Ferguson, la fin d’une époque

Sir Alex Ferguson - -
Même Wall Street ne s’y attendait pas. A l’ouverture de sa séance, ce mercredi, la bourse de New York a enregistré une baisse de 3,62 % de l’action de Manchester United. Quelques heures plus tôt, à 5000 km du quartier d’affaires de Manhattan, Sir Alex Ferguson officialisait son départ en fin de saison. Une annonce qui a surpris les investisseurs et le monde du ballon rond, malgré les rumeurs parues la veille dans la presse britannique. A 71 ans, le cultissime manager d’United va rendre son tablier. Pour de bon. Après avoir plusieurs fois repoussé l’échéance ces dernières années, l’entraîneur le plus titré d’Angleterre a franchi le pas. « J'ai longuement pensé à cette décision, je ne la prends pas à la légère, c’est le bon moment », a-t-il expliqué dans un communiqué. Même s’il était redouté, son départ va laisser un grand vide à Old Trafford, où une statue à son effigie trône devant le stade et une tribune porte déjà son nom.
Entre « Fergie » et MU, l’histoire est fusionnelle, digne d’une success-story hollywoodienne : un fils d’Ecossais, dont le père travaillait sur les chantiers navals de Glasgow, qui devient le boss de l’un des plus grands clubs du monde. Elle commence le 6 novembre 1986, une date sainte pour les fans d’United. C’est ce jour-là, qu’Alexander Chapman Ferguson – son nom complet – prend en main la destinée des Red Devils. Manchester végète alors dans les bas-fonds du classement et son armoire à trophées, pleine de poussière, attend un nouveau locataire depuis près de 20 ans. Auréolé de ses exploits avec Aberdeen, avec qui il a remporté la Coupe des Coupes en 1983, Ferguson et son accent inaudible débutent par une défaite face à Oxford (2-0). Ce sera l’une de ses rares fausses notes avec United. En l’espace de 26 ans, le génie à lunettes rafle 37 titres, dont treize championnats, deux Ligues des champions, cinq Coupes d’Angleterre et un Mondial des clubs.
Cantona : « Une grande humilité et une grande passion »
Un palmarès et une longévité inédits qui lui valent l’admiration de ses pairs partout dans le monde. « C'est toute l'affaire de sa vie et de sa carrière : gagner », résume ainsi José Mourinho, l’entraîneur du Real Madrid. Une orgie de succès que « Fergie » a notamment bâti grâce à son sens du contact humain. « Il a un don pour gérer les hommes », dit de lui Laurent Blanc, qui l’a côtoyé durant deux saisons (entre 2001 et 2003). Malgré le temps et les changements de mentalité, Sir Alex, anobli par la reine Elisabeth II après un inoubliable triplé en 1999, a toujours su s’adapter. « Quand on a créé des liens et qu’il faut passer à une autre génération, ce n’est pas facile, et pourtant, aucun joueur n’est parti fâché avec lui, confiait Eric Cantona sur RMC en mars dernier. Avant d’être un grand entraîneur, Ferguson est un grand homme avec une grande humilité et une grande passion. »
Une passion qui a parfois fait ressortir son côté volcanique. Le vestiaire d’Old Trafford peut en témoigner. David Beckham aussi. En 2003, lors de la mi-temps d’un match face à Arsenal, le milieu de terrain anglais reçoit une chaussure en plein visage ! Résultat : deux points de suture et un départ dans la foulée. L’épisode, resté célèbre, prouve à quel point Ferguson n’a vécu que pour son club durant toutes ces années. Dénicheur de talents et apôtre d’un football spectaculaire, il a marqué à jamais l’histoire de la Premier League. Et du sport en général.
Des adieux prévus le 19 mai prochain
Marié et père de trois enfants, celui qui va rester dans l’encadrement de United en tant que directeur et ambassadeur, va désormais se consacrer à son autre passion, les courses de chevaux et subir une opération de la hanche programmée en août. Avant cela, il fera ses adieux au public le 19 mai contre West Bromwich, à l’occasion de son 1500e match avec Manchester. Les fans pourront alors pleurer leur guide et ressortir une de ses phrases mythiques : « Mon plus grand défi a été de faire tomber Liverpool (l’ennemi historique d'United, ndlr) de son putain de perchoir ». Une mission largement accomplie.
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