Pourquoi le Groenland, part du Danemark, veut jouer dans la zone Amérique du Nord

Un terrain de football au Groenland, en septembre 2024 - AFP/James Brooks
Près de 5.600 licenciés pour environ 60.000 habitants. Le football est de loin le plus sport le plus populaire du Groenland. Malgré les conditions extrêmes qui règnent sur l’immense territoire situé entre l’Atlantique Nord et l’Arctique, avec de la neige et de la glace une grande partie de l’année, le ballon rond a la cote au sein de la population, qui pratique en salle ou sur des terrains artificiels. A tel point que le Groenland, qui ne fait pas partie des 211 nations affiliées à la Fifa, se mobilise aujourd’hui pour obtenir la reconnaissance de son équipe nationale. Même si elle est liée au royaume du Danemark, la plus grande île du monde est géographiquement plus proche du continent américain. Et depuis plusieurs mois, ses dirigeants ont entrepris des démarches pour être rattachés à la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf).
"Ce n'est pas quelque chose qui s'est fait du jour au lendemain", précise Kenneth Kleist, le président de la fédération groenlandaise, dans des propos rapportés par Marca. "Nous avons préparé la candidature pendant plusieurs années, car nous savions depuis longtemps qu'il y avait certains critères à remplir d'un point de vue organisationnel, structurel et commercial. Lorsque tout cela a été réglé, nous étions prêts. Nous savions depuis des années que c'était le bon endroit pour le Groenland. Géographiquement, c'est plus proche des autres nations, le niveau nous convient très bien et puis l'UEFA est un territoire fermé."
"Nous méritons de jouer des matchs officiels"
En juin dernier, le Groenland a disputé un match amical en Turquie face au Turkménistan, qui s’est soldé par une lourde défaite (5-0). Le précédent remontait à 2013 face aux Bermudes. Ses dirigeants espèrent désormais intégrer la Concacaf, qui comporte notamment 41 membres d’outre-mer, non constitués en tant qu’états et ne faisant pas partie de la Fifa (comme la Guadeloupe ou la Martinique).
"Nous estimons que nous méritons de jouer des matches officiels sous notre propre drapeau, comme tout le monde", appuie Kenneth Keist. "Nous devons fixer de nouvelles ambitions et de nouvelles normes pour le football groenlandais, et c'est le seul moyen d'y parvenir. Cela signifierait beaucoup pour les joueurs, les entraîneurs et les clubs, car ils auraient l'occasion de montrer que notre pays a beaucoup de potentiel. Et je parle ici d'un point de vue culturel, commercial et footballistique."
La volonté du Groenland n’est pas liée à la position de Trump
En revanche, le président de la fédération locale dément agir en raison des récents propos de Donald Trump, réélu président des États-Unis, qui a réitéré son envie d'annexer le Groenland. "À la fédération, nous laissons les politiciens de notre pays mener les discussions. Notre demande et notre dialogue avec la Concacaf durent depuis un certain temps déjà. Nous nous rendrons à Miami le 27 février pour discuter des prochaines étapes, mais cette réunion était prévue avant Noël, elle n'a donc rien à voir avec la situation géopolitique actuelle. Quoi qu'il en soit, le Groenland veut jouer."
Reste à savoir si ces discussions finiront par aboutir. Si c’est le cas, le Groenland devra relever certains défis logistiques pour affronter des équipes situées à plusieurs milliers de kilomètres. La capitale Nuuk dispose d’un aéroport international, mais les déplacements sont parfois difficiles au pays des aurores boréales et du soleil de minuit.