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Arsenal peut-il survivre à une saison sans Ligue des champions ?

Arsène Wenger

Arsène Wenger - -

Mal en point en Premier League et désormais éliminé de la C1, Arsenal survivra-t-il sur le plan économique à une année blanche synonyme d’absence de la grande compétition européenne ? Pascal Perri, consultant économique de RMC Sport, livre sa réponse.

On sait à quel point la Ligue des Champions est non seulement la plus prestigieuse des compétitions mondiales de football de club, mais aussi une source importante de financement des grandes écuries européennes. A la différence d’autres clubs anglais, Arsenal, éliminé par le Bayern Munich en 8es de finale, est une entreprise bien gérée. L’Emirates Stadium fournit chaque saison une recette dite « Match Day » désormais supérieure à 100 millions d’euros. Plus que d’autres, Arsenal a misé sur les recettes guichets de son nouvel édifice et notamment sur le contingent valorisé des places dites « hospitality ». A elles seules, ces places VIP représentent la totalité des recettes de l’ancien Highbury

La part des abonnements, dont le prix varie entre 985 £ et 1955 £ (1 £= 1, 16 euros), est une des plus élevées du championnat anglais. Cette saison, le chiffre d’affaires d’Arsenal est de l’ordre de 450 millions d’euros. La société propriétaire de la marque réalise un bénéfice de 70 millions d’euros, dont la moitié est versée en dividendes aux actionnaires. Mais le plus remarquable dans la gestion du club, c’est sa stratégie d’achat-vente de joueurs. A l’intersaison 2012-2013, le club a vendu pour 50 millions au moment où il ne dépensait que 43 millions d’euros pour s’attacher les services de Giroud, Podolski et Cazorla. Arsenal, club prudent et durable, pourrait survivre à une année d’absence en Ligue des champions. Toutefois, les actionnaires du club sont conscients des limites de leur politique financière en matière de recrutement. Ils auraient décidé d’offrir une enveloppe de 80 millions à Arsène Wenger pour renforcer l’équipe.

Une année blanche mais pas deux

Profitable sur le plan financier, Arsenal a donc les moyens d’affronter une année de vaches maigres. Cependant, la Ligue des champions est une compétition très attractive. Elle polarise les talents rares et attire les meilleurs joueurs. Arsenal doit à son statut et à ses ambitions d’y participer. Le Conseil de gestion peut acheter du temps, mais il devra confirmer ses ambitions auprès de la direction sportive et des supporters. En Angleterre, où l’engouement du public pour le football ne se dément pas, on supporte son club et ses couleurs jusque dans les plus mauvaises années. Mais on n’est pas non plus dépourvu du sens de la contestation.

Le titre de l'encadré ici

Malaga privé d’Europe|||

Qualifié pour les quarts de finale de la Ligue des champions, le club espagnol de Malaga, propriété d’intérêts qataris, a été interdit de toutes compétitions européennes par une décision de l’UEFA pour les quatre prochaines saisons. « On nous prend pour des têtes de Turc, déclarait au mois de février Joaquin Sanchez, un des joueurs du club andalou. On veut faire un exemple, mais ça ne serait pas arrivé à un grand club européen. » L’UEFA  a décidé de sanctionner durement Malaga en raison d’impayés chroniques auprès de ses fournisseurs et surtout auprès des administrations espagnoles. C’est la première fois que l’Union européenne de football dirigée par Michel Platini prononce une exclusion aussi brutale. A défaut de pouvoir sanctionner d’autres investisseurs qataris, plus puissants et plus ambitieux, l’UEFA adresse un signal fort dans la perspective du fair-play financier à tous ceux qui ne respecteraient pas les règles de bonne gouvernance financière. Dans le cas, improbable, où Malaga remporterait cette année la Ligue des champions, le lauréat 2013 serait exclu de cette même compétition la saison suivante.

Pascal Perri - Consultant économique RMC sport