Viguier, l’OL version « aligot »

Sabrina Viguier opposée à la Japonaise Yuki Nagasato de Potsdam - -
La sentinelle de l’OL a gardé son accent aveyronnais. A 31 ans, la Ruthénoise Sabrina Viguier est en route pour le triplé historique – Coupe de France-Championnat-Ligue des champions – qui peut s’offrir aux filles de l’Olympique Lyonnais en cette fin de saison. La tour de contrôle de la défense centrale rhodanienne a déjà empoché la Coupe de France dimanche face à Montpellier (2-1). Une première pour l’OL, mais la 4e Coupe pour cette fille de Rodez déjà sacrée avec Toulouse (2002) et Montpellier (2007, 2009), pour ce qui s’appelait jusqu’en 2011 le Challenge de France.
Transférée de l’Hérault vers le Rhône durant l’été 2010, Viguier a depuis connu tous les succès avec le club de Jean-Michel Aulas : championne de France (2010, 2011), vainqueur de la Ligue des champions en 2011, et au pied du podium en sélection avec les Bleues (4e) au Mondial 2011 en Allemagne. Jeudi contre Francfort, à Munich, elle tentera avec ses coéquipières, devenues les terreurs des terrains en Europe, de conserver le Graal de la C1.
En 13 ans, depuis son arrivée au Toulouse Olympique Aérospatiale Club qui s’apprêtait à devenir TFC, la footballeuse a changé de statut. Tombée dans le ballon rond à Laissac (Aveyron) à l’âge de 6 ans, un jour où son père coach et son frère manquaient d’un joueur pour faire le nombre, Viguier n’a longtemps connu que l’amateurisme. « Je suis d’une génération amateur. Le succès ne nous monte pas à la tête, j’étais amateur à temps complet, je prenais beaucoup de plaisir, raconte cette professeur de sport. Aujourd’hui je profite d’un certain confort, j’ai pu mettre un peu mon travail de côté, mais j’éprouve le même plaisir. » Dernier rempart devant la gardienne de l’OL Sarah Bouhaddi, Viguier s’est installée en défense centrale après avoir évolué à d’autres postes. « Avant, je jouais milieu de terrain, j'ai même évolué arrière gauche. Mais être dans l'axe me convient bien, ça colle avec mes qualités, notamment dans les duels. »
« JMA » fan de ses filles
Un poste qui n’attire pas naturellement les projecteurs plus portés vers les attaquantes Elodie Thomis ou Eugénie Le Sommer, mais qui lui convient bien. « Je ne suis pas fan des séances d’autographes, je ne joue pas au foot pour ça mais si on peut donner du plaisir aux gens… » C’est le cas. Les filles, portées par les performances de l’OL et des Bleues, remplissent aujourd’hui les stades. « On a fait 10 000 personnes à Strasbourg, 12 000 à Guingamp, se réjouit Viguier, le public répond présent. Mais on ne cherche pas à être plus stars que les garçons. On n’oublie pas que c’est grâce à eux qu’on peut bien travailler. » Un point de vue repris par Lair, l’entraîneur des Lyonnaises. « C’est l’OL masculin qui a permis de faire ce qu’on fait avec les filles. » En attendant, Jean-Michel Aulas ne boude pas le plaisir que lui procurent ses joueuses. Dimanche, le président lyonnais était d’ailleurs à Bourges, avec ses filles, alors que l’équipe de Rémi Garde arrachait péniblement le nul à Ajaccio (1-1). Il sera également jeudi à Munich, et pas pour y rencontrer Franck Ribéry…