Tottenham: débuts prometteurs mais fin chaotique, quel bilan avait laissé Conte à Chelsea

Quand il quitte Chelsea un peu avant le sacre des Bleus au Mondial 2018, Tottenham n’a pas encore déménagé vers son Tottenham Hotspur Stadium mais joue à Wembley, la dernière enceinte foulée par Antonio Conte outre-Manche. L’Italien y avait bouclé un douloureux exercice 2017/18 sur une note positive. Une victoire contre Manchester United en finale de FA Cup grâce à Eden Hazard (1-0). Comme à l’Inter (2019-2021), l’idylle avec les Blues aura également duré deux ans. Et pourtant les débuts étaient prometteurs...
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Été 2016. Amputée de Marco Verratti et dotée de ce qui était sans doute la plus faible attaque de son histoire (désolé pour Zaza, Eder, Pelle…), l’Italie surclasse l’Espagne en 8e de finale de l’Euro au Stade de France. Une démonstration de force collective, une bataille tactique remportée par un bouillant Antonio Conte. L’Italien s’agite, vit le match à fond, transmet sa rage aux Azzurri vainqueurs 2-0 de la Roja. La belle histoire s’arrête au tour suivant à Bordeaux face à l’Allemagne. À l’issue d’une séance de tirs au but marquée par une course d’élan improbable de Simone Zaza… suivie d’un échec. Mais cette Squadra Azzurra est saluée par les observateurs.
Conte s’en va avec les lauriers. Et un contrat déjà signé depuis quelques semaines avec Chelsea. Les premiers pas anglais de l’ancien tacticien de la Juve sont pourtant très empruntés. Chelsea débute assez mal son championnat (3 victoires en six matches) et se prend une gifle à Arsenal. Deux buts encaissés en quinze minutes et un emballage final signé Mesut Özil avant la fin de la première période. Conte subit sa première – et seule - humiliation de la saison (3-0). Car la saison des Blues bascule après ce naufrage à l’Emirates Stadium. Conte passe d’un 4-2-3-1 à un 3-4-3. Et Chelsea trouve la bonne carburation. 13 victoires d’affilées en championnat – malgré une élimination en Carabao Cup contre West Ham – et des succès marquants : 4-0 contre le Manchester United de Mourinho qui l’aura mauvaise en après-match, 1-3 sur la pelouse du Manchester City de Pep Guardiola bizuth en Premier League comme l’Italien.
Sans Coupe d’Europe à jouer, le club londonien est intraitable sur la scène nationale. Un Courtois et une défense solides, des pistons en feu (Marcos Alonso, Moses), un Kanté monstrueux, un Hazard exceptionnel et un Diego Costa létal permettent aux Blues d’être sacrés logiquement avec 30 victoires et seulement 5 défaites. Malgré une fausse note et un revers en finale de Cup contre Arsenal (2-1), la première saison de Conte est unanimement saluée en Angleterre. On ne pourra pas en dire autant de la seconde…
Un mercato 2017 symbole de l’échec
Le mercato 2017 va constituer un gros point de bascule dans l’histoire entre Antonio Conte et Chelsea. L’Italien voulait en priorité Romelu Lukaku – qu’il finira par récupérer à l’Inter beaucoup plus tard - mais le Belge (25 buts avec Everton) choisira Manchester United et José Mourinho. Chelsea se rabat sur son plan B nommé Alvaro Morata. "Ce n’est pas important de dire si Lukaku ou Morata était mon premier choix. Les deux joueurs étaient des premiers choix pour des clubs comme Manchester United ou Chelsea. Pour moi, Lukaku et Morata ont le même niveau" se défendait l’ex-sélectionneur de la Nazionale.
Les dirigeants cassent la tirelire. 75 M€ (un record à l’époque) investis pour l’Espagnol qui ne sera pas à la hauteur malgré des débuts intéressants (seulement 11 buts marqués en championnat en 2017/18). L’Italien va aussi manquer de tact avec Diego Costa, homme clé du titre en Premier League. Il l’avertira qu’il ne compte plus sur lui par… texto. L’attaquant espagnol finira par réclamer un départ à l’Atlético, son ancienne maison. Impossible car les Colchoneros sont interdits de recrutement. Devant cet obstacle, Costa s’entraînera plusieurs mois en marge du groupe.
En parallèle, la tour de contrôle Nemanja Matic quitte aussi Londres, direction MU. Il est remplacé par Tiémoué Bakayoko étincelant avec Monaco. Mais l’actuel Milanais ne s’est jamais imposé chez les Blues enchaînant les prêts (Milan, Naples, Monaco) et disputant seulement 43 matches. Le technicien transalpin digère très mal ce mercato estival. Et ce ne sont pas les arrivées de Danny Drinkwater et Davide Zappacosta qui vont être de nature à le rassurer.
Conte sait gagner mais à quel prix ?
Les plaintes par rapport au mercato sont d’ailleurs un fil conducteur de la deuxième saison de Conte chez les Blues. Chelsea se fait – encore – devancer par Manchester United pour Alexis Sanchez en janvier 2018. "Dans le passé, je n’ai jamais eu ce que je voulais", "J’ai beaucoup d’ambitions mais je n’ai pas d’argent à dépenser avec Chelsea"… Morceaux choisis d’un manager lassé par un exercice chaotique. Les Blues terminent seulement cinquièmes à 30 points de l’incontestable champion, Manchester City. Éliminés en 8e de finale de Ligue des champions. Éliminés en 8e de finale de Carabao Cup… les coéquipiers de Cesar Azpilicueta sauvent les apparences en finale de Cup face à Manchester United (1-0), leur bourreau des derniers mercatos.
Une petite revanche qui ne changera pas le constat de fond et la décision des dirigeants londoniens : le divorce est consommé et Conte quitte le club après deux saisons et deux trophées glanés. L’impression générale ressemble à s’y méprendre à son passage à l’Inter : ses méthodes, sa communication parfois (trop ?) offensive peuvent lasser joueurs comme dirigeants et très vite amplifier des tensions qui rejaillissent sur le rectangle vert. En parallèle de ce constat, l’Italien a aussi prouvé qu’il avait la recette pour gagner partout où il est passé (5 titres de champion avec la Juventus, Chelsea et l’Inter). Tottenham qui court après un titre depuis 2008 se contenterait sans doute bien volontiers de cette dernière facette.