« Mr Tout le monde » au pays du foot business

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Les supporters du Racing Club de Strasbourg pensaient avoir tout vu. Tout, sauf peut-être de voir leur club racheté par un des leurs, Thomas Fritz, pour un euro symbolique… Lorsque Jafar Hilali, l’ancien propriétaire du club, a fait part le mois dernier de son intention de vendre le club alsacien qui accuse un déficit de 4 millions d’euros, plusieurs acheteurs potentiels s’étaient renseignés. Finalement, le repreneur le plus sérieux, Sébastien Graeff, dont l’offre avait été acceptée par Hilali, s’est retiré en début de semaine.
Il y a trois jours, Thomas Fritz alias « Monsieur tout le monde », supporter du Racing depuis une dizaine d’années, est donc devenu propriétaire d’un des clubs emblématiques du foot français, dont il veut faire un club financé par les « socios », à la manière espagnole. « L’idée est de mettre en place une structure d'intérêt collectif, explique cet ingénieur informatique de 32 ans. Que chaque personne impliquée ait une part dans le club.» En attendant, l’accueil que lui ont réservé, joueurs, supporters et membres du directoire, ne ressemble pas à celui d’un messie. Pire, hier, lors d’une réunion du directoire de la Meinau, le nouveau propriétaire s’est présenté pour prendre part aux discussions mais… n’a pas été admis à rester !
Un pari risqué
En plus d’être indésirable, Fritz voit son avenir à la tête du Racing déjà menacé. Dès lundi se profile, en effet, une audience devant le Tribunal de grande instance qui pourrait bien déboucher sur un dépôt de bilan, voire une liquidation. Thomas Fritz en serait alors responsable. « C'était écrit noir sur blanc, j'ai signé en mon âme et conscience, les vendeurs m'ont alerté. A un moment donné, il faut savoir prendre des risques, qui ne tente rien n'a rien… ».
Des risques inconsidérés selon Alain Fontanel, adjoint aux finances et chargé du dossier du club pour la Ville de Strasbourg : « La démarche est sympathique, mais il n’y a ni capitaux ni projet structuré. Il n’y a aucune chance qu’il réussisse en quatre jours là où tous les autres ont échoué. Pour convaincre le tribunal, il devrait apporter environ 5 millions d’euros, et il m’a confié aujourd’hui n’en avoir que 10 000. » Le compte à rebours de ce pari fou est lancé. La survie du Racing en dépend.