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Philippe Auclair: "Welcome to the Circus!"

Anthony Martial et Paul Pogba

Anthony Martial et Paul Pogba - AFP

Vous aimez les acrobates, les illusionistes…les clowns? Alors, "welcome to the circus", bienvenue en Premier League!

La roulette marseillaise de Doucuré avec Watford, le jongle de Christian Eriksen sur la ligne de touche à St James’s Park, le numéro de cette andouille d’un auguste nommé Jonjo Shelvey…Nous avons eu droit à la totale ce week-end. Plus Rooney qui marque pour Everton, quatorze ans après, Chelsea qui finit à neuf en jouant mieux à neuf qu’à dix, Olivier Giroud qui joue les US Marines pour la énième fois de sa carrière arsenalienne, Costa et Danny Rose qui se souviennent – assez ironiquement – que les journalistes peuvent servir à quelque chose, tout compte fait, qu’oubliè-je? Des tonnes de choses, sans doute.

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Il s’en est tant passé, des choses étranges, délicieuses, cocasses ou ridicules en cette première journée. C’est du concentré de Premier League que nous avons tartiné sur notre toast. Ça avait plutôt bon goût, d’ailleurs, un de ces goûts de remettez-moi ça le plus vite possible. Il y aura toujours des pisse-vinaigre pour cracher, ou pire, dans la soupe, de ces gens qui s’assoient à la table sans y avoir été conviés, se goinfrent et s’en vont sans laisser le moindre pourboire en se plaignant qu’il n’y avait pas de truffes dans les oeufs brouillés. Tant pis pour eux.

La PL, le meilleur championnat du monde? Je m'en fiche éperdument

Moi qui souhaitais consacrer cette première chronique de la saison à un sujet des plus sérieux, à savoir toutes les âneries que je lis et entends sur la ‘folie’ du marché des transferts en Angleterre (et ailleurs) et le fair-play financier (Dieu sait qu’il y a de quoi s’épancher sur le sujet), me voilà court-circuité, comme Pablo Zabaleta voyant Anthony Martial remplacer Marcus Rashford et se disant comme le malheureux Damiens, ‘la journée sera rude’. On laissera les chiffres de côté pour cette fois, c’est entendu.

Le pseudo-débat qui se donne pour titre ‘quel est le meilleur championnat du monde?’ a été relancé par quelques défenseurs de chapelle. En ce qui me concerne, après une telle première journée, je m’en fiche éperdument. Il n’a de toute façon pas le moindre sens, il n’en a jamais vraiment eu. Autant je comprends qu’on soit supporter d’un club, ce que je suis d’ailleurs, sans m’en être jamais caché (*) autant je peine à imaginer qu’on soit supporter de…d’un championnat, vraiment?

Si on arrêtait de juger pour le plaisir de démolir les autres

Une chose est claire à mes yeux, cependant. Quand je vois les buts que Liverpool et Arsenal ont encaissé ce week-end, je ne vais pas me dresser sur mes ergots et gonfler ma poitrine pour hurler au génie. Même s’il y avait quelque chose de génial – une touche, seulement, n’en rajoutons pas – dans le finish de Sadio Mané et la tête de Giroud lors de ces deux matchs. Alors, si on arrêtait de juger pour le plaisir de démolir les autres, de chercher la petite bête quand on a un magnifique animal devant soi? Un lion a ses puces, après tout.

Le football d’aujourd’hui nous donne tant de raisons que nous soyions dégoûtés de lui que nous devrions célébrer ces imperfections qui lui donnent un souffle de vie. La Premier League a d’innombrables défauts, c’est entendu. Elle piétine en Europe, encore que son indice UEFA n’aie rien de ridicule, et qu’elle puisse placer un Leicester mode gueule-de-bois en quarts de la Ligue des Champions. Tant mieux pour les autres, qu’ils en profitent!

Le plaisir, la joie, même, ont bien plus de couleurs qu’un arc-en-ciel

Mais est-ce ça qui nous a tous donné l’envie d’aller au stade, de beugler comme des imbéciles devant un spectacle ô combien perfectible, mais tellement passionnant? On a le droit d’adorer Les Tontons Flingueurs sans d’ôter celui de pleurer en regardant le Ida  de Pawel Pavlikovski, de chanter un refrain bubblegum à la noix avant de remettre Pet Sounds pour la millionième fois. Le plaisir, la joie, même, ont bien plus de couleurs qu’un arc-en-ciel. Saisissons-les.

Alors, bienvenue au cirque, welcome to the circus, welcome to the Premier League, et rendez-vous sous le chapiteau samedi prochain.

(*) Pour les curieux, en France, le HAC; on est un 76 ou on ne l’est pas. En Angleterre, Arsenal, depuis toujours. En Allemagne, du Werder, dont l’annonceur est un ami de très longue date. En Espagne? Je suis socio du Real Oviedo, à hauteur de 50 euros, un coup de coeur qui fut d’ailleurs récompensé par la montée en Segunda.

Philippe Auclair