Premier League : pourquoi Liverpool et Manchester United se détestent autant

- - AFP
Plus qu’un derby
Une cinquantaine de kilomètres séparent Liverpool et Manchester. Sur le plan géographique, c’est donc un derby. Mais en réalité, c’est bien plus que ça. C’est le match le plus chaud de l’année outre-Manche. Et de loin. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle « The Derby of England ». La rencontre entre les deux clubs les plus populaires et les plus titrés du royaume. Celle qui passionne toute la planète foot, bien plus que les Liverpool-Everton ou les United-City. Une rivalité qui dépasse largement le cadre du terrain et rythme la vie des deux voisines. Mais d’où vient cette haine si profonde entre Reds et Red Devils ? Pour la comprendre, il faut remonter un peu le temps. Jusqu’à la fin du XIXe siècle…
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Le canal de la discorde
A l’époque, Liverpool est le grand port du pays. L’un des plus importants d’Europe, grâce notamment au commerce du coton. Manchester, qui ne dispose pas d’un accès direct à la mer, voit ses ateliers de production se multiplier en pleine révolution industrielle. Entre les deux partenaires, la relation est simple : Manchester fournit la marchandise, Liverpool l’exporte, avec une belle taxe au passage. Pour économiser ces frais portuaires, les fabricants mancuniens inaugurent en 1894 le « Manchester Ship Canal », un axe fluvial qui les relie directement à Salford. Sans passer par Liverpool. Un acte d’indépendance qui marque le début d’une longue animosité…
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La punchline de Ferguson
La rivalité économique entre Liverpool et Manchester a mis un peu de temps à se traduire sur le terrain du football. Il faut attendre les années 1960 pour trouver ses premières traces. Les Reds trônent alors sur l’Angleterre et MU ne représente pas vraiment un rival sérieux. Mais l'arrivée de Bill Shankly, le mythique manager de Liverpool, et la montée du hooliganisme vont envenimer les relations. C’est à cette période, en 1964, que Phil Chisnall est transféré d’Old Trafford à Anfield, pour ce qui reste à ce jour le dernier transfert entre les deux clubs.
Vingt ans plus tard, l’arrivée d’Alex Ferguson, futur « Sir », fait basculer les deux peuples rouges dans la haine. En prenant la tête des Red Devils en 1986, le manager écossais annonce d’entrée : « On va faire descendre Liverpool de son putain de perchoir ». Une punchline légendaire lâchée alors que son club compte neuf titres de retard sur son rival. Le gouffre sera comblé en moins de trente ans. Lorsque Ferguson s’en va en 2013, United affiche 20 championnats dans son armoire à trophées. Deux de plus que les Reds, qui se consolent avec leurs 5 Ligue des champions (contre 3 à MU). De quoi installer durablement les tensions.
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L’héritage de cette rivalité
Anfiled s’apprête à trembler. Liverpool reçoit ce lundi Manchester United en clôture de la 8e journée de Premier League (21h sur SFR Sport 1 et en clair sur Numero 23). Le premier derby de la saison. Un événement, comme à chaque fois. Un match particulier pour les deux vestiaires, que certains vont découvrir comme Zlatan Ibrahimovic ou Paul Pogba. Wayne Rooney, l’enfant de Liverpool, fan d’Everton et biberonné au rejet des Reds, le regardera peut-être du banc. Il entendra alors les supporters des deux camps lancer des chants en mémoire des drames qui ont touché leurs ennemis. Le crash de Munich, qui a coûté la vie à sept joueurs de Manchester en 1958, et la tragédie d’Hillsborough, fatal à 96 supporters de Liverpool en 1989. Dur. Borderline même. Comme la passion qui entoure aujourd’hui ces rencontres pas comme les autres.