empêchait pas de jouer mais là, j’ai planté le pied dans le sol et je l’ai bien ressenti. Ça m’a vraiment mis une bonne décharge. Mais ça va aller.
En Ligue des champions, vous êtes dans le « groupe de la mort » avec l'OM, Naples et Dortmund. Jusqu'où voyez-vous aller Arsenal?
Ce sera un groupe très dur, mais je pense que nous avons les qualités pour passer. Il faut prendre un bon départ. On va aller à Marseille pour faire un gros match même si on sait que ça ne sera pas facile. Il ne faut pas sous-estimer cette équipe qui a beaucoup d’internationaux dans ses rangs. Je vais faire en sorte que mes coéquipiers prennent le match par le bon bout et essayer de les orienter sur leur façon de jouer.
Quel Marseillais craignez-vous le plus ?
Steve (Mandanda), je lui ai déjà marqué quelques buts donc j’espère que ça continuera comme ça (rires). Mais le maillon fort, c’est Mathieu Valbuena parce qu’il crée les brèches et organise le jeu. Chaque fois que j’ai joué contre lui, il pose des problèmes dans les intervalles et entre les lignes. Avec sa touche technique, il arrive à délivrer de bons ballons à Dimitri Payet ou à André-Pierre Gignac. Et puis, je ne veux pas lui souhaiter de mauves choses, mais j’espère que « Dédé » Gignac sera moins efficace que de coutume. Et il faudra surtout bloquer les pourvoyeurs de ballons que sont Payet et Valbuena.
Comment jugez-vous votre début de saison ?
Je suis vraiment content de mon début de saison. J’ai pu faire une préparation d’avant-saison normale et complète, chose qui n’était pas le cas l’année dernière quand je suis arrivée. En plus, j’avais sans doute un peu plus de pression. Du coup, je suis en forme. Je n’ai pas manqué beaucoup de séances d’entrainement, je ne me suis pas blessé. Je me suis mis à l’aise avec quelques buts en préparation et j’ai continué en Premier League et en Ligue des champions (barrages). C’est bien et ça va avec la bonne forme de l’équipe en ce moment.
Il y a d'ailleurs bien longtemps qu'on n'avait pas vu Arsenal aussi bien débuter un championnat?
C’était ce qui nous manquait ces dernières saisons. On avait tendance à prendre du retard dès le départ. Le premier match (défaite à domicile 1-3 contre Aston Villa) nous a remis les idées en place et on a su réagir en faisant preuve de force morale. Depuis, on est invaincus, on gagne et on marque beaucoup de buts donc c’est très bien. On a un groupe de qualité, mais j’ai un peu peur par rapport à la quantité. On a quelques problèmes qui vont déjà se poser à nous. Mais on va tout faire pour rivaliser avec les gros cette année. On aimerait gagner un titre, mais il y a beaucoup de concurrence, que ce soit en Angleterre ou en Europe. En Ligue des champions, on veut passer les poules mais c’est présomptueux de vouloir la gagner, quand on voit les grosses écuries qui y figurent.
Sur le plan personnel, vous visez le titre de meilleur buteur ?
Beaucoup de personnes m’en parlent. Mais chaque chose en son temps. Bien sûr, j’aimerais bien marquer d’avantage que l’année dernière (17 buts toutes compétitions confondues). Je vais m’y accrocher. Je sais que mes deuxièmes saisons dans les clubs où j’évolue sont toujours meilleures et plus prolifiques. Je m’éclate dans cette équipe, je m’y sens bien. Donc oui, pourquoi pas terminer meilleur buteur. Par rapport à l’année dernière, je me sens de mieux en mieux. Mais je sens que j’ai encore une marge de progression et que je peux mieux faire.
C'est la dernière année de contrat d'Arsène Wenger, le voyez-vous prolonger?
Je ne suis pas dans les confidences mais je le vois bien continuer. Si on termine dans les 3-4 premiers cette année et qu’on fait un bon parcours en Ligue des champions, il n’y a pas de raison. On a gardé nos meilleurs joueurs cet été, on en a recruté un grand dernièrement (Özil), il est en train de construire une équipe cohérente.
Justement, vous allez vous régaler avec Mesut Özil ?
Oui, il semblerait que ça soit un bon footballeur … (rires). Plus sérieusement, c’est un bon mec, un joueur très à l’aise techniquement et surtout, qui joue simple et juste. Avec lui, le foot n’est pas compliqué. Il a déjà montré contre Sunderland (une passe décisive) ce qu’il peut nous apporter : une disponibilité, une super vision du jeu et très peu de déchet dans ses passes. Si Walcott avait été plus efficace, Özil aurait fini avec trois ou quatre passes décisives. Je suis persuadé que moi et les autres attaquants, allons marquer encore plus de buts avec Mesut.
Comment jugez-vous le parcours de l'équipe de France en éliminatoires du Mondial?
