Lyon joue avec ses nerfs

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La Roumanie est une nation très espiègle. Non contente d’avoir joué un bien vilain tour à l’équipe de France lors du dernier Euro et il y a à peine quelques semaines du côté de Constanta lors des matches de qualification pour le Mondial 2010, cette dernière a souhaité remettre ça, cette fois face à l’Olympique Lyonnais, cette fois également par le biais d’un de ses clubs phares, le Steaua Bucarest. Le pari était quasiment gagnant après seulement douze minutes de jeu et deux coups de canon aériens signées Arthuro et Goian. A ce moment-là de la partie, on ne donnait pas cher en effet d’une formation rhodanienne aux abonnés absentes, incapable de mettre correctement un pied devant l’autre et à côté de son sujet sur le plan défensif.
Benzema maintient l’OL à flot
On le savait, c’était ce point, principalement, qui allait passer au gril du révélateur roumain mardi soir. Point faible avéré ces derniers temps dans les rangs lyonnais, l’arrière-garde de l’OL a affiché une passivité indigente, symbolisée par un marquage élastique de Boumsong, les sautes de concentration de Cris et du désarroi grandissant d’Hugo Lloris dans le but rhodanien. Mardi soir, ces errements ont bien failli coûter la victoire aux Lyonnais… et Claude Puel, s’il hésitait encore, a tout intérêt à bousculer ses idées reçues et a titiller l’égo de certains de ses joueurs pour définir une véritable hiérarchie en défense. Une hiérarchie efficace, il s’entend.
Car Lyon ne marquera pas toujours cinq buts à son adversaire direct, à l’extérieur qui plus est. Surtout, l’OL ne pourra pas forcément rééditer ce genre de numéro face à un adversaire de la trempe d’un gros européen, comme peut l’être redevenu le Bayern, solide à quelques kilomètres de Bucarest, chez lui, aux dépens de la Fiorentina. De manière incroyable, le Steaua, pourtant dominateur au tableau d’affichage, a flanché, balbutié son football, probablement gêné par une montée en puissance du milieu de terrain lyonnais, orgueilleux et fier.
Ce sentiment de rage, Kader Keita l’a parfaitement matérialisé en reprenant d’une demi-volée victorieuse une excellente offrande de Makoun (23e). Benzema, invisible durant le premier quart d’heure de la rencontre (premier tir au bout de 18 minutes de jeu), s’est pourtant montré bien présent pour venir crucifier de près Zapata d’une tête autoritaire, le tout après un centre précis de Grosso (33e).
Fred, un doublé sans sifflets
A ce moment-là de la partie, difficile de croire que Lyon va encore souffrir tant les Roumains ne parviennent pas à retrouver leur second souffle. Mais là encore, l’OL se laisse aller sur coup de pied arrêté et Petre en profite pour rendre fou Claude Puel sur son banc de touche juste avant le retour aux vestiaires (3-2). Trois buts encaissés, trois pions aériens… le débat sur la charnière centrale lyonnaise est ouverte. La critique pourrait même s’en prendre au pauvre Lloris, pas exempt de tout reproche sur sa ligne sur cette troisième gifle…Mais, à la différence de son surprenant adversaire, Lyon a de la réserve. Et le prouve. Claude Puel se décide à sortir le maladroit Keita, incroyablement gauche quelques minutes auparavant alors que le but roumain était grand ouvert devant lui (30e). C’est le pestiféré Fred qui le remplace. Sifflé à Lyon, le Brésilien évolue sans pression sur la pelouse roumaine et se voit vite récompensé par un but, une réalisation venant surligner comme il se doit une énorme contribution de la part de Toulalan (70e).
Cette fois, le groupe de Claude Puel ne lâchera plus rien. Si derrière, les frissons, notamment sur les coups de pied arrêtés adverses, sont de mise au sein du banc de touche rhodanien, l’OL plie l’affaire, Benzema, malheureux quelques instants plus tôt devant Zapata (50e), reprenant en effet un coup franc travaillé de Juninho, le tout à peine une minute après le but égalisateur de Fred (71e). Ce dernier, déterminé à faire le boulot sous le maillot lyonnais… jusqu’en juin, date programmée, selon lui, de son départ, s’offre même le doublé en toute fin de rencontre, s’y reprenant d’ailleurs à deux fois pour tromper Zapata (90e+2).
Au terme d’un match longtemps indécis, crispant même tant Lyon a alterné les phases de nette domination et les périodes de flottement, c’est en roue libre que le septuple champion de France se relance dans le groupe F de la Ligue des Champions. Désormais à deux longueurs du leader, le Bayern Munich, Lyon peut même creuser un trou quasi-définitif sur la Fiorentina en cas de succès face au Steaua Bucarest, dans quinze jours, à Gerland. Inutile de préciser que Claude Puel signera des deux mains pour un résultat similaire… mais avec un scénario bien moins rocambolesque.
La réaction de Claude Puel, entraîneur de l’Olympique Lyonnais : « On a tout eu ce soir…avec le scénario à notre avantage. Je dis bravo aux joueurs parce qu’ils ont encore trouvé des ressources extraordinaires, malgré les coups du sort, malgré des buts que l’on aurait pu éviter. Derrière, il y a eu de la débauche d’énergie, des buts qui ne doivent rien à personne. C’est magnifique et c’est mérité surtout de pouvoir revenir en démontrant une telle débauche, un tel état d’esprit… je pense qu’il y a beaucoup d’équipes qui auraient sombré dans un tel contexte à notre place ».
La réaction de Karim Benzema, attaquant de l’Olympique Lyonnais : « Oui, on a eu une révolte. On a commencé à jouer parce qu’au début de match, on n’a pas joué. On a pris deux buts coup sur coup qui nous ont un peu coupés dans notre élan. Ce qui est positif, c’est qu’on a su réagir. On est vraiment content ce soir d’avoir pris les trois points. On n’a pas baissé les bras, on a réussi à remonter ces deux buts pour finalement s’imposer. On a marqué un grand coup ce soir. On a cinq points. On va recevoir les Roumains chez nous. A nous de gérer pour pouvoir se qualifier ».