RMC Sport

Manchester City : les raisons d’un échec

Vincent Kompany

Vincent Kompany - AFP

Encore sorti avant les quarts en Ligue des champions, désormais relégué à la quatrième place du classement en Premier League, Manchester City s’enfonce dans une spirale sportive négative malgré d’énormes moyens investis. RMC Sport effectue l’autopsie de l’échec des Citizens.

Un recrutement discutable

Depuis deux saisons, les erreurs de casting se multiplient. Des joueurs pas au niveau escompté ou moins bons qu’on l’espérait. Qui n’aident pas à réaliser l’objectif de régner sur l’Angleterre tout en devenant un grand d’Europe. Dans le lot, et sans être totalement exhaustif, on peut citer Stefan Jovetic, acheté 30 millions d’euros à l’été 2013 et… sorti de la liste des 25 joueurs qualifiés par le club cet hiver en vue des huitièmes de finale de la Ligue des champions (huit buts en championnat depuis son arrivée). On n’oublie pas Fernando, le milieu brésilien arrivé de Porto cet été contre 15 millions d’euros et qui peine à briller, son compère du milieu Fernandinho (décevant par rapport aux 40 millions dépensés en 2013) ou encore Bacary Sagna, signé libre lors du dernier mercato estival mais qui ne s’est pas imposé en latéral droit (neuf matches en Premier League dont huit titularisations) face à la concurrence de Zabaleta. Et comment oublier son compatriote français Eliaquim Mangala, le défenseur le plus cher de l’histoire depuis les … 54 millions d’euros lâchés par Manchester City à Porto cet été ? Un prix que l’international tricolore aligné 18 fois en Premier League cette saison a pour l’instant beaucoup de mal – et c’est un euphémisme – à justifier. En espérant pour les Citizens que Wilfried Bony, l’attaquant ivoirien arrivé de Swansea contre 35 millions cet hiver, ne suive pas la trajectoire de ses camarades précédemment cités…

Des cadres décevants

En Ligue des champions comme en Premier League, impossible de briller sans des cadres solides. Qui font plutôt défaut à City ces derniers mois. En défense, le latéral droit argentin Pablo Zabaleta a perdu de sa superbe depuis son retour du Mondial. Une baisse de régime encore « gentillette » comparée à celle du Belge Vincent Kompany, capitaine et âme de cette équipe qui vit une saison très difficile entre blessures et méforme évidente. Le joueur qui avait mérité le surnom de « Vince the Prince » a comme disparu des radars. Quant à Samir Nasri, que l’on pensait épanoui à Manchester et loin des Bleus, il traverse lui aussi une mauvaise passe. Reste une question : ces joueurs sont-ils véritablement des « top players » permettant de lutter avec les grosses cylindrées européennes ? Pas sûr. L’Ivoirien Yaya Touré, lui, en est un. Mais son influence n’est plus la même. Le garçon est devenu une énigme. Parfois inexistant, souvent frustrant, celui qui avait tant brillé dans la quête du titre la saison dernière – 20 buts en championnat – semble avoir la tête ailleurs. Surtout depuis la fameuse affaire de l’anniversaire « oublié » par City en mai dernier et le décès de son petit frère en juin (il avait accusé le club de ne pas lui avoir permis de lui rendre visite avant le Mondial au Brésil). D’où la multiplication des rumeurs sur son possible départ. Avec le nom PSG qui revient souvent dans la conversation.

Une équipe en manque d’équilibre

Toujours capables de briller devant, notamment grâce au talent de Sergio Agüero (17 buts en championnat), les Citizens affichent la meilleure attaque de Premier League à égalité avec Chelsea avec 63 réalisations. Derrière, c’est plus compliqué. Si elle fait mieux que celles d’Arsenal (32) ou Liverpool (36), la défense de City a déjà encaissé 30 buts cette saison. Moins bien que Chelsea (26), Manchester United (28) ou encore Southampton (22). Une nouvelle preuve, s’il en fallait, du manque d’équilibre du collectif de Manuel Pellegrini. Mal protégée par le très décevant duo Fernando-Fernandinho, l’équipe mancunienne souffre également d’un déséquilibre dans sa défense : City cherche toujours un latéral gauche plus solide et régulier que Gaël Clichy et Aleksandar Kolarov. Manager avant Pellegrini, Roberto Mancini avait gagné ses titres – Cup en 2011, championnat en 2012 – en se basant sur une défense intraitable. Elle ne l’est plus aujourd’hui. Une preuve ? Le meilleur défenseur de City cette saison se nomme… Martin Demichelis. Dans une équipe à la base arrière plus solide, ce ne serait pas le cas.

Des voyages qui coûtent cher

Trois défaites de suite à l’extérieur, à Liverpool, Burnley et Crystal Palace. Quatre si on inclut le huitième de finale retour de Ligue des champions à Barcelone. Une seule victoire sur les sept derniers déplacements toutes compétitions confondues. Ces dernières semaines, le bilan de City loin de ses bases est tout sauf reluisant. Les voyages forment la jeunesse ? Attention, surtout, à ce que l’accumulation de revers ne fabrique pas une sorte de blocage mental. D’autant que les Citizens ont encore un calendrier compliqué sur ce plan. Si quatre de leurs sept derniers matches de Premier League seront disputés à la maison, les trois déplacements ne seront pas coton : à Old Trafford pour le derby contre Manchester United (actuel 3e), à Tottenham (6e) et à Swansea (8e).

Un avenir en pointillés

Le duo Manuel Pellegrini-Txiki Begiristain est-il à la hauteur ? Le premier, ancien entraîneur (entre autres) de River Plate, du Real Madrid, de Villarreal et de Malaga, est venu s’asseoir sur le banc mancunien pour faire passer un cap européen aux Citizens. Le second, ancien de la maison Barça, est devenu directeur technique du club en 2012 avec dans la tête un objectif du même ordre. Mission(s) pour l’instant ratée(s). La dernière élimination en Ligue des champions, contre Barcelone en huitième de finale, a encore montré le gouffre qui sépare City de l’élite européenne. Et les limites de son manager à ce niveau. Contre le Barça, il n’y a pas eu de match. Et la démonstration (2-1 à l’aller, 1-0 au retour) aurait pu tourner à l’humiliation sans un Joe Hart bien inspiré dans ses cages. Cette défaite a fait énormément de mal au club. Au point de mettre en pointillés l’avenir de Pellegrini et/ou Begiristain ? Tout dépendra peut-être de la fin de saison en championnat.

Manuel Pellegrini
Manuel Pellegrini © AFP
A.H. avec P.A. en Angleterre