Au niveau du bilan sur les éliminatoires, on a rempli notre objectif, qui était d’au moins d’atteindre les barrages. Mais il ne faut pas se voiler la face, tout le monde sait que l’Espagne est une très belle équipe avec une grosse génération. A partir du moment où on avait perdu le match face à eux, on ne se faisait pas trop d’illusions. De notre côté, il fallait gagner tous les matchs. On ne l’a pas fait en Géorgie, donc il a fallu assurer l’essentiel en Biélorussie, match un peu bizarre et compliqué. Mais c’est bien d’avoir marqué ces quatre buts et de s’être un peu rassuré, même si tout n’est pas parfait.
Êtes-vous d'accord avec les critiques selon lesquelles cette équipe de France ne progresse pas ?
Pour progresser, il faut des automatismes, avoir du temps et une équipe qui a l’habitude de jouer ensemble. Je trouve aussi qu’on a montré de belles choses lors de la fin du match de la Géorgie et pendant le second contre la Biélorussie. On fera le bilan en novembre, après les barrages, mais si on se qualifie pour la Coupe du monde, il va falloir savoir pardonner. Je sens qu’on peut réaliser de grandes choses, il suffit d’y croire, de jouer ensemble et de trouver une équipe.
Et comment est l'ambiance au sein du groupe ?
On vit très bien dans le groupe, je ne comprends pas d’où viennent ces questions. On cherche des problèmes où il n’y en a pas, par exemple quand on parle de Patrice Evra qui prend la parole à la mi-temps. On ressasse les vieux problèmes de 2010. Ce qui est fait est fait et à un moment, il va bien falloir tirer un trait dessus. Je n’y étais pas, mais j’estime que c’est derrière et qu’il faut regarder devant. Patrice (Evra) aime l’équipe de France et je ne comprends pas pourquoi on lui a sauté dessus comme ça. Le coach (Didier Deschamps) y a très bien répondu, sur le fait qu’Evra a une légitimité importante, qu’il joue à Manchester United et qu’il a beaucoup de sélections. Il est attaché à cette équipe et a envie de regarder vers l’avant. Sur le moment, il a fait ça pour le bien du collectif, pour nous réveiller. On était tous abattus à la mi-temps ! Il fallait bien qu’il y en ait un qui prenne la parole. Ce n’est pas du haut de ma vingtaine de sélections que je vais pouvoir prendre la parole comme ça. Le coach a dit des choses, Patrice (Evra) en a rajouté, ça a eu son effet puisque ça nous a re-boosté.
Sur le plan personnel, vous êtes devenu titulaire, ça doit vous faire plaisir ?
Evidemment ! Quand vous faites ce métier, c’est pour être titulaire, pas pour être dans les tribunes. Je prends mon pied quand je joue sous le maillot Bleu. Même si je n’ai pas pu marquer lors de ces deux matchs, ça m’a fait plaisir de pouvoir jouer les 90 minutes. C’est un objectif commun de rendre les gens fiers, on a vraiment envie de communiquer ça. Je pense qu’on a montré beaucoup de ressources morales et de cœur lors de ce deuxième match en Biélorussie, même si on a souffert en première mi-temps.
Pourquoi l'association Giroud-Benzema ne fonctionne-t-elle pas ?
On en discutait avec Karim (Benzema) avec le match contre la Géorgie : quand on joue en 4-4-2 sans numéro 10, je trouve qu’on n’a pas assez de soutien. Même si Mathieu (Valbuena) essaye de venir dans l’axe, il y avait trop d’espaces entre les lignes. On était trop souvent en infériorité numérique. Il fallait donc faire un exploit et ce n’est pas mon jeu. Moi, je suis meilleur avec un deuxième attaquant mais aussi avec un numéro 10. Et même si Karim et moi avons des profils complémentaires, on essaye de jouer ensemble et de « huiler » le collectif, mais ce n’est pas si évident que ça. Je ne peux pas l’expliquer. On en parle, on essaye de faire au mieux. C’est dans notre intérêt et celui du collectif. En Géorgie, on ne s’est pas créé beaucoup d’occasions non plus, donc ce n’est pas comme si on avait mangé la feuille, même si j’aurais bien voulu mettre ma tête à la fin. Mais je n’ai aucun problème avec Benzema ! Après, ce sont les choix du sélectionneur, selon la forme du moment, etc. Mais on a besoin de tout le monde et de plusieurs attaquants.
La France ira-t-elle au Brésil ?
Bien sûr, comment voulez-vous qu’il y ait une Coupe du monde au Brésil sans la France (rires) ? Ce n’est pas acquis car si on n’est pas tête de série, on va tirer une grosse équipe. Mais ce n’est pas forcément plus mal, plutôt que de prendre une équipe comme la Suède, par exemple. En tout cas, on fera le maximum et on va y aller.
Ribéry est-il sur le chemin du Ballon d'Or?
Il est bien lancé, il est pleine confiance. Tout devient un peu plus évident et facile quand c’est comme ça. Il y avait aussi une période où il était très regardé, où il y arrivait un peu moins. Aujourd’hui, je suis content pour lui qu’il en arrive là et qu’il en soit récompensé.
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