OM : il vaut quoi, ce 0-0 ?

Didier Deschamps l’avait prédit, et sans doute souhaité. Mais quelle est la véritable signification du match nul et vierge face à Manchester United ? Coup de maître ou coup dur porté aux ambitions marseillaises en Ligue des champions ? Eléments de réponse à trois semaines du match retour.

C’est un coup de maître…
Certes, les 58 000 spectateurs du Stade Vélodrome et les 6,5 millions de téléspectateurs (audience médiocre pour TF1) n’auront quasiment rien vu en termes de spectacle. Etait-ce le huitième de finale aller de Ligue des champions le plus ennuyeux de l’histoire récente ? Pas impossible. « Ce n’était pas bien beau à voir », reconnaissait volontiers Alex Ferguson, l’entraîneur écossais de MU, avant de regagner ses pénates. Et pourtant tellement prévisible. Avant le coup d’envoi, son homologue marseillais avait donné le ton : « Le plus important, c’est de ne pas prendre de but. » Objectif parfaitement rempli par des joueurs qu’on avait rarement vu aussi concentrés cette saison. Pour preuve, l’occasion la plus dangereuse des Red Devils se sera déroulée dès la 8e minute, une frappe de Fletcher remarquablement stoppée par Mandanda dans une forêt de jambes. Ensuite ? Rien, ou pas grand-chose. Nani, pourtant le plus remuant des attaquants anglais, Rooney ou encore Berbatov n’auront montré que par intermittence un talent digne du leader de Premier League. Outre un engagement à peine au dessus de la moyenne, comme si les Anglais s’économisaient déjà en vue du match retour, le mérite en revient au dispositif défensif de l’OM. Fanny et Heinze ont bloqué leur couloir respectif le plus proprement possible, aidés par des milieux généreux ; Mbia et Diawara ont une nouvelle fois prouvé la solidité de leur association dans l’axe, avec le soutien d’un Edouard Cissé plus sobre que jamais. Dans l’ensemble, l’équipe a fait preuve d’un louable esprit de sacrifice et n’a pas pris de buts en Ligue des champions depuis bientôt six matchs (512 minutes). Un 0-0 face à l’une des meilleures équipes d’Europe, c’est une performance pour laquelle la plupart des supporters marseillais auraient signé. Un résultat qui assure le suspense pour les trois semaines à venir. Mais…

… C’est un coup dur
Porté tout d’abord à la devise du club provençal, « Droit au but ». C’est simple, l’OM ne s’est pas créé la moindre occasion digne de ce nom en 90 minutes. Une rareté absolue au Stade Vélodrome, y compris en Coupes d’Europe. « Ce n’est pas un bon résultat », admet Mathieu Valbuena, plutôt en jambes pour son retour après un mois d’absence. Avant de mettre le doigt où ça fait mal : « J’ai l’impression qu’ils sont tellement sûrs de gagner chez eux qu’ils n’ont pas franchement poussé pour marquer. Ils sont très performants à domicile, très confiants. De notre côté, il faudra concrétiser, être très réaliste. Car on n’aura pas 36 occasions. » C’est là où le bât blesse : Deschamps et les siens étaient avertis dès le tirage au sort de l’extraordinaire puissance des Anglais sur leur pelouse, où ils sont invaincus cette saison. Il leur était donc vivement recommandé de se constituer un petit matelas d’avance en vue du retour à Old Trafford. De deux choses l’une : soit l’OM est sûr de son coup et de sa stratégie (se qualifier aux tirs au but ?) au point d’avoir volontairement déjoué ; soit il ne peut vraiment pas faire mieux, ce qui serait franchement inquiétant en vue du sprint final. Seulement un tiers des équipes qui ont fait 0-0 à l’aller se qualifient en Coupes d’Europe. Face à MU, c’est sans doute encore moins. « Ils vont se découvrir », espère Mandanda, impeccable mercredi. « A nous de ne pas avoir de regret sur ce match-là », conclut Valbuena. Il faudra pour cela montrer un visage autrement plus conquérant le 15 mars prochain.