Platini, l’Europe à ses pieds

Elu mardi à Paris avec un vote par acclamation pour un second mandat à la tête de l’UEFA, Michel Platini peut poursuivre ses chantiers prioritaires : fair-play financier et lutte contre les paris illégaux. Avant de se lancer à la conquête de l’instance suprême du football mondial.

L’enfant de Joeuf a dû se pincer lorsqu’il a vu les 53 membres du Congrès de l’UEFA le reconduire avec un vote par acclamation pour quatre années supplémentaires à la tête de l’instance européenne de football. En présence de son père Aldo et de son épouse Christelle présents sous l’imposante coupole du Grand Palais, à Paris, les yeux embués, Michel Platini a tenu à remercier les présidents des fédérations nationales, mais aussi les sans-grades qui font vivre le ballon rond au quotidien.
A 55 ans, le fil d’immigrés italiens, devenu en 2007 le sixième président de l’UEFA, repart pour quatre ans aux commandes de la plus puissante confédération. Après avoir convaincu ses détracteurs que le « romantisme social » avait droit de cité dans le football moderne, s’attaquant notamment à la sacro-sainte Ligue des champions, le Français va devoir maintenant inscrire son action dans la durée.
Bras armé d’un rééquilibrage au profit des petits clubs, le fairplay financier va entrer en vigueur à partir de la saison 2012/2013. Les clubs devront présenter un bilan comptable équilibré pour prétendre aux compétitions européennes. Sinon, c’est la porte, comme pour Majorque, exclu de la Ligue Europa en 2010. Autre, cheval de bataille, la lutte contre les paris illégaux, dotée depuis 2009 d’un mécanisme passant au peigne fin 29 000 matches européens de 1ère et 2e divisions ainsi que les coupes nationales. Enfin, le triple Ballon d’Or s’est attaqué au marché des transferts de joueurs mineurs. « Un combat difficile », concède-t-il.

Romantisme social

Elu jusqu’en 2015, l’ancien capitaine de l’équipe de France aura le temps de mettre à profit ce second mandat pour préparer l’après UEFA. 250 km seulement séparent Nyon, siège de l’instance européenne, à Zurich qui abrite la FIFA. Son président Sepp Blatter, qui vient d’annoncer à Paris qu’il va se représenter en juin pour un quatrième et ultime mandat, passera alors la main. Les deux hommes sont proches. Platini est par ailleurs vice-président de la FIFA. Le Français a récemment reçu le soutien de Pelé pour briguer la présidence de la FIFA… dès cet été, et devenir le troisième Français après Robert Guérin (1904-1906) et Jules Rimet (1921-1954). Mais réélu à l’UEFA jusqu’en 2015, « Platoche » ne déboulera pas dans les pattes de son ami suisse. Ce n’est juste pas le bon moment pour ce fin politique…

Louis Chenaille (avec S.O.)