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Pourquoi la Chine est le nouvel eldorado des stars du foot

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Si l’Angleterre n’en finit pas de battre des records et d’écraser la concurrence sur le marché des transferts, le mercato hivernal a vu émerger un autre acteur de taille : la Chinese Super League. Le championnat chinois qui, à coups de millions, a attiré quelques figures du football européen comme Ramires ou Jackson Martinez. Décryptage d’un phénomène en pleine croissance.

Une stratégie : dominer le monde

« Chinese Super League » : un nom qui claque pour un championnat qui ambitionne de s’imposer parmi les grands. Une lubie de Xi Jinping au départ, désormais un véritable objectif pour l’Empire du milieu. Le président et secrétaire général du PC chinois souhaite en effet développer le secteur sportif de son pays pour lui faire prendre un poids de plus de 800 milliards de dollars dans le PIB chinois d’ici 2025. Avec au cœur de cette stratégie, la volonté de dominer le sport le plus populaire au monde.

Un programme de développement sur dix ans

Pour parvenir à ses fins, le gouvernement chinois a mis en place un plan de plus de cinquante mesures, en créant notamment 50 000 écoles de football sur dix ans ou en rendant le football obligatoire dans certains établissements scolaires. Ajoutez à cela la demande du président aux grosses entreprises du pays d’investir dans le développement du football chinois. C’est le cas d’Evergrande Real Estate Group et de Taobao, respectivement plus grand promoteur immobilier de Chine continentale et plus important site de vente en ligne, qui ont misé sur le club de Guangzhou Evergrande.

L’explosion des droits TV

A partir de la saison prochaine, la Premier League percevra 2,3 milliards d’euros par an de droits TV, soit 70% de plus que le contrat actuel. La Chine pourrait suivre le même exemple, à une échelle inférieure. L’an dernier, la Chinese Super League ne percevait que 8,2 millions d’euros par an. Elle verra ses revenus passer à 183 millions d’euros cette saison. Encore dérisoire comparé à ce que percevra la Ligue 1 la saison prochaine (748,5 millions) ou la Premier League (2,3 milliards). Mais le chiffre a tout de même été multiplié par… 22 !

Anelka et Drogba ouvrent la voie en 2012

Le goût des footballeurs pour l’exotisme asiatique est né avec Nicolas Anelka, parti gratuitement de Chelsea vers le Shanghai Senshua en janvier 2012, suivi par Didier Drogba six mois plus tard. La CSL a vu d’autres noms plus ou moins prestigieux tenter le « challenge sportif » chinois : Frédéric Kanouté (2012-2013), Lucas Barrios (2012-2013), Seydou Keïta (2012-2014), Guillaume Hoarau (2013-2014), Vagner Love (2013-2015), Alberto Gilardino (2014-2015) ou Robinho (2015-2016). Certains entraîneurs également, à l’instar de Jean Tigana, Alain Perrin, Francis Gillot ou Marcelo Lippi.

Nicolas Anelka
Nicolas Anelka © AFP

Martinez et Ramires comme têtes de gondole

Grâce aux divers fonds d’investissement, les clubs du championnat chinois ont un argument de poids pour convaincre les joueurs de les rejoindre : un salaire conséquent. Même si la plupart des têtes d’affiches ne restent pas longtemps en CSL, elles lui offrent une belle publicité. Une douzaine de grands noms évoluent actuellement en Chine : Paulinho et Jackson Martinez pour le Guangzhou Evergrande, Asamoah Gyan et Elkeson pour Shanghai SIPG, Mohamed Sissoko, Fredy Guarin, Demba Ba, Tim Cahill et Paulo Henrique au Shanghai Greenland Senshua, anciennement entraîné par Francis Gillot, Ramires au Jiangsu Suning ou encore Stéphane Mbia et Gervinho à l’Hebei China Fortune. Sans oublier Luiz Felipe Scolari, actuel entraîneur du Guangzhou Evergrande Taobao FC.

Un niveau de jeu sous-estimé

Un élément reste flou : le niveau de jeu. Passé professionnel en 1994, le championnat chinois est encore jeune comparé aux championnats de France (1932) ou d’Angleterre (1885). Mais pour Francis Gillot, qui a entraîné à Shanghai l’an dernier, le niveau de la CSL n’est pas si mauvais. Certains clubs pourraient même se frotter à quelques pensionnaires de Ligue 1. « Comme dans tous les championnats européens, il y a quatre, cinq équipes au-dessus du lot, détaille l'ancien coach de Bordeaux. Evergrande (1er) serait dans les cinq premiers en France, avec Shanghai SIPG (2e). On dénigre pas mal le niveau du football chinois, mais quand on passe une saison là-bas, on se rend compte que le niveau n’est pas mauvais du tout. Loin de là. »

Prêt à toutes les folies ?

Si les droits TV continuent de flamber chaque année et que le secteur sportif poursuit son expansion (sous le contrôle du président Xi Jinping), la Chinese Super League a tout pour s’imposer parmi les grands championnats. Surtout que le mercato chinois ne s’achève que le 26 février. Et les rumeurs de transferts agitent encore la sphère football. Dernière en date, un salaire mirobolant que proposerait le Jiangsu Suning à Yaya Touré (40 millions d’euros annuels).

J.M