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PSG-Ajax : Pourquoi les hooligans d’Utrecht inquiètent les autorités

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Un impressionnant dispositif de sécurité sera déployé ce mardi au Parc des Princes pour PSG-Ajax Amsterdam. Les autorités craignent des affrontements en marge de ce match de Ligue des champions. La raison ? Un contentieux entre les hooligans parisiens et leurs homologues d’Utrecht, une ville néerlandaise proche d’Amsterdam. Une vieille histoire qui a débuté il y a sept ans… à Sedan !

Un bunker géant. Voilà à quoi va ressembler le Parc des Princes ce mardi à l’occasion de PSG-Ajax Amsterdam. Près de 2000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour ce match de Ligue des champions classé à hauts risques. Des barrages, des détours inhabituels et des files d’attente à rallonge sont à prévoir pour les spectateurs, invités à se présenter le plus tôt possible sur place. Un dispositif de sécurité inédit depuis le PSG-OM du 28 février 2010 qui a coûté la vie à Yann Lorence, un habitué du Kop de Boulogne, décédé au pied du stade après de violentes échauffourées entre supporters parisiens. Un arrêté ministériel est en vigueur depuis ce lundi après-midi pour faciliter les contrôles -et les éventuelles interpellations- des fans de l’Ajax Amsterdam, dont 850 devraient garnir le parcage visiteurs de l’enceinte du XVIe arrondissement. Il sera renforcé par un arrêté préfectoral interdisant l’accès aux abords du Parc à tout Néerlandais sans billet. Des mesures exceptionnelles qui font suite à plusieurs réunions ces dernières semaines entre les autorités françaises et hollandaises. Ces dernières sont en alerte et craignent des débordements.

Entre 200 à 250 hooligans bataves risquent de faire le déplacement dans la capitale pour tenter d’en découdre avec leurs homologues parisiens. En marge du match aller, le 17 septembre dernier (1-1), des incidents avaient déjà éclaté aux Pays-Bas. Des dizaines de hooligans français, pour la plupart sympathisants de l’ancienne tribune Boulogne, avaient été arrêtés à Utrecht, à une quarantaine de kilomètres d’Amsterdam. « Nous sommes intervenus juste avant le début d’une fight entre ces pseudo-supporters et d’autre hooligans liés au club d’Utrecht », avait expliqué Antoine Boutonnet, en charge de la division nationale de lutte contre le hooliganisme. Le contentieux ne date pas d’hier entre les hools des deux clubs. Il remonte précisément au samedi 3 mars 2007....

Le président de Sedan en vient presque aux mains avec un hooligan néerlandais

Ce soir-là, le PSG se déplace à Sedan pour une rencontre décisive dans la course au maintien. Sur le terrain, les Sangliers s’imposent 2-0 et Mickaël Landreau marque contre son camp. Mais l’avant-match est perturbé par de graves incidents en tribunes. Après avoir provoqué des accrochages en ville durant l’après-midi, une centaine de sympathisants d’Utrecht, blousons noirs et en gants en cuir, prend place dans les gradins de Louis-Dugauguez. A une demi-heure du coup d’envoi, l’imposant cortège, fortement alcoolisé, traverse la moitié du stade (dont la tribune de presse) pour venir au contact du parcage parisien. La tension monte rapidement et la situation dégénère. Les deux camps s’affrontent à travers les grillages durant de longues minutes, à coups de ceintures et de drapeaux, jusqu’à l’intervention tardive des CRS. Pascal Urano, le président de Sedan, se présente lui-même dans les coursives pour repousser certains hooligans néerlandais. Il en vient presque aux mains avec l’un d’entre eux.

Après un long moment de flottement, la centaine d’excités est finalement reconduite à la frontière, sous bonne escorte. A l’époque, tout le monde s’interroge sur la présence de ces fauteurs de trouble dans les Ardennes. Sachant que beaucoup sont interdits de stade dans leur pays. La réponse tient en un nom : David Di Tommaso. Cet ancien défenseur central est décédé à l’âge de 26 ans d’un arrêt cardiaque, alors qu’il évoluait à Utrecht. C’était en 2005, un an après son départ de Sedan. Pour saluer la mémoire du natif d'Echirolles (Isère), les deux clubs avaient alors décidé de ne plus attribuer son numéro (le 4 à Utrecht, le 29 à Sedan). Et les groupes de supporters en avaient profité pour se lier d’amitié. D’où ce déplacement massif de hooligans, attirés par la réputation des Parisiens dans le milieu. Des scènes choquantes que les pouvoirs publics craignent de voir se reproduire sept ans après. A deux pas de la Tour Eiffel.

Alexandre Jaquin avec L.B.