Wenger : "Il faut qu’Henry apprenne le métier de manager"

Thierry Henry et Arsène Wenger (Arsenal) - AFP
Arsène Wenger, la réussite de Thierry Henry n’a-t-elle pas assis votre crédibilité en Angleterre, notamment au sujet du recrutement de joueurs français ?
Le premier qui m’a donné de la crédibilité, c’est Patrick Vieira. Thierry Henry l’a soignée avec brio. Il a terminé le travail.
Il n’a pas la même reconnaissance en France qu’en Angleterre…
Je ne le comprends pas. N’oublions pas qu’il est parti très jeune à la Juventus. Après, il a fait toute sa carrière à l’étranger. En Angleterre, on honore plus l’histoire qu’en France. Les clubs ont une forme de tradition et de respect des valeurs supérieures à celles de la France. En plus, Thierry Henry jouait en même temps que Zidane. Zidane a phagocyté toute l’attention et l’admiration, même quand Thierry Henry était au plus haut. Au championnat d’Europe, en 2000, quand la France a gagné, le joueur top, c’est Thierry Henry.
Peut-il devenir votre successeur à Arsenal ?
Pourquoi pas. Je suis plutôt en fin de carrière. C’est un vrai sacerdoce de vie. Il a l’intelligence, la compétence. Il faut qu’il apprenne le métier, en ayant la responsabilité d’une équipe. Il faut qu’il choisisse. Il faut qu’il soit sur le terrain, avec les joueurs. Faire travailler les centres, les frappes et voir si ça lui plait.
Pourriez-vous l’intégrer dans votre staff dans les mois à venir ?
J’ai déjà un gros staff. Il faut apprendre son métier en ayant la responsabilité de son équipe. C’est comme ça que l’on apprend.
Vous avez traversé une petite tempête avec les critiques des supporters et même de certains actionnaires…
Le calme est revenu. C’était une petite minorité. Aujourd’hui, c’est un tribunal permanent. De temps en temps, il y a des tempêtes.
Ne rêviez-vous pas secrètement de rencontrer l’AS Monaco en 8es de finale de la Ligue des champions ?
S’il y a le choix avec le Real Madrid, il vaut mieux Monaco. Et Monaco dira pareil entre le Real Madrid et Arsenal. C’est un match ouvert où on a nos chances. Notre désavantage est qu’on disputera le match retour à Monaco. C’est ouvert. Je les ai vus à Lyon (en 8es de finale de la Coupe de la Ligue, ndlr), ils sont très durs à jouer.
Mais offensivement, vous avez beaucoup d’arguments…
Oui, on est beaucoup porté vers l’avant. Notre déséquilibre est plus défensif. On se met en danger souvent. On n’a pas trouvé, cette année, l’équilibre offensif-défensif. Mais ça va peut-être convenir à Monaco si on n’est pas très efficace.
Vous allez faire votre retour au stade Louis-II. Cela vous fait-il quelque chose ou la page est-elle tournée ?
On n’oublie jamais. Je suis vraiment reconnaissant envers l’AS Monaco. C’est le premier grand club qui m’a donné une chance dans ma vie (1987-1994). J’avais 37 ans. Ce n’était pas évident. Je venais de Nancy. J’ai passé des années exceptionnelles à Monaco. On avait toujours une bonne équipe. Je garde d’excellents souvenirs de Monaco, donc ça me fait quelque chose évidemment.
Quelle image avez-vous de cette équipe ?
Elle est très accrocheuse dans les phases défensives et très rapide en contre-attaque, dans les phases de transition. Ça veut dire qu’elle dépendra beaucoup de son niveau physique. Actuellement, physiquement, elle est vraiment au top. Contre Lyon, ils m’ont vraiment impressionné, notamment Ferreira-Carrasco quand il est entré. Il a été vraiment impressionnant.
Vous avez de nombreux joueurs blessés…
On n’a pas été verni, car c’est une année post-Coupe du monde. En plus, ce sont surtout des blessures aux genoux ou aux chevilles. Ce ne sont pas des blessures musculaires. Ce ne sont pas des accidents.
Vous affrontez Liverpool dimanche. On imagine que vous y allez pour gagner ?
Oui, on a perdu beaucoup de points. On n’a perdu que trois fois mais on a fait beaucoup de matches nuls. Donc on est très loin. On ne plus se permettre de gâcher des points, surtout dans la période de Noël. Il faut qu’on sorte avec le nez dans les quatre premiers au mois de janvier, sinon ça va être dur.
Quel regard portez-vous sur l’OM de Marcelo Bielsa ?
Je le suis avec intérêt. Il a sa manière à lui, sa personnalité. Il a du charisme, des résultats. Je le suivais déjà à l’Athletic Bilbao. Ça va être intéressant cette année car il a amené un plus à cette équipe. Il a amené la foi. On a l’impression qu’il ne doute pas de ce qu’il fait et qu’il arrive à transmettre cette foi à ses joueurs.
Et que pensez-vous des difficultés rencontrées par le PSG ?
Le PSG est sorti d’une année où il a été champion et les joueurs étaient ensuite à la Coupe du monde. Tu ne revois pas tes joueurs, quand ils ont connu l’expérience qu’ont connue les Brésiliens, avant le mois de novembre. Il ne faut pas les enterrer trop tôt. C’est une équipe qui peut revenir. Elle en a le potentiel. En ce moment, elle ne joue pas sur le rythme collectif qu’elle avait l’an dernier. Ils vont le retrouver. Ils sont en train de se remettre en question parce qu’ils ont pensé que le championnat, ça allait de soi. Mais ça ne va jamais de soi dans le football